Selon la NOAA, l'administration océanographique américaine, entre mars et mai 2023, la température moyenne à la surface des océans a dépassé la température moyenne du XXè siècle de 0,83 degré. Depuis le début juin, cette canicule marine touche aussi l'Atlantique nord, l'Islande ou la Grande Bretagne mais aussi la Bretagne. Pour les chercheurs, difficile encore de prévoir les conséquences à plus ou moins long terme de ce phénomène inquiétant.
"De telles anomalies de températures dans cette partie de l'Atlantique Nord, c'est du jamais vu", souligne Daniela Schmidt, professeure en Sciences de la Terre à l'Université de Bristol, citée par le Science Media Centre britannique. "Des anomalies extrêmement fortes, tout à fait frappantes et inquiétantes", confirme Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS.
Cette vague de chaleur marine, avec une température dépassant 23°C dans l'Atlantique Nord, ne surprend pas complètement les scientifiques, qui savent que les océans absorbent 90% de la chaleur générée par l'effet de serre. Ce type d'événements a donc vocation à devenir plus fréquent et intense sous l'effet du réchauffement climatique.
Des baigneurs surpris par les températures de l''eau
Les vacances n'ont pas encore commencé, mais sur cette plage près de Lorient, ils sont déjà nombreux à profiter du soleil et de la baignade. Déjà bronzée et en maillot de bain, cette nageuse habituée du coin s'étonne.
L'eau est trop chaude pour la saison, beaucoup plus que d'habitude. On ne se baigne pas si facilement fin juin ici. Ce n'est pas normal. On a même vu des étoiles de mer et des méduses échouées.
Une baigneuse
La température de l'eau de mer est supérieure de deux, voire trois degrés par rapport aux températures habituelles d'un mois de juin. Ce réchauffement de l'eau touche tout le littoral breton mais surtout la côte sud, de la baie d'Audierne à Belle Ile, avec des températures plus proches de celles habituellement observées au mois d'aout. Steven Tual, météorologue, a relevé dimanche 25 juin, des températures de l'eau à 18 degrés à Ouessant et jusqu'a 20,8 degrés à Belle-Ile.
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Il y a un blocage météo avec l'anticyclone sur l'Europe qui favorise une température ensoleillée avec un fort réchauffement à la surface de l'océan et des températures au dessus des normes. Il y a donc une absence de brassage de l'eau qui monte en degré.
Steven Tual, météorologue
L'été dernier déjà, la canicule marine avait touché la Mediterranée et en Bretagne, certaines zones comme la Baie de Saint Brieuc avaient enregistrées des températures de l'eau supérieures à la moyenne.
Mais cette année, le phénomène semble plus fort et plus précoce. Fabrice Pernet, chercheur en biologie marine-IFREMER à Plouzané, dans le Finistère, rappelle que le réchauffement climatique et l'effet de serre, avec l'essor des activités humaines et le rejet de CO2 dans l'athmospère, impactent aussi les océans.
Il s'interroge sur les conséquences à plus ou moins long terme de ces canicules, difficilement prévisibles: "L'impact des canicules sur la biodiversité marine va dépendre de l'évolution de ces phénomènes dans le temps, à voire si ils vont durer en été et en automne et suivre un cycle annuel."
Les animaux marins qui sont des animaux à sang froid, dépendent de la température. Plus il fait chaud, plus ils se développent en terme de croissance, la reproduction est plus précoce. Les organisme pathogènes prolifèrent aussi. Difficile de prévoir comment cela va évoluer.
Fabrice Pernet chercheur en biologie marine-IFREMER
Coquillages impropres à la consommation
Ajouté à des températures elevées, le réchauffement de l'eau est un facteur supplémentaire qui pourrait amplifier la prolifération de phytoplanctons toxiques, rendant de nombreux coquillages impropres à la consommation. Dans le Morbihan, la pêche a pied est interdite quasiment partout depuis plusieurs jours en attendant que la situation sanitaire s'améliore.
Avec Isabelle Rettig et AFP