VOILE. 25 ans après la mort d'Eric Tabarly, les Pen-Duick bravent toujours les flots

Eric Tabarly, le célèbre navigateur breton disparu en mer le 13 juin 1998, a construit six voiliers de légende, dont cinq continuent de fendre les flots. Les Pen-Duick seront bientôt classés "monuments historiques".

Attachés à un ponton en bois construit pour les accueillir à Lorient, en face de la Cité de la Voile Eric Tabarly, quatre Pen-Duick en file indienne s'apprêtent à gréer sous un beau soleil de juin avant de partir au large.

25 ans après la mort d'Eric Tabarly, disparu en mer le 13 juin 1998, les voiliers de légende, construits par le tout aussi légendaire marin breton, continuent de fendre les flots.

"C'est toujours assez émouvant de sortir sur un de ces voiliers. On ressent un peu l'esprit du marin qu'il était" explique le navigateur Benoît Hochart, 37 ans, membre de l'association Eric Tabarly et skipper pendant six mois chaque année sur Pen Duick II.
Ce monocoque de 13m60 de long, vainqueur de la Transat Anglaise en 1964 et propriété de l'Ecole nationale de voile, demeure "rapide, fiable et très compétitif", plus de cinquante ans après sa conception. 
Dans les eaux bretonnes, il régate parfois et tire encore régulièrement des bords lors de sorties croisières avec ses frères Pen-Duick, Pen-Duick III et Pen-Duick VI qui eux, appartiennent à la famille d'Eric Tabarly.

LIRE : Saint-Quay-Portrieux : Les Pen Duick d'Eric Tabarly réunis pour les Océaniques 

"Une pépite relevant du génie"

"Tabarly a toujours souhaité que ses bateaux continuent de naviguer après sa mort. Il avait construit un bateau pour chaque temps et pour chaque programme" selon Arnaud Pennarun, skipper de Pen Duick III et proche de la famille.
A son bord, Pennarun a terminé la Route du Rhum 2022 au profit des enfants de l'hôpital Robert-Debré, après 32 jours passés en mer. "J'ai adoré. Il a simplement fallu ajouter un peu d'électronique et changer l'acastillage, mais ce bateau est une pépite, relevant du génie au niveau de la conception" dit-il..

Un voilier bien-né qui a permis à l'officier naval Eric Tabarly, né en 1931 à Nantes, de placer la France sur l'échiquier mondial de la course au large, en s'imposant à de nombreuses reprises sur des courses anglo-saxonnes : la Fastnet Race, la Sydney-Hobart, la Morgan Cup, la Channel Race...

Sa coque en aluminium et sa stabilité de route ont fait des ravages à la fin des années 1960. "C'est une machine qui a tout gagné, confie à l'AFP Marie Tabarly, fille d'Eric, qui prépare actuellement un tour du monde en équipage à bord de Pen-Duick VI. Mais en réalité, il n'y a pas un de ces bateaux qui ne soit pas une innovation majeure dans la course au large. C'est à nous de faire en sorte que cela ne s'oublie pas" souligne la navigatrice de 39 ans.

"Une lignée de bateaux faits par un seul homme"

Malgré les décennies, seul Pen-Duick IV, plus grand trimaran transocéanique de l'époque, ne fend plus les vagues. Alain Colas, un ancien équipier de Tabarly, le mène à la victoire sous le nom de Manureva lors de la Transat anglaise en 1972, mais le navire disparaît en novembre 1978 lors de la Route du Rhum, avec Colas à son bord.
"A cette exception près, on a la chance d'avoir une lignée de bateaux faits par un seul homme. C'est vraiment un patrimoine maritime unique au monde" commente Jean-Pierre Couteleau, président de l'association Eric Tabarly, créée un an après la disparition du navigateur dans le but de "faire vivre son héritage".

"Monument historique"

En 2023, elle compte entre 500 et 600 adhérents. Pendant l'hiver, elle rénove et entretient les navires à Lorient. Le reste du temps, l'association organise des sorties en mer avec des partenaires -- Banque Populaire en est le mécène principal depuis 2003 -- et ses adhérents.

Arnaud Pennarun, Marie et Jacqueline Tabarly, l'ancienne épouse du marin, et l'association entreprennent également depuis plusieurs années un travail de classement de ces bateaux en tant que "monument historique". Pen-Duick premier du nom, qui signifie " mésange à tête noire" en breton, a obtenu ce statut en 2016, permettant des travaux importants de restauration et l'assurance qu'il ne sortirait pas du giron français. Les démarches ont désormais débuté pour les autres voiliers.

"On ne peut pas se permettre de les voir disparaître. Avant la Route du Rhum je me demandais si Pen-Duick avait encore une place dans l'imaginaire français" relate Arnaud Pennarun. Les sourires du public à son arrivée en Guadeloupe a prouvé que c'était bien le cas.

(Avec AFP)

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