En novembre 2021, le gouvernement présentait son Plan de prévention du mal-être en agriculture. Le secteur reste tristement celui qui connait le plus de suicides, presque deux par jour en France. La lutte s’organise contre ce mal être. Près de 3 000 sentinelles ont été formées pour détecter et prévenir les passages à l’acte.
"Le plus dur, c’est détecter, confie Olivier Damaisin. L’ancien député est devenu coordinateur du Plan de prévention du mal-être en agriculture. Quand un agriculteur ne va pas bien, il va se renfermer chez lui, et plus personne n’a de nouvelles. On ne sait pas ce qui lui arrive."
529 suicides d’agriculteurs en France en 2016
L’agriculture reste le métier qui connait le plus fort taux de suicide. La pression financière, les contraintes administratives et la charge de travail pèsent lourd quand on est seul sur sa ferme, sans personne à qui avouer ses problèmes.
Les agriculteurs le disent tous, il est terrible de reconnaitre que l’on n’y arrive pas, surtout quand la ferme a nourri des générations avant soi. Alors, parfois, certains passent à l’acte.
Selon la Mutualité sociale agricole, "la population agricole compte un risque de suicide supérieur de 43,2 % par rapport aux assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale."
Et malheureusement, le plus souvent, les tentatives de suicide aboutissent. Dans les fermes, les agriculteurs ont tout sous la main, des fusils, des cordes, les médicaments de leurs animaux.
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Écouter pour éviter le pire
"Parfois, le simple fait de discuter avec un voisin, cela peut aider", a constaté Olivier Damaisin. Petit à petit, un maillage doit se tisser pour que les agriculteurs trouvent une oreille à qui se confier.
Le plan interministériel veut prévenir avec la mise en place de "Sentinelles" sur tout le territoire. À ce jour, 2 854 ont été formées, dont 750 salariés de la MSA. Ce sont des volontaires, salariés d’organismes professionnels, anciens exploitants, élus qui ont pour rôle de repérer au plus vite des agriculteurs et salariés agricoles en situation de fragilité.
L’objectif du plan est d’atteindre les 5 000 Sentinelles d’ici fin 2023 en France.
Le plan mal-être prévoit aussi des actions d’échange et d’accompagnement pour faire face à l’épuisement ou au burn out. Dans un contexte économique difficile ou la tentation est de produire plus et où l’épuisement guette.
La MSA a mis en place un numéro national Agri’écoute. Au 09 69 39 29 19, des psychologues se relaient 24 heures/sur 24 et 7 jours 7.
Depuis 1992, l’association Solidarité paysan soutient les agriculteurs en difficultés, en écoutant, se déplaçant sur les exploitations et en conseillant. En Bretagne, elle accompagne 350 familles par an.