Le Tribunal de Lorient examine l’affaire dite du "Chinois". Un Lorientais de 38 ans, soupçonné d’être à la tête d’un vaste trafic de cocaïne entre 2018 et 2020. L’homme qui aimait se faire appeler par ce surnom nie le gros des accusations et met en avant son besoin de frimer et de "bling-bling". Le parquet a requis une peine de 13 ans d'emprisonnement.
A l’écouter, il est le concessionnaire automobile de l’année. A la barre du tribunal de Lorient, "le Chinois", comme il aime se faire appeler, nie en bloc avoir été à la tête d’un vaste trafic de cocaïne entre 2018 et 2020. Même s’il reconnait ne pas être "blanc comme neige" et avoir vendu un peu de drogue, il justifie son argent et ses revenus de près de 500 000 euros – selon ses dires - sur la période par la vente de voiture de luxe.
Après un premier jour d’audience où le prévenu a nié le trafic de cocaïne - estimé par le parquet entre 35 et 58 kilos écoulés - il a passé le mardi 27 à nier celui de blanchiment d’argent. Pourtant lors de son interpellation les forces de l’ordre saisissent 175 000 euros en liquide, des vêtements et véhicules de luxe et trois kilos de cocaïne. Des avoirs estimés à plus d’un million d’euros. Une interpellation qui intervient après une enquête et des écoutes téléphoniques.
Il y a une sorte d'addiction aux réseaux sociaux chez vous. Comme si vous étiez prisonnier du regard des autres.
Avocat du "Chinois"
Son rythme de vie hors norme ? "Je suis rentré dans un jeu qui me porte préjudice, avance-t-il." Un besoin de paraître et de paillettes qui l’a piégé. Et qui fait apparaitre notre homme sur des photos avec une montre sertie de diamants à 30 000 euros, au volant de voitures hors de prix et avec des vêtements de luxe. "Le chinois" n’avait pourtant pas de compte bancaire.
Comment a-t-il trouvé tout cet argent ? "J’achetais et je revendais des voitures". Le tout en liquide bien sûr "pour le côté pratique". Mercedes, BMW, Audi ou encore Lamborghini, les plus belles voitures de luxe du moment sont passées entre ses mains.
"C'est le standard du trafic de stupéfiants."
Bastien Diacono, Vice Procureur Adjoint
"Je pensais que le prévenu sortait du commun, qu'il y avait une sorte de magnificence qui lui donnait un caractère exceptionnel... mais je suis tombé de mon arbre, tacle Bastien Diacono, Vice Procureur adjoint. Ce dossier est semblable à tout ce que l'on voit dans les dossiers de stupéfiants." Le VPA évoque les mensonges, les changements de déclarations. "Comme beaucoup de trafiquants, il nous dit qu'il ne l'est pas ou seulement de manière occasionnelle ou récréative mais ce n'est pas ce que nous disent les sonorisations. On l'entend nous parler de ses clients : "les junkies", des quantités de drogues qu'il porte sur lui."
Le parquet a requis une peine de 13 ans d'emprisonnement à l'encontre "du Chinois". Et pour Bastien Diacono, la complicité de trafic de stupéfiants est constituée pour les cinq prévenus qui comparaissent à ses côtés, "voire même la constitution de trafic de stupéfiants".
La tête présumée de ce trafic de cocaîne a déjà été condamnée à 7 ans de prison en 2008 pour des faits similaires.