Le gouvernement s’est accordé, dans la nuit du 11 au 12 mars, avec les élus corses sur un projet d’autonomie de l’île de Beauté. Une porte dans laquelle pourrait s'engouffrer plusieurs régions de France. Pourquoi pas en Bretagne ? Nous avons posé la question à Paul Molac, député régionaliste dans le Morbihan (groupe Liot).
C’est une nouvelle que Paul Molac, le député de la 4e circonscription du Morbihan du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), attendait depuis longtemps.
Cet accord entre les élus corses et l’Etat sur un projet de texte pour un statut d’autonomie a fait l’objet d’un consensus. C’est aussi peut-être le premier pas vers une autonomie plus large d’autres régions, dont la Bretagne.
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Paul Molac, ce projet d’autonomie de la Corse est-ce une vraie avancée ?
Oui sans aucun doute. C’est reconnaitre les situations spécifiques de la Corse, qui a sa propre culture, sa langue et qui est une île, loin de la France métropolitaine. Le lien avec la France est bien entendu plus difficile en Corse que lorsqu’on réside en Bretagne. Mais dans notre région, nous sommes une péninsule, avec une problématique forte de transport sur laquelle nous n’avons pas la main actuellement.
Nous avons deux langues, une culture... Nous avons effectivement des choses à développer par nous-même.
Paul Molac, député de la 4e circonscription du Morbihan (groupe Liot)
Le président de la région, Loïg Chesnais-Girard, s’était prononcé en septembre dernier pour une autonomie de la Bretagne comme en Corse, y-êtes-vous favorable ?
Oui, je suis d’accord avec ça. Peut-être pas tout à fait la même chose, il faudrait d’abord qu’on s’arrange entre bretons. La région Bretagne a d’ailleurs fait des propositions pour aller dans ce sens-là afin d’inscrire dans la constitution le droit des régions à se porter candidate à l’autonomie sur certaines compétences. Avec ce projet d’autonomie de la Corse, la France se met enfin dans le mouvement de nos pays voisins qui confient aux régions le pouvoir législatif et réglementaire.
Aujourd’hui, l’Etat s’occupe de tout. Les décisions sont prises à Paris, elles s’appliquent ensuite sur les territoires de la même manière sans prendre en compte les spécificités de chaque région. C’est parfois inapplicable sur le terrain. Les premiers à s’en plaindre sont les collectivités locales mais aussi les fonctionnaires d’Etat dans les préfectures. Ce système n’est pas efficace et coûte beaucoup d’argent.
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Si on allait vers une certaine autonomie de la Bretagne, cela changerait quoi ?
La régionalisation cela donnerait plus de liberté dans le financement et dans les prises de décisions. Par exemple, si nous avions le pouvoir réglementaire, nous pourrions avoir de l’autonomie au niveau agricole, nous pourrions gérer directement les aides de la PAC (la politique agricole commune) comme c’est le cas dans toutes les régions d’Europe.
Redonner du pouvoir à la région mais aussi aussi aux collectivités locales cela permettrait de débloquer la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Mais avant ça, il faut déjà que cet accord avec les Corses soit voté par les deux assemblées et qu’il y ait un congrès qui valide cette avancée. J’espère que les parlementaires auront la sagesse de le faire.