Démissions en série chez les élus municipaux du Morbihan. Depuis les dernières élections en 2020, 730 soit 15% d'entre eux ont quitté leurs fonctions. Rencontre avec l'un de ces démissionnaires, ravi de sa nouvelle vie.
Il caresse le museau d'un magnifique cheval blanc. Moment de douceur, droit dans les yeux l'homme et l'animal semblent en pleine communion. "Avant j'avais des bonbons pour mes petits-enfants, maintenant j'ai des bonbons pour les chevaux," s'amuse André Hartereau en lui tendant des sucreries.
Un fort épuisement
Durant 7 ans, André Hartereau a été maire d'Hennebont dans le Morbihan. En mars 2020, il avait été réélu dès le premier tour avec 52.88% des voix. Et puis, un an plus tard, coup de théâtre. Il quitte son poste de maire, conservant tout de même un poste de conseiller municipal. Il évoque alors un "fort épuisement".
15% des élus municipaux ont démissionné
Aujourd'hui, l’ancien maire d’Hennebont se consacre à une nouvelle mission : sauver le haras national de sa ville.
Comme lui, 730 élus municipaux du Morbihan ont démissionné de leur fonction ces deux dernières années. L'équivalent de 15% du corps électoral. Une poignée de maire et plus de 700 adjoints et conseillers municipaux.
Une charge trop lourde
Avec le recul, André Hartereau, reconnaît que "[la charge de maire] pesait trop lourd". "En particulier par le fait de cette proximité que j'ai souhaitée avec mes concitoyens (…) C'était une charge permanente", analyse l'homme aujourd'hui âgé de 69 ans.
La crise Covid d’un côté. Les invectives sur les réseaux sociaux de l’autre. Sans oublier cette impuissance des élus, dans l'impossibilité de répondre à toutes les exigences de la population. "C’est une frustration inhérente à la fonction de maire entre ce qu'on devrait faire, ce que les gens souhaitent faire, témoigne-t-il. Les besoins qui sont exprimés très clairement et notre capacité financière et humaine."
Concilier vie professionnelle, vie familiale et vie d'élu : des injonctions contradictoires devenues insupportables pour l'élu.
Des élus "trop" proches des citoyens
"Le maire est sollicité pour tout, c'est le guichet unique des problèmes du quotidien", constate Yves Bleunven, président de l'Association des Maires de France du Morbihan et maire de Grand-Champ. Une proximité qui pèse bien plus lourd sur les élus municipaux que sur tout autre élu.
Cette hémorragie, constatée sur tout le territoire national, inquiète l'association des maires de France qui se demande s'il y aura suffisamment de candidats aux prochaines élections municipales de 2026.