Pêcheurs, agriculteurs, patrons de travaux publics, de sociétés de taxis, ambulanciers… 300 à 400 professionnels bloquent les dépôts pétroliers de Brest et Lorient, depuis 7h ce mardi. Ils demandent à l'Etat de geler la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). "Nous ne laisserons pas tomber les pêcheurs" a assuré Jean Castex lors de sa visite à Rennes.
Des feux de pneus et de palettes contre la flambée des prix des carburants. Depuis ce mardi, 6 h 50, tous les accès au dépôt pétrolier de Brest sont bloqués. Environ 150 professionnels, pêcheurs, agriculteurs, professionnels du bâtiment et des travaux publics sont rassemblés sur l'ancienne voie ferrée devant le dépôt. Même chose à Lorient.
Des tracteurs et véhicules de chantier
Dans les deux villes, plusieurs dizaines de tracteurs, de véhicules de travaux publics empêchent toute entrée et sortie du dépôt.
Ces blocages ayant été annoncés samedi, les forces de l'ordre attendaient les manifestants sans toutefois intervenir. A Brest, des gendarmes sont postés autour du pont de l’Iroise et des principaux ronds-points permettant d’accéder au port de commerce de Brest.
Dans la cité du Ponant, des palettes et des troncs de bois brûlaient devant le dépôt et plusieurs affiches étaient déployées, sur lesquelles il était notamment écrit "gasoil trop cher, bateau à terre" ou "gasoil trop cher on l'a dans le derrière".
"Depuis huit jours on est bloqués, le prix du carburant est trop haut" témoigne un patron-pêcheur, "je ne peux pas dégager un salaire pour mes gars, donc on ne sort pas".
Gel de la TIPP
A Lorient, "il y a un blocage par les transporteurs, les pêcheurs, les travaux publics, les agriculteurs", a déclaré à l'AFP Marc Lhonoré, le directeur du dépôt pétrolier.
"Il y a une cinquantaine d'engins autour du dépôt, je ne sais pas jusqu'à quand ça va durer", a-t-il ajouté.
Sur place, Norbert Guillou, président de la branche du Morbihan de la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage (CNATP), a indiqué par téléphone à l'AFP qu'il y avait 200 personnes et une centaine de camions et véhicules.
"Il y a des routiers, des taxis, des pêcheurs, des agriculteurs, des ambulanciers, des pêcheurs...Tous ceux qui utilisent du carburant", a-t-il dit.
"On restera tant que le gouvernement n'aura pas pris la bonne décision et n'aura pas gelé les taxes. Car on a basculé en dessous du seuil de rentabilité, tout le monde travaille à perte. S'il faut rester dix jours, on restera dix jours", a-t-il assuré, en rappelant que ce dépôt avait été bloqué pendant 18 jours en 2018 et dix jours en 2019 pour demander le maintien du "Gazole non routier" (GNR) pour les professionnels.
Des mesures annoncées ce mercredi
En visite ce mardi midi à Rennes, Jean Castex a déclaré "Nous ne laisserons pas tomber les pêcheurs, je le dis ici", lors d'un discours à la préfecture de Bretagne à Rennes ce mardi midi. Selon Matignon, le Premier ministre a appelé le président du comité régional des pêches de Bretagne, Olivier Le Nézet, durant sa visite pour lui assurer qu'il y aurait des mesures pour les pêcheurs dans le "plan de résilience" économique et social, qu'il doit présenter mercredi pour faire face aux conséquences de la guerre.
"On commence à hausser le ton et ça va aller de plus en plus si on n'est pas écouté
et qu'on n'a pas des mesures rapides et d'urgence", a promis de son côté Sébastien
Le Prince, patron-pêcheur venu de Loctudy, dans le sud-Finistère.
"Les bateaux sont stoppés, ils sont à l'arrêt", a regretté Sébastien Le Prince, en référence à l'activité dans les ports de Loctudy, Saint-Guénolé et du Guilvinec,
premier port de pêche artisanale de France où lundi, en fin de journée, seule une poignée de bateaux déchargeaient leur poisson à la criée.
Gasoil trop cher, bateau à terre
"On ne peut pas répercuter la hausse du carburant sur le poisson. Un kilo de lotte
aujourd'hui à 5 euros, demain il sera à 5 euros, voire à 4,80 malgré la hausse
du pétrole. On ne peut rien faire, on est comme les agriculteurs à qui on dicte
le prix du porc", a expliqué le pêcheur non loin d'un feu de palettes et de troncs
régulièrement alimenté par les manifestants.
"Gasoil trop cher, bateau à terre" ou "gasoil trop cher on l'a dans le derrière",
pouvait-on lire sur des banderoles accrochées devant l'enceinte du dépôt pétrolier.
Environ 200 personnes, dont une centaine de pêcheurs, étaient présentes dans la
matinée devant le site aux abords duquel étaient garés une quarantaine d'engins
(camions, tracteurs).
Dans l'après-midi, le dépôt était toujours bloqué malgré le départ des pêcheurs partis manifester devant la préfecture à Quimper.