Restaurateurs, les patrons de cafés, de discothèques se sont rassemblés ce 23 novembre, dans plusieurs villes bretonnes comme à Quimper ou Rennes, avec un seul mot d'ordre : "Battez-vous." Emmanuel Macron doit annoncer l'allègement du déconfinement et eux pourraient ne pas rouvrir avant janvier.
"Je suis discothèque" pouvait-on lire à Brest, sur une énorme banderole noire. De faux cercueils, des professionnels de la restauration, du monde de la nuit tous vêtus de noir étaient réunis place de la Liberté, pour défendre leurs secteurs, sinistrés depuis l'apparition de l'épidémie et deux confinements.
Environ 300 personnes se sont aussi rassemblées place de la Résistance, à Quimper. Certains établissements n'ont toujours pas revu le jour depuis le premier confinement. Dans les rangs, l'heure est à la résignation, face au fait d'être considéré comme les derniers à pouvoir rouvrir.
"Montrer qu'on est encore vivants, pas que dans l'attente"
A noter également 350 personnes à Rennes. "Les deux gros problèmes que l'on soulève aujourd'hui c'est celui des loyers et les congés. Quand vous mettez tout bout à bout, nous c'est 45 000 euros de charges mensuelles. On a bouffé toute la trésorerie qu'on avait mis de côté, on tape sur le PGE mais c'est un prêt relance, pas un prêt pour combler les manquements de l'état. On est dans une situation inextricable et si ça dure je vois pas comment... En gros, on va payer pendant sept ans les errances de l'Etat qui ne veut pas prendre en charge au moins un minimum de charges" a expliqué Sébastien Betin, gérant du 1988.
Aujourd'hui on est là pour montrer qu'on est encore vivants, qu'on bouge encore, qu'on ne peut pas être juste dans l'attente. On réclame une date d'ouverture, on sait que ce ne sera pas demain mais qu'on nous donne un horizon, un avenir.
"On a besoin de rassurer nos employés, nos banques, nos fournisseurs. On a besoin d'une visibilité sur le long terme. On ne peut pas changer toutes les semaines, d'avis, de modalités, de protocoles" a ajouté Pierre Clolus patron de l'Ambassade à Rennes et membre du collectif "On va tous trinquer". "Ça sent la mort de l'entreprise dans nos professions. Cela sent les faillites, les dépressions, on a des collègues qui bossent à l'usine les week-ends. On a des gens qui n'ont pas de revenus depuis huit mois."
"Je me verse pas de salaire"
Rosalie Cochereau, gérante d'un bar-tabac à Val d'Anast : "On oublie que derrière les chefs d'entreprise, il y a des familles. Depuis le mois de mars, je ne me verse pas de salaire. On entend des mesures, mais je ne rentre pas dans toutes les cases parce que je ne suis pas à - 50 % de mon chiffre d'affaire pour pouvoir percevoir les aides. On passe à côté. On a des enfants. Comment on fait ? Qu'est-ce qui est fait pour les indépendants ? Qu'on nous laisse respirer, c'est tout ce qu'on veut."
Selon Pierre Clolus, des actions beaucoup plus fortes pourraient avoir lieu, selon les annonces ou non du gouvernement.