À Lorient, le sort de la Glacière, site emblématique du port de pêche, est bel et bien scellé. Elle sera démolie. Les premiers coups de pelles sont prévus fin 2021 et marqueront le lancement d’un plan plus vaste de modernisation.
La décision a été officiellement actée ce jeudi 12 novembre par le Conseil régional de Bretagne, propriétaire du bâtiment et Lorient Agglomération qui en assure la gestion : la Glacière, édifice centenaire et emblématique du port de pêche, sera bien démolie. L’action menée depuis plusieurs mois par l’association Glacière 1920.2020.2120 pour lui offrir une seconde vie n’y aura rien fait.
Moderniser le port de pêche
Pour les élus, il y avait "urgence à libérer du foncier" : 15.000 m2 parmi lesquels les 1.500 m2 de la Glacière idéalement située en bord de quai. De plus, depuis 26 ans, "Le Frigorifique", comme on l’appelait dans les années 20 au moment de sa mise en service, ne sert plus que de château d’eau pour distribuer de l’eau de mer aux mareyeurs.
Sous-exploité, il s’est depuis bien dégradé. Le coût de sa réhabilitation est jugé trop élevé, estimé entre 12 et 15 millions d’euros, contre 1 million pour sa démolition. "Nous préférons que ce budget, cet investissement, soient consacrés à la construction de criées, de quais, à la mise à niveau de notre infrastructure portuaire" défend Fabrice Loher, maire de Lorient et président de la Communauté d'agglomération du pays de Lorient.
Manque de communication
De leur côté les membres de l’association Glacière 1920.2020.2120 déplorent l’absence de dialogue sur ce dossier et continuent de défendre "l’intérêt architectural et patrimonial du bâtiment".
Ils n'ont obtenu aucune réponse à leur demande de consultations des délibérations administratives validant le choix de la démolition, de consultations des études (techniques et financières) sur la réhabilitation du bâtiment, de communication du schéma directeur d’investissement sur les infrastructures du port de pêche, du constat d’huissier confirmant le dépôt du permis dans les règles...
"La seule demande ayant reçu un avis favorable a consisté à nous accorder une visite du bâtiment accompagnée d’experts reconnus de la réhabilitation du patrimoine dans la perspective de chiffrer le coût réel de la réhabilitation, chiffre et étude que la Région Bretagne n’aura pas voulu nous transmettre. Ce point interroge sur l’existence même d’une telle évaluation", dénonce dans un communiqué l’association qui s'organisera prochainement pour décider de la suite à donner, "judiciaire ou non".
La filère maritime approuve "une décision de bon sens"
Plusieurs acteurs de la filière maritime lorientaise ont quant à eux salué la décision de détruire la glacière. Des pêcheurs, des mareyeurs, des coopératives maritimes, des entreprises de construction et de la réparation navale estiment que "l’espace libéré par la Glacière permettra d’accueillir de nouvelles entreprises, notamment dédiées aux technologies maritimes d’avenir, et de construire des locaux qui offriront aux pêcheurs les moyens de travailler dans de meilleures conditions lorsqu’ils sont à terre."
Une "maison de la mer"
Avec la déconstruction de la Glacière, et la modernisation du port de pêche, un autre projet devrait également voir le jour : la création d’un "tiers lieu maritime". Une "maison de la mer" qui sera construite à l’entrée du port de pêche et qui regroupera plusieurs associations locales en lien avec le monde maritime.
Un maigre lot de consolation pour les défenseurs de l'édifice : "un écrin appartenant à la mémoire commune".
Le début des travaux de démolition est prévu fin 2021. Ils devraient durer quatre mois. Sur ce même emplacement sera construit un bâtiment destiné au lavage des caisses de criées.