Fin mars, le parquet de Lorient a classé sans suite la procédure judiciaire sur l'abordage du chalutier breton "Père Milo" par un chimiquier turc, le 9 avril 2012 au large de Belle-Ile. Une absence de procès pénal en France que dénonce Martiel Rio, le père du patron pêcheur décédé dans la collision.
"Un déni de justice. On a voulu plomber cette affaire dès le début car le nouveau droit, celui des affaires et de l'argent, prévaut sur le droit maritime". Les mots de Martial Rio, le père de Christophe Rio décédé dans la collision, sont sans ambages.Pas de procès pénal
Ce lundi 4 avril, à quelques jours du quatrième anniversaire de la mort de son fils, Martial Rio, résidant dans les Deux-Sèvres, reçoit un courrier du procureur de la république de Lorient lui annonçant que l'affaire de l'abordage du chalutier de son fils en avril 2012 est classée sans suite. La décision est motivée par le fait que la procédure a été à plusieurs reprises transmises aux autorités turques, en raison du droit international maritime et que, n'ayant aucun retour de la justice turque, le parquet de Lorient n'a plus compétence pour poursuivre le dossier.Un chalutier abordé par un chimiquier turc en avril 2012
Une décision vécue par Martial Rio comme une seconde mort de son fils. Le chalutier lorientais "Père Milo", pêchait la langoustine au large de Belle-Ile, ce 9 avril 2012, lorsque vers 13h30 il est éperonné par un cargo, le Lady Özge, un chimiquier turc de 121 de long. Dans le choc, le bateau de pêche est disloqué et sombre par 100 m de fond. Le matelot réussit à s’extraire de l’épave et est récupéré par une embarcation du Lady Özge. Le patron, Christophe Rio, ne sera pas retrouvé malgré d’importantes recherches.Très vite, Martial Rio, estime que même si la collision a eu lieu en dehors des eaux territoriales françaises, à 30 km de Belle-Ile, il ne faut pas que la procédure judiciaire soit menée en Turquie, comme le permet le droit du pavillon internationnal. Une décision inacceptable pour Martial Rio qui demande aux autorités françaises un procès au tribunal de Lorient.
Responsabilité partagée ?
Le rapport du BEA (bureau d'enquête sur les événements en mer) conclue en mars 2013 que "sur le chalutier, la veille avait été interrompue 30 minutes avant la collision et que l’alarme radar n’était pas activée. De ce fait, aucune manœuvre pour éviter la collision ou en minimiser les conséquences n’avait été effectuée". Quant au chimiquier Lady Özde, si il n’y avait pas eu de défaut de veille constaté, "deux marins étant de quart à la passerelle", pour autant le chalutier détecté n’avait fait l’objet "d’aucun suivi radar ni de relèvement, ce qui aurait permis de déceler le risque d’abordage".Un rapport et une enquête qu'a toujours pointé du doigt le père de la victime.
Pas d'appel de la décision mais un combat qui continue
Concernant la décision du classement sans suite par le parquet de lorient, Martial Rio nous a fait savoir qu'il ne déposerait pas de recours auprès de la Cour d'appel, car cela serait "un acte autant inutile que suicidaire". Il considère qu'en ne retenant pas à Lorient le bateau turc dès le lendemain de l'accident, la justice lorientaise a failli, ne pouvant faire mener une enquête efficace et transmettant la procédure à la Turquie."Plus jamais ça"
Ce père de famille, dont le combat pour la dignité de son fils est primordial, ne veut pas en rester là. Il entend poursuivre son combat sur le terrain politique, estimant que des "des mensonges, des impostures et autres tripatouillages" ont jalonné cette affaire judiciaire.Pour Martial Rio, "cette affaire dérange, mais il faut pourtant que toute la lumière soit faite". Et de rajouter : "Il ne faut plus que pour des raisons mercantiles, des cargos ignorent les règles maritimes et les plus petits bateaux pour continuer leur route".