Coup de Tonnerre. Historique. Lorient n'est plus le bastion de la gauche et du PS. La victoire du candidat centriste Fabrice Loher ce dimanche aux élections municipales signe-t-elle la fin de l'ère le Drian en Bretagne?
"Le macronisme de gauche est né à Lyon en 2016... Il est mort à Lorient en 2020". Voilà ce que l’on pouvait lire il y a quelques jours dans les colonnes du journal « l’Opinion ». Constat cruel mais pour certains prémonitoire.Lors de ces élections municipales, le label "soutenu par Jean-Yves Le Drian" n’a pas fait recette dans la ville aux cinq ports.
Laurent Tonnerre, adjoint à la transition énergétique, officiellement soutenu au premier tour par le patron du Quai d’Orsay est arrivée en quatrième position le 15 mars dernier.
Ce dimanche, à l’issue du second tour, il ferme encore la marche perdant même 5 points par rapport au 15mars dernier. Il y a eu visiblement un vote utile de l’électorat modéré plutôt en faveur de Fabrice Loher.
Il faut dire qu’entre temps, Jean-Yves le Drian ne souhaitait plus afficher clairement son soutien à Laurent Tonnerre. La fusion avortée avec le candidat divers gauche Bruno Blanchard n’aurait pas plu à celui que l'on surnomme le " Menhir". Ce dernier souhaitant promouvoir pour le sprint final une liste social- démocrate.
Manque d’héritiers
Il faut dire que le ralliement de Jean-Yves Le Drian à Emmanuel Macron en 2017 a crée un schisme dans la famille socialiste morbihannaise. Le ministre des affaires étrangères en est aujourd’hui l'une des victimes collatérales.
Depuis trois ans, hormis l'élection du député du Morbihan Gwendal Rouillard, celui qui incarne l’aile gauche du macronisme peine à imposer sur le plan électoral des héritiers, du moins des lieutenants.
Dès 2017, il n’a pas pu emmener dans son sillage le maire sortant de Lorient, Norbert Métairie, resté fidèle au PS.
Il n’a pas non plus convaincu l'une des ses proches, la conseillère régionale Gaël Le Saout, de s’engager dans la bataille des municipales à Lorient.
D’une manière générale en Bretagne, la "caution" Le Drian n’a pas été performante. Patrick Le Mestre à Vannes et Carole Gandon à Rennes ont du se contenter de la troisième place au soir du premier tour.
Perte d’influence ?
"Jean-Yves Le Drian reste l’homme politique le plus puissant de Bretagne. Il tient un ministère régalien. Il est potentiellement premier ministrable. Mais son avenir semble se limiter à Paris. En Bretagne, ces élections municipales montrent que son magistère politique s’est érodé" analyse le politologue Thomas Frinault.
L’espace politique se réduit également.
En Bretagne, les macronistes essentiellement venus de la gauche sont mal à l’aise avec la stratégie d’alliance avec la droite initiée au niveau national pour les scrutins locaux.
Par ailleurs, la constitution d’un groupe autonome LREM annoncée il y a quelques jours au sein même de la majorité régionale n’est pas anodine. Peut être faut-il y voir une volonté de Richard Ferrand, l’actuel président de l’Assemblée nationale, de marquer lui-même son territoire pour l’avenir et pourquoi pas candidater à la présidence de la Région.
Encore utile
Quoiqu’il en soit, Jean-Yves Le Drian ne semble pas encore déserter la scène bretonne. Le Breizh Lab qu’il a lancé il y a quelques mois se fera sans doute encore entendre lors du prochain grand débat sur la décentralisation.
Enfin sur le plan local, l’offre de service au nouveau maire de Lorient n’est passé inapercue. La veille du premier tour, Fabrice Loher a cru à une blague en recevant un SMS puis un appel "chaleureux" du ministre des affaires étrangères. Ce dernier lui assurant son soutien pour les futurs dossiers lorientais. La nouvelle équipe municipale ne boudera sûrement pas l’aide du Quai d’Orsay pour obtenir un maximum d’aides au niveau européen.
Jean-Yves Le Drian moins influent ? En revanche, certainement encore très utile !