Garder son parent à domicile coûte que coûte. C'est le choix de nombreuses familles avec le risque d'un épuisement. Dans le Morbihan, le Conseil départemental met en place "une aide au répit".
"Il fait beau, on a de la chance. Ça va ? Tu es bien ?". Danielle Delamotte pousse le fauteuil roulant de Madeline, sa mère de 81 ans, pour une promenade. Quand le temps le permet, les deux femmes sortent deux fois par jour. Des moments privilégiés qui rappellent le temps d'avant.
"Tu as lu les trois mousquetaires ?"
Ce temps d'avant la tumeur au cerveau qui a paralysé Madeline à 85% en 2016. "Elle faisait de la randonnée avant de tomber malade, sortir la ressource, ça la détend", constate Danielle.
D'un geste doux, plein d'attention pour sa mère, elle lui glisse un livre entre les mains et l'ouvre : "Tu l'as lu ? Les trois mousquetaires ?" "Oui, il y a longtemps", répond Madeline avant de se plonger dans sa lecture, enveloppée du chant des oiseaux.
Pour nous, c'est important de garder une vie de famille, que notre mère puisse terminer sa vie chez elle.
DanielleAidante familiale, fille de Madeline
Depuis le début de la maladie, Danielle a toujours été présente auprès de sa mère, mais depuis février dernier les besoins se sont amplifiés. "L'auxiliaire de vie a quitté ses fonctions et nous n'avons plus d'infirmiers", explique Danielle Delamotte. Elle décide donc de mettre entre parenthèses "un métier qu'elle aime beaucoup" pour se consacrer à sa mère.
"Il y a une hiérarchie dans les priorités. Pour nous, c'est important de garder une vie de famille (…) que notre mère puisse terminer sa vie chez elle." Comme Danielle, de nombreuses familles optent pour ce choix.
7 500 euros pour des solutions de répit
Mais cette mission quotidienne peut s’avérer épuisante. Pour les soulager, le département du Morbihan met en place une enveloppe annuelle de 7 500 euros qui permet de financer des solutions de répit.
Ce forfait complète l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) des personnes de plus de 60 ans et doit être validé par les services du Conseil départemental. Il peut financer des aides humaines (accueil de jour, hébergement temporaire y compris la nuit) ou des dispositifs techniques (matériel, aménagements, transports…).
Une aide bienvenue puisqu'en 2019, le gouvernement estimait le nombre d'aidants familiaux de 8 à 11 millions soit un Français sur 6. Un tiers d'entre eux délaissant leur propre santé. Aider les aidants s'avère donc un véritable enjeu de santé publique.