Les producteurs de légumes ont du s'adapter à la crise sanitaire. Ils attendent de retrouver rapidement la main d'oeuvre étrangère essentielle à leur activité.
La journée a beau être fériée, Jean-François Berthelot est quand même à pied d'oeuvre : "la Nature n'attend pas", explique ce maraîcher établi sur une exploitation de 120 hectares à Beauvoir, dans la Manche.
Comme la plupart de ses confrères, la moitié des salariés qu'il emploie sont originaires de l'étranger.
Un coiffeur et une esthéticienne...
Durant le confinement, il a vu venir à lui des profils plus locaux : "J'ai eu l'occasion de croiser sur l'exploitation un coiffeur, une esthéticienne... des gens qui ne pouvaient plus exercer et qui allaient un jour ou l'autre devoir faire face à leurs charges".
Le coup de main réciproque a fonctionné à plein surtout dans le premier mois de confinement.
Même analyse chez Michel Carré, lui aussi maraîcher dans la baie, qui a du s'adapter à la crise et à la récolte qui n'attend pas.
"Il y a quinze jours, c'était encore tendu.... maintenant j'ai l'impression que les choses sont en passe de s'arranger. Et puis, nous avons eu de la chance d'avoir des travailleurs étrangers qui sont arrivés avec un peu d'avance pour les plantations... le confinement nous a permis de les conserver près de nous".
Saisonniers étrangers : une main d'oeuvre plus chère
Il n'en demeure pas moins que l'ensemble de la profession plaide pour des échanges plus fluides aux frontières.
"Il faut savoir que si nous avons autant recours à des travailleurs qui viennent des pays de l'Est ou de l'hémisphère Sud.... c'est que nous subissons la concurrence du tourisme et de la restauration qui ont les faveurs des travailleurs locaux. L'activité agricole est souvent considérée par beaucoup de français comme étant trop pénible, trop exposée aux aléas climatiques", explique Bernard Guillard, président de l'organisation des producteurs Agrial.
"Et quant à ceux qui pensent que c'est une solution qui s'impose d'abord par soucis d'économie, je tord d'emblée le cou à une idée reçue. Nous devons assurer le logement et les frais de transport et tous les salariés sont payés sur la base du smic français et les heures supplémentaires sont bien entendu payées", ajoute-t-il.
Bernard Guillard, maraîcher lui aussi, est d'avantage inquiet quant au débouché de la production : "Si les deux tiers de nos produits sont absorbés par la grande distribution, il n'en demeure pas moins que la restauration représente aussi une part conséquente de nos volumes... et pour le moment ce secteur est à l'arrêt complet".
Les travailleurs de l'espace Schengen
à nouveau autorisés à venir en France
Le ministre de l'agriculture, Didier Guillaume, semble avoir entendu les besoins de la profession et offre aux travailleurs de l'espace Schengen la possibilité de venir à nouveau en France.
Mais la question ne connaît semble t-il pas les mêmes arbitrages d'un pays à l'autre. Ainsi les saisonniers espagnols espérés dans le Vaucluse sont retenus aux frontières.
Il faudra patienter encore quelques semaines pour que l'Europe parle d'une même voix.