"Je suis fière de ce bateau !", première arrivée de l'Ocean Global Race, Marie Tabarly exulte à Lorient

Son père avait construit le Pen Duick VI pour participer à la Whitbread, la première course autour du monde en équipage. Cinquante ans plus tard, avec le même bateau et sur le même tracé, Marie Tabarly et son équipage viennent de boucler les premiers l'Ocean Global Race en temps réel. De retour à Lorient, ce samedi 20 avril, la jeune femme n'a pas caché sa fierté.

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Sur le pont du Pen Duick VI, face au public venu l'accueillir sur le quai de la Cité de la Voile qui porte le nom de son père, Marie Tabarly s'époumone : "Je sais pas si les Imocas m’entendent, mais on a fait une pointe de vitesse à 28,3 nœuds, les gars !"

Ce samedi 20 avril, la jeune femme et son équipage rentrent de Cowes en Angleterre, avec la fierté d'avoir bouclé en tête la quatrième et dernière étape de l'Ocean Globe Race. 213 jours de course au total.

En attendant de connaître le classement en temps compensé (temps calculé en tenant compte des niveaux de handicap des bateaux et du matériel utilisé), ils remportent ainsi la course en temps réel.

J’ai un caractère qui fait que je peux pas prendre des enfants de chœur. Chez moi, ça tire à balle réelle. S’il n’y a pas de sens de l’humour, c’est foutu.

Marie Tabarly

Navigatrice

Le tout sans GPS, ni ordinateur de bord et avec un équipage composé à 70 % d'équipiers amateurs. Un équipage qui a tenu bon pendant ces huit mois de traversée : "On a un équipage à son image, s'amuse la navigatrice. J’ai un caractère qui fait que je peux pas prendre des enfants de chœur. Chez moi ça tire à balle réelle. S’il n’y a pas de sens de l’humour, c’est foutu. Et s’ils doivent dire des trucs, ils le disent aussi."

Lire : Voile. Marie Tabarly sur le départ pour un tour du monde sur le Pen Duick VI

Une victoire pleine d'émotion pour la navigatrice qui rêvait depuis longtemps de cette course hommage au premier tour du monde à la voile en équipage, la Whitbread en 1973, à laquelle son père, Eric Tabarly avait participé à bord du Pen Duick VI, spécialement construit pour l'occasion. Une course qu'il n'aura pas remportée. 

Je ne vais pas me dire "j’ai battu mon père", ça n’a pas de sens. C’est pas la même époque, pas le même équipage, ça n’a rien à voir.

Marie Tabarly

Navigatrice

Cinquante ans plus tard, pour Marie Tabarly, pas question pour autant de parler de revanche : "Je ne vais pas me dire : "j’ai battu mon père", ça n’a pas de sens. C’est pas la même époque, pas la même météo, pas le même équipage, pas le même capitaine, ça n’a rien à voir. Et puis c’est un bateau qui a 51 ans. Il était trop en avance sur son temps en 1973, mais depuis les matériaux ont évolué et on est arrivé à un équilibre pour tenir une grosse bête comme ça."

Une grosse bête qui aura traversé tous les océans, quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants compris au sextant et au compas. 

"Il a été vraiment phénoménal, s'exclame Marie Tabarly. On a fait des supers vitesses. Il a une robustesse à toute épreuve. Dans le très gros temps, il est incroyable, mais il avance aussi super bien dans le petit temps. Il est hyper complet, il permet d’aller partout."

On a fait du vrai "bateau d’homme", des bateaux où les histoires humaines sont importantes.

Marie Tabarly

Navigatrice

Et ce type de bateaux, lourds et exigeants, la navigatrice les a toujours adorés : "Ce sont des bateaux qui sont très techniques, très physiques, où il n’y a rien de centralisé en un seul point comme maintenant. Toutes les manœuvres sont à faire en plage avant. C’est engagé, c’est dangereux… Et là, on a fait du vrai bateau d’homme, des bateaux où les histoires humaines sont importantes."

On appartient au Pen Duick VI, pas l’inverse. Ma mère et moi nous ne sommes que les gardiennes de ce bateau.

Marie Tabarly

Navigatrice

Et après ce rude tour du monde, Pen Duick VI "a encore envie de naviguer" assure Marie Tabarly. Car oui, ce bateau a une âme selon elle : "ça se voit, non ? Il n’y a qu’à marcher à côté pour savoir qu’il y a quelqu’un, avec sa grosse tête de black shark là. On appartient au Pen Duick VI, c’est pas du tout l’inverse. Ma mère et moi, nous ne sommes que les gardiennes de ce bateau."

Marie Tabarly assure avoir d'autres projets plein la tête. Pen Duick VI ne restera pas à quai très longtemps. 

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