L'analyse du scrutin des élections départementales en Bretagne

Thomas Frinault, politologue, revient sur le scrutin des élections départementales, et notamment la bascule historique des Côtes d'Armor à droite. Mais l'UMP-UDI n'a pas que des motifs de satisfaction, et ne fait pas la percée espérée dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine.

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Dans les Côtes d'Armor, un chiffre marque ce matin Thomas Frinault, politologue: c'est celui du vote blanc ou nul. Il est autour de 10%, ce qui est élevé. L'une des clés de cette bascule historique des Côtes d'Armor réside en effet dans une démobilisation de l'électorat de gauche, tandis qu'à droite, l'UMP profitait d'un bon report des voix du FN.


Lire: Départementales : bascule à droite historique des Côtes d'Armor

Thomas Frinault, politologue

En Ille-et-Vilaine, comme dans le Finistère, la droite s'engageait dans ce 2ème tour "avec une forme de résignation" selon Thomas Frinault. Si quelques semaines avant le scrutin tour elle pouvait compter sur un contexte national favorable pour espérer une bascule de l'un ou l'autre de ces départements, les espoirs ont été déçus au soir du 1er tour. Dans le Finistère comme en Ille-et-Vilaine, "le socle urbain de Brest et Rennes, et la modification des règles du scrutin, ont joué leur rôle", c'est à dire profiter d'un réservoir de voix "traditionnellement à gauche".

C'est particulièrement vrai pour la Métropole Rennaise, où, comme à Nantes, le "socle urbain" a permis aux majorités sortantes de conserver le département. Le Front National a moins joué de rôle en Ille-Vilaine que dans les Côtes d'Armor, alors que paradoxalement il était beaucoup plus présent.  Mais dans les cinq cantons dans lequel il s'était maintenu, "il n'y avait aucune surprise" explique Thomas Frinault, "trois étaient dévolus à la droite, deux à la gauche". 

A Rennes, on peut parler d'un tempérament politique, c'est à dire une mentalité ancrée à gauche, sur une longue durée

Le Morbihan, enfin, confirme qu'il faudrait "un contexte national très défavorable à la droite pour qu'elle y perde du terrain."  Les "événements" sont d'avantage locaux, comme le canton de Gourin, remporté par un binôme régionaliste, ou celui de Lanester, où la gauche s'est effondrée. Quand à l'électorat du Front National dans la Morbihan, son importance n'est pas une surprise, et de plus "il n'est pas homogène", il y a le vote FN "rural", mais aussi celui d'"une droite conservatrice et bourgeoise".


Le Front National n'est "pas dans une terre de prédilection"

Le Front National a présenté des binomes dans tous les cantons. Le parti de Marine Le Pen a augmenté son score par rapport aux précédents scrutins départementaux, mais aussi par rapport aux élections européennes de l'année dernière, "ce qui n'est pas observé dans l'ensemble des régions françaises". Une progression qui se fait également grâce au vote FN dans les villes.
Thomas Frinault, politologue
La Bretagne n'est donc plus pour le FN une "terre de mission", mais elle n'est pas pour autant une "terre de prédilection" , avec à l'issue du second tour des résultats qui ne sont pas à la hauteur des attentes. Le chef de file en Bretagne, Gilles Pennelle, a même été battu dès le 1er tour dans son canton de Fougères. 

Il faudra compter toutefois sur la présence "à coup sûr" du Front National au second tour des prochaines élections régionales, "ce qui rendra ces élections compliquées pour la droite".
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