LITTORAL. Falaises, plages, logement... l'érosion de nos côtes est-elle inéluctable ?

Tempêtes hivernales, hausse de la population à proximité des rivages : ces phénomènes intensifient les vulnérabilités du littoral breton. Les zones basses sont les plus exposées aux risques côtiers d'érosion et submersion. De l'endommagement des bâtiments situés en bord de mer à la perte d'un patrimoine naturel unique, les enjeux sont nombreux.

Avec ses 2 470 kms de côte, la Bretagne représente un tiers du linéaire côtier métropolitain. Son littoral, varié, abrite de nombreux écosystèmes aujourd'hui menacés par l'érosion.

Entourée par trois façades maritimes, la Bretagne est particulièrement concernée par les phénomènes d'érosion.

Deux tendances majeures

L’une est la tendance au  recul du trait de côte vers l’intérieur des terres . L’autre est un rapprochement des populations littorales vers la ligne de rivage. Depuis la fin du XIXe siècle, « la zone tampon » de quelques kilomètres, autrefois conservée entre les anciens bourgs et le trait de côte, s’est progressivement réduite .

A l'horizon 2100, plusieurs dizaines de milliers de logements sur le littoral français seront soumis à l'érosion. En Bretagne, les zones rocheuses comme les falaises vont s'éroder moins vite, mais il faut surveiller le phénomène à l'échelle de chaque territoire et de sa géomorphologie.

Sébastien Dupray, Direction technique risques eaux et mer Cerema

Les constructions se sont rapprochées au plus près du trait de côte (par nature mouvant) pour profiter de la mer, la population y est plus nombreuse.

Quant à l’érosion, c’est un phénomène  avant tout naturel  que les activités humaines de ces dernières décennies  n’ont fait que renforcer , que ce soit par les divers aménagements côtiers perturbant le transit naturel des sédiments, ou par le changement climatique à l’origine de  l’élévation du niveau des océans .

Ces deux dynamiques convergentes entraînent aujourd’hui des risques pour certains secteurs du littoral breton.

  • 36,7 % C’est la part de la population régionale vivant sur le littoral en Bretagne en 2017
  • 239 hab/km2 C’est la densité de population des communes littorales bretonnes. Deux fois plus que  la densité moyenne régionale.
  • 10% C'est le recul du trait de côte dans nos 4 départements bretons.(source Cerema- Climat et territoires de demain)

Principale menace : les tempêtes

Selon l'Observatoire de l'environnement en Bretagne, l'érosion et la subversion marine sont généralement engendrées par des vents forts ou des tempêtes, associés à des conditions de mer propices à la surélévation de l'eau (haute mer, surcote, houle).

En Bretagne ces évènements météo-marins se produisent surtout  au cours de l’automne et de l’hiver . Chaque année, des évènements tempétueux rappellent la vulnérabilité des côtes bretonnes. La tempête Johanna du 10 mars 2008 a marqué les esprits par la violence des impacts engendrés (inondation, endommagements d’ouvrages côtiers, forte érosion de dunes et falaises, etc.). 

Selon le dernier rapport du Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ampleurs et aggravations des tempêtes sur le littoral se profilent. Au 20eme siècle, il y avait une probabilité sur 100 pour qu'elles se produisent. Au 21 siècle, c'est 1 sur 10 !

Sébastien Dupray, Direction technique risques eaux et Mer-Cerema

EROSION ET SUBMERSION MARINE

La plus grande partie des aléas recensés en Bretagne concernent  l’érosion et l’endommagement de rivages artificiels   (structures de défense du trait de côte, digues, bâtiments),  l’érosion de rivages naturels   (perte de sable sur les plages, effondrement de falaises), et les  submersions marines .

Les littoraux bas, appelés « zones basses »,  sont les plus exposés aux aléas érosion et submersion marine

La pointe bretonne et le littoral breton méridional sont directement exposés aux tempêtes et aux houles venant de l’Atlantique et du Golfe de Gascogne, alors que la côte Nord de la Bretagne bénéficie d’une situation un peu plus abritée. En Ille-et-Vilaine, Saint-Malo et la baie du Mont-Saint-Michel sont très concernés.

Les communes les plus impactées par des dégâts littoraux possèdent généralement un long linéaire côtier constitué essentiellement de cordons littoraux sableux ou de galets, par exemple le site du Dossen sur la commune de Santec (29)  ou la plage du Verger sur la commune de Cancale (35).

Les falaises épargnées

Les côtes rocheuses ou à falaises sont les moins touchées. Les falaises de Belle-Île, la côte nord du cap Sizun, la pointe Saint-Mathieu, le cap Fréhel et la pointe du Grouin sont ainsi relativement épargnées.

Enfin, certaines villes sur des estuaires sont régulièrement inondées (Quimper, Châteaulin, Landerneau, Auray, Quimperlé, voire Lannion et Tréguier…), du fait d’une concomitance crue-submersion : les tempêtes génèrent un fort niveau marin, donc la rivière, souvent gonflée par les précipitations associées, déborde parfois dans des villes situées en arrière-pays.

Milieux naturels protégés mais fragiles

Marais maritimes, dunes, cordons de sables et de galets, rias et abers : la géomorphologique du littoral breton est faite d' une alternance de roches dures et tendres. 

Un exemple : Le sillon de Talbert (Côtes-d'Armor): une curiosité géologique fragile

Des milieux naturels fragiles qui font aujourd'hui l'objet de plusieurs mesures de protection ou de conservation (Conservatoire du littoral, Réserves Naturelles Régionales, Parcs naturels littoraux) .

Mais un recul du trait de côte peut avoir des conséquences lourdes sur ses sites : salinisation des sols ou disparition d'une végétation endémique .

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