La cour administrative d'appel de Nantes a relancé le projet de centre de thalassothérapie à Larmor-Plage, dans le Morbihan. Elle a annulé le jugement qui avait suspendu le permis de construire de ce complexe hôtelier porté par le groupe Relais Thalasso. Une mobilisation des opposants au projet est prévue le 18 juin.
La cour administrative d'appel de Nantes a relancé le projet de centre de thalassothérapie porté par la société Actifkerguelen (groupe Relais Thalasso) à Larmor-Plage, dans le Morbihan. Elle a annulé le jugement du tribunal adminitratif de Rennes qui avait suspendu le permis de construire de ce complexe hôtelier.
Pour rappel, le complexe, dénommé "Folie Architecturale", doit faire sortir de terre un hôtel quatre étoiles de 130 chambres, trois piscines d'eau de mer, deux restaurants et des espaces de restauration, sur le site de Kerguelen. Pour un investissement total de 30 millions d'euros.
Ce projet est contesté par les associations de défense de l'environnement Tarz Heol, Les Amis des chemins de ronde du Morbihan (ACR 56), Bretagne Vivante et l'Union pour la mise en valeur esthétique du Morbihan (Univem).
Ces associations avaient fait suspendre le permis de construire en référé en décembre 2021 : le projet allait s'implanter dans une "zone d'urbanisation diffuse", c'est-à-dire être contraire à la loi Littoral, selon le magistrat rennais. Lors de son réexamen sur le fond, en juin 2022, le tribunal administratif de Rennes avait annulé le permis pour un motif de forme.
Des volumes d'eau de mer "peu importants"
"Si les associations font valoir que les aménagements sont susceptibles d'altérer la qualité des eaux à proximité de la plage, elles n'établissent pas la réalité de leurs allégations insuffisamment étayées, considère pour sa part la cour administrative d'appel de Nantes dans un arrêt en date du 30 mai 2023 qui vient d'être rendu public. En tout état de cause, les volumes prélevés en mer sont relativement peu importants et les rejets feront l'objet d'un traitement adapté."
L'augmentation locale du trafic routier induite par la création de cet hôtel "n'est pas de nature à établir, à elle seule, que le projet emportera une incidence notable sur l'environnement" ajoutent les magistrats nantais.
La cour revient surtout sur l'appréciation qu'elle avait portée sur le projet de lotissement dans le secteur voisin de Kerpape en juillet 2021, refusant le permis de construire. Son arrêt a été annulé depuis par le Conseil d'Etat, qui l'a sommée, le 21 avril 2023, de revoir sa copie à la lumière de son analyse.
"Le lieu-dit Kerpape comporte une quarantaine de maisons et s'inscrit à proximité immédiate de plusieurs équipements publics ou privés, et notamment d'un centre nautique, d'une résidence de loisirs, d'un établissement de soins, d'un hôpital cardiologique et d'un centre des vacances des armées" retiennent donc cette fois-ci les juges nantais.
"Par ailleurs, la partie Est de la bande située entre Kerpape et Larmor-Plage est en partie urbanisée et est traversée par une route départementale au sud de laquelle existe un hameau composé d'une vingtaine de constructions" relèvent-ils.
Mobilisation le 18 juin
"En dépit de ce qu'il comporterait de larges parcelles encore non bâties, le lieu-dit présente un nombre et une densité suffisants de constructions pour être regardé comme un village existant" en déduit la cour administrative d'appel de Nantes. Or, le complexe hôtelier "s'inscrit en continuité immédiate" de cet "espace urbanisé" et l'extension de l'urbanisation présentera "un caractère limité" considère-t-elle. Ce projet occupera 10.000 m² sur les 40.000 m² du terrain.
Dans ces conditions, le jugement du tribunal administratif de Rennes a donc été annulé et les associations devront verser 750 euros à la mairie de Larmor-Plage et autant au groupe Relais Thalasso pour leurs frais de justice respectifs. Elles ont jusqu'au 30 juillet 2023 pour introduire un pourvoi devant le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française.
Dans l'immédiat, les opposants au projet appellent d'ores et déjà à une "belle journée de mobilisation familiale, conviviale et festive" le 18 juin 2023. "Pour nous, Kerguelen, c'est cette plage et ses dunes presque sauvages en sortie de l'agglomération lorientaise" écrivent-ils sur leur page Facebook.
"Le lieu de nos premières navigations en optim' ou en planche, nos premiers châteaux de sable, les pique-niques en famille, les promenades avec mamie... Pour les promoteurs de la thalasso, c'est un énième pôle d'attractivité à destination de nos élites" disent encore les associations opposées à la construction de ce complexe hôtelier.
(Avec GF/PressPepper)