La justice se repenche sur les violences familiales dont avait été victime l'ancien sous-préfet de Lorient

Le beau-fils de Pierre Clavreuil, ancien sous-préfet de Lorient, a été de nouveau jugé en appel ce mardi 22 mars 2022, pour des violences commises à l'encontre du haut-fonctionnaire et de son épouse, à Lorient (Morbihan), en novembre 2021.

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Le beau-fils de l'ancien sous-préfet de Lorient (Morbihan) Pierre Clavreuil a été de nouveau jugé en appel ce mardi 22 mars 2022 pour les violences qu'il avait commises en novembre 2021 à l'encontre du haut fonctionnaire et de son épouse.

Les policiers avaient été appelés tôt le matin, le 27 novembre 2021, au domicile du sous-préfet et son épouse à Lorient : la veille, le fils de cette ancienne administratrice du Musée du Louvre-Lens s'était "violemment disputé" avec le couple alors qu'il était alcoolisé et qu'il purgeait chez eux une peine de prison ferme aménagée sous surveillance électronique.

U., âgé de 29 ans et titulaire d'un diplôme de moniteur de voile, métier qu'il ne peut plus exercer suite à sa précédente condamnation pour violences conjugales, était devenu "menaçant" et "agressif" envers son beau-père. 

"Je vais te buter, je vais prendre ta tête et la mettre dans une poubelle", lui avait-il d'abord lancé, selon les propos rapportés par les magistrats rennais à la lecture des pièces du dossier. L'échange avait ainsi duré "une heure", avant que le jeune homme ne brandisse "une plaque en marbre" au-dessus de la tête du sous-préfet et qu'il menace de "lui fracasser le crâne"

Il donnait "des coups de ceinture contre le mur" a quelques centimètres de la tête de sa mère

Sa mère s'étant interposée, U. avait finalement reposé cette "arme par destination", mais s'en était pris à elle : il avait donné "des coups de ceinture contre le mur", et cela "à quelques centimètres" de la tête de cette dernière.

Après son départ, le couple avait constaté la disparition des clés et de la voiture du sous-préfet de Lorient, alors que U. n'avait pourtant pas le permis de conduire.

Le lendemain, vers 6 h du matin, Pierre Clavreuil et sa femme s'étaient réveillés, constatant que le fils de Catherine Clavreuil était revenu et que leur porte vitrée était fissurée : il avait lancé un pavé dans la porte, qui avait été retrouvé à proximité. 

L'examen médico-légal pratiqué sur Pierre Clavreuil et son épouse avait conclu à une interruption totale de travail (ITT) de dix jours pour chacun d'entre eux. L'énarque et son épouse avaient également décrit une "cohabitation très difficile" avec le jeune homme, dont la "consommation quotidienne d'alcool" était "extrêmement importante". 

Entendu une fois dégrisé, U. n'avait pas reconnu les menaces de mort : il avait seulement envisagé de "casser la gueule" de son beau-père. Il avait aussi contesté s'être servi de la plaque de marbre contre le sous-préfet, et avait simplement admis avoir conduit sans permis.

Une peine pas "adaptée" en première instance

Reconnu coupable en première instance par le tribunal correctionnel de Lorient, U. avait alors été condamné à deux mois de prison ferme et quatre avec sursis probatoire. Son maintien en détention avait été prononcé. 

Reste que le ministère public a fait appel du jugement concernant la hauteur de la peine : elle n'est "manifestement pas adaptée à la situation et la gravité des faits". Le sous-préfet et son épouse avaient fait de même, de leur côté.

Présent au procès en appel, l'ancien sous-préfet de Lorient a d'abord déclaré qu'il ne "regrette pas" d'avoir "tout fait pour aider ce garçon". Lui et son épouse - très émus lors de l'audience - ont demandé à la cour d'appel de Rennes de les aider et de les "protéger" pour "poursuivre [leur] vie" et de permettre à U. de "se reconstruire sincèrement, entièrement".

U. a pour sa part reconnu cette fois-ci l'intégralité des faits, et indiqué s'être retrouvé "dans un contexte difficile". "Je n'avais plus de compagne, plus aucun lien social, plus de logement, plus les moyens d'exercer mon métier", a-t-il expliqué.

Dix-huit mois de prison ferme requis

L'intéressé encourt théoriquement jusqu'à quatorze années d'emprisonnement pour ces "violences" aggravées par l'usage d'une "arme" et son état de récidive légale : il avait en effet écopé de six mois de prison ferme et de dix-huit mois de prison avec sursis probatoire pour ses violences conjugales devant le tribunal correctionnel du Havre (Seine-Maritime).

Elle a finalement requis dix-huit mois de prison ferme, avec mandat de dépôt, et six avec sursis probatoire pendant trois ans. Cela obligerait U. à rechercher activement du travail et à se soigner. Il aurait aussi interdiction de paraître dans le Morbihan, de porter une arme pendant cinq ans et de pouvoir être élu pendant deux. La représentante du ministère public a également requis une contravention de 100 € pour les dégradations sur la porte d'entrée du domicile du sous-préfet.  

L'avocate d'U. a pour sa part conclu que son client "regrette" et a affirmé qu'il était "plein de bonne volonté" pour "s'en sortir" : elle a réclamé la confirmation de la peine infligée par les juges lorientais. 

"Je suis désolé, j'aurai le temps de leur dire plus tard, avec le plus de sincérité possible", a enfin affirmé U., en réponse à l'avocat du couple : celui-ci avait pointé que le sous-préfet et son épouse "attendaient bien des excuses aujourd'hui". La décision de la chambre des appels correctionnels sera rendue dans une semaine environ.

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