Infrastructures vétustes et dégradées, capacités d'accueil saturées, manque d'autonomie dans la gestion locale... La Cour des comptes vient de rendre un rapport critique sur l'Académie militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Cette dernière forme les officiers de l'armée de terre.
Dans un rapport rendu public ce 20 février 2024, la Cour des comptes pointe les dysfonctionnements de l'Académie militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. Infrastructures dégradées, saturation des capacités d'accueil, système de notation qui manque de transparence... L'institution n'a pas "les moyens de ses ambitions" selon le document.
"Des bâtiments tout ou partie inutilisables"
Cette école, située dans le Morbihan, est chargée de la formation à la fois militaire et académique des officiers de l'Armée de terre. "Pour autant, relève la Cour des comptes, elle éprouve des difficultés à conjuguer harmonieusement cette double mission, comme en témoignent notamment des emplois du temps des élèves trop chargés, le manque de transparence de certains éléments de la notation ou la dispersion des partenariats universitaires".
A l'heure où la loi de programmation militaire prévoit une augmentation des recrutements des officiers de 15 à 25 % face la multiplication des conflits mondiaux, l'Académie de Saint-Cyr est jugée "inadaptée" pour répondre à cet objectif fixé par le ministère des Armées."Son appareil de formation n'est pas dimensionné pour cela, constate la Cour des comptes. Ses infrastructures sont proches de la saturation et souvent vétustes".
Sur ce camp militaire de 53 hectares, trois écoles sont ainsi regroupées : l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, l'école militaire interarmes et l'école des aspirants de Coëtquidan, soit des dizaines de bâtiments "parfois très dégradés au point d'être tout ou partie inutilisables. Les crédits consacrés au petit et gros entretien continuent de décroître".
Pas de marge de manœuvre localement
Selon la Cour des comptes, "les projets de développement de l'Académie militaire se heurtent aux rigidités de gestion". Les dépenses de l'institution de formation "transitent par 15 à 20 canaux budgétaires différents". Autrement dit : sa marge de manœuvre est limitée en termes de gestion des moyens. "Elle n’a pas la main ni même de visibilité sur les dépenses de masse salariale qui sont centralisées, sur les dépenses d’infrastructures et de soutien courant, sur les dépenses de restauration ni sur les marchés publics passés à son profit" souligne le rapport de la Cour des comptes.
Un "système matriciel" encadré par des "normes peu flexibles voire absurdes, témoignant de la grande difficulté de l'administration centrale du ministère des Armées à accorder des marges d'appréciation et de manœuvre aux gestionnaires locaux".
Par ailleurs, l'Académie militaire de Saint-Cyr est l'une des rares grandes écoles à ne pas avoir le statut d'établissement public.
Dans ses conclusions, la Cour des comptes souligne "la nécessité" pour l'armée de terre "d'ajuster le cadre de fonctionnement" de l'Académie "aux ambitions qu'elle lui assigne et aux moyens qui doivent en résulter".