Des masques fabriqués dans les Côtes d'Armor d'ici la fin de l'année, "le projet est sur les rails"

L'usine de masques de Plaintel renaîtra-t-elle de ses cendres dans la commune voisine de Ploufragan? Une question à laquelle répond oui, l'homme d'affaires libano-suisse Abdallah Chatila. Il est venu dans les Côtes d'Armor pour finaliser le projet avec les élus locaux.

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Il a profité du premier jour du déconfinement pour venir en Bretagne. Plus précisément à Ploufragan, tout près de Saint-Brieuc. C'est là qu'il compte investir de 15 à 20 millions d'euros pour démarrer une usine de productions de masques. 

Lui, c'est Abdallah Chatila, 46 ans, un homme d'affaires libano-suisse qui a fait fortune dans les diamants et l'immobilier. Aujourd'hui il figure parmi les 300 plus grosses fortunes de Suisse. 
 


S'il a fait le déplacement dans les Côtes d'Armor, c'est parce que selon lui, "il faut aller vite". Concrètement, cela veut dire un investissement de 15 à 20 millions d'euros, avec l'embauche de 100 à 200 salariés pour fabriquer dans un premier temps 200 à 250 millions de masques. Avec l'ambition de démarrer la production au plus tard au premier trimestre de 2021, mais "sans doute au dernier trimestre de cette année"
 



C'est le week-end du 25 avril que l'homme d'affaires libano-suisse est entré dans l'histoire.
Joachim Son-Forget, le député des Français de Suisse et du Luxembourg, met en relation Marc Le Fur, le député LR des Côtes d'Armor, avec l'homme d'affaires qui envisage de créer une usine dans son pays, au vu des difficultés d'approvisionnement. Il est alors convaincu de l'intérêt de relancer l'usine de masques de Plaintel, fermée en 2018. "Quand j'ai vu qu'il s'agissait d'un site d'Honeywell, j'ai su qu'il y avait forcément encore des compétences sur le terrain." Il a donc voulu en savoir plus.
 

Le tour du propriétaire


Ce lundi 11 mai, Abdallah Chatila est venu rencontrer les élus locaux, mais aussi visiter le site, afin de vérifier qu'il correspond bien à ses attentes. "Je ne suis pas un groupe côté en bourse, c'est mon argent que j'investis. Donc je vais faire en sorte qu'il ne soit pas dilapidé", explique-t-il. "Mon ambition c'est de faire renaître de ses cendres cette usine, comme le phénix".

Dans son blouson multicolore, Abdallah Chatila dénote au milieu de la brochette d'élus, plutôt encravatés, qui sont venus discuter avec lui. Mais l'homme a l'habitude. Voilà quelques semaines, il ne connaissait rien aux masques. Il a senti qu'il y avait une opportunité à saisir.
 
Pour Marc Le Fur, le constat est évident :"on s'est tous rendus compte pendant cette crise qu'on dépendait pour des produits essentiels à notre vie des importations de Chine. Ce n'est plus tolérable, il faut donc que l'on puisse produire chez nous, et ne plus être dépendants, en rentrant selon les termes de Monsieur Chatila, dans une forme de démondialisation". 


Des machines dès juillet


C'est pourquoi les machines qui viendront prendre place dans les 25.000 mètres carrés du site seront européennes. Deux lignes de production devraient arriver dès la deuxième quinzaine du mois de juillet. Deux autres étant annoncées pour la rentrée de septembre. 

Comme le reconnait Jean-Jacques Fuan, ancien directeur de l'usine de Plaintel et fervent défenseur du projet, "Nous avions les moyens humains, les compétences, les savoirs-faire, mais il manquait le point crucial, à savoir le financement. Si Monsieur Chatila n'était pas intervenu, sans doute que le projet n'existerait pas aujourd'hui. Mais là, il est vraiment sur les rails, avec des perspectives très prometteuses".


Une commande d'Etat, un bon signe


A terme, il s'agira de produire non seulement des masques, mais aussi des charlottes et des blouses. Pour Abdallah Chatila, son investissement ne sera pas lié à une commande d'Etat, "même si ce serait une bonne chose, parce que cette commande pourrait garantir une pérennité sur une vingtaine d'années". Pas de préalable donc pour l'investisseur, mais les élus locaux, eux,  y verraient "un bon signe de l'intérêt de l'Etat dans ce projet", précise Thibaut Guignard, le premier vice-président du Conseil Départemental.

En attendant, les élus, de l'agglomération au Département en passant par les députés concernés, semblent faire front commun autour du projet. "Les grands patrons d'Honeywell, on ne les a jamais vus ici", rappelle Marc Le Fur. "Là, l'investisseur est présent, il sait désormait où se trouve Ploufragan".
  

L'ancien fief de Chaffoteaux et Maury


C'est en effet sur la commune de Ploufragan, dans la zone industrielle des Châtelets, que se trouvent les bâtiments de la future usine. Ils ont accueilli pendant plus de 40 ans Chaffoteaux et Maury. 
Cet emblématique fabricant de chaudières et de chauffe-eau s'est installé à Saint-Brieuc au tout début de la Première Guerre Mondiale, en créant une fonderie sur le port du Légué.
Un site abandonné en 1969, jugé alors trop exigu. Une nouvelle usine voit alors le jour à Ploufragan, dans la banlieue de Saint-Brieuc, 55.000 mètres carrés sortent de terre.
 
 

Durant 40 ans, cette usine très symbolique de l'industrie briochine a produit des appareils sanitaires, tuyaux et fontes pour le bâtiment, articles ménagers, de quincaillerie et de fumisterie, puis des systèmes de chauffage et de chaudières. Elle comptera jusqu'à 2000 salariés.

Les premiers plans sociaux ont débuté au début des années 90 et se sont multipliés au fil des ans. En 2009, la fermeture des ateliers de production laissent 200 personnes sur le carreau. Ne reste alors qu'une quarantaine de salariés dans le bureau d'études et de recherches. Il disparaîtra à son tour en 2013. Ce sera la fin de l'histoire pour Chaffoteaux et Maury.


Premières embauches en mai

 
Longtemps restés à l'abandon, les lieux ont recommencé à vivre en 2018 avec l'arrivée de l'entreprise e-loft, spécialisée dans les constructions à ossature bois.
D'ici la fin de l'année, elle aura donc un nouveau voisin. L'achat du site et les premiers contrats de travail devraient être signés dans le courant du mois de mai. Les anciens salariés de l'usine de Plaintel seront en première ligne pour les embauches.

 
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