"Ça accélère la spéculation immobilière", une association bretonne réquisitionne un airbnb pour dénoncer les locations saisonnières

En marge du festival interceltique de Lorient 2024 qui attire beaucoup de touristes, des militants de l'association bretonne "Douar Ha Frankis" (Terre et liberté) ont pris d'assaut l'un des appartements d'un propriétaire de plusieurs biens locatifs saisonniers. Ils veulent ainsi dénoncer les dérives des plateformes de location alors que les habitants locaux ont du mal à se loger.

En plein centre de Lorient, ce samedi 10 août 2024, une dizaine de militants de l'association bretonne "Douar Ha Frankis" ont littéralement pris d'assaut un appartement loué via la plateforme Airbnb. Une action choc alors que le festival interceltique de Lorient commence et attire de nombreux touristes et vacanciers. "Nous sommes au premier étage d'un immeuble où tous les appartements appartiennent à un même propriétaire et sont loués en Airbnb" affirme Renan Mollo, le porte-parole de l'association.

Nous y resterons jusqu'à nouvel ordre.

Renan Mollo

porte-parole Association Douar Ha Frankis

Après avoir récupéré les clefs du logement dans une boîte à clef, ils ont décidé de l'occuper. "C'est un appartement d'environ 25 M2, avec une chambre et une petite cuisine, qui est loué 120 euros la nuit. Nous y resterons jusqu'à nouvel ordre" affirment les membres de l'association. L'opération, préparée de longue date est destinée à pointer les abus des multipropriétaires de locations saisonnières."C'est intolérable. Cela fait flamber les prix de l'immobilier et cela accélère la spéculation immobilière," ajoute Renan Mollo.

À lire : Airbnb : pratique illégale, la lutte contre les boîtes à clef a commencé

Une opération saluée par Véronique Deschamps. Cette habitante de Saint-Malo intra-muros avait été la première lanceuse d'alerte en Bretagne en 2016. Elle dénonce les dérives des locations de courte durée dans sa propre copropriété. "Une première copropriétaire avait décidé de louer son bien sur Airbnb sans demander la moindre autorisation. J'ai décidé de me battre. L'appartement a ensuite été revendu à des Canadiens et géré par une société de conciergerie. Ces gens m'ont menacée et violentée. J'ai eu 30 jours d'ITT."

Véronique Deschamps entend bien poursuivre son combat notamment auprès des élus. "Je viens de créer une nouvelle association qui s'appelle Saint-Malo,j'y vis. Je souhaite faire connaître toutes ces situations que doivent supporter les gens qui vivent sur place et subissent ces nuisances."

"Un phénomène qui inquiète tous les maires"

Joint par téléphone, le maire de Lorient, Fabrice Loher tient à préciser la situation pour sa commune. "Le phénomène Airbnb inquiète tous les maires. Mais Lorient n'est pas le bon exemple car moins de 3% du total des logements de la ville sont concernés."

"Il y a du bon et du mauvais dans ce type d'activité."

Fabrice Loher

Maire (UDI) de Lorient

Fabrice Loher ajoute qu'il est "l'un des tout premiers maires bretons à avoir durci les obligations et à ne pas se contenter de simples procédures de déclaration." Mais il tient à nuancer le phénomène pour sa commune. "Il y a du bon et du mauvais dans ce type d'activité. Lorient a aussi besoin de ces locations de courte durée pour accueillir par exemple des salariés de Naval Group ou encore des festivaliers."

Pour Franck Rolland, porte-parole du Collectif National pour les Habitants Permanents, "la fête est finie". Le parti politique veut défendre l'enjeu du logement. "Nous ne ciblons pas les gens qui louent leur résidence secondaire mais bien les multipropriétaires qui détiennent 4, 5 voire davantage encore de logements."

Des quotas et des compensations

Le parti demande davantage de régulation. "Il faut des quotas de locations saisonnières par quartier, il faut limiter ce type de location de courte durée à un seul par foyer fiscal," insiste Franck Rolland. Son collectif demande aussi que soit mis en place un système de "compensation". En clair, pour chaque appartement en location courte durée, les multipropriétaires devraient louer le même type d'appartement à des résidents permanents.

Pour Franck Rolland, le phénomène commence à toucher des villes qui n'étaient pas concernées jusque-là comme Rennes ou Tours. "S'il y a trop de locations saisonnières, cela change le caractère des quartiers. Et dans les immeubles il y a des nuisances comme du bruit mais aussi les résidents permanents se retrouvent de plus en plus seuls sans voisin."

Contacté par téléphone, le service de communication de la compagnie Airbnb n'a pas donné de réaction pour l'instant.

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