Lorient. Le ferry l'Acadie sur le départ : "Cela fait quelque chose qu'il s'en aille. Je le connais depuis toujours"

L'Acadie est un ancien ferry de la compagnie Océane. Sa carrière est finie en Bretagne et une autre vie démarre pour lui aux Comores. Le bateau a marqué des générations et laissé des souvenirs à ses passagers comme Mathias ou encore à l'un de ses capitaines Ronan Juhel. 

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L'Acadie, ferry de la compagnie Océane, a pendant 45 ans assuré les liaisons vers Belle-Île puis Groix. A la retraite depuis 2016 et après plusieurs ventes aux enchères, il a finalement trouvé preneur cet été. Sa carrière est bel et bien terminée en France, il ne répondait plus aux normes en vigueur, mais une autre vie démarre pour lui aux Comores, dans le fret


Le bateau qui bravait les tempêtes


Ronan Juhel, maire de Sauzon, a passé 20 ans à son bord, comme capitaine. A deux équipages, ils assuraient minimum cinq rotations par jour. 600 personnes, des véhicules, "c'était un rythme soutenu, on chargeait, on déchargait".

Lui qui a fait toute sa carrière dans la marine marchande, 37 ans en tout, évoque son attachement pour ce bateau dont il a pris la tête à l'âge de 29 ans. "Il avait un peu moins de puissance au niveau des propulseurs d'étrave mais il a bravé toutes les tempêtes. Tous les hivers il était là. C'était un bateau solide pour ce genre de traversée." 

C'était de super belles coques, avec des moteurs français, c'était inusable


D'emblée, Ronan Juhel raconte ce souvenir, celui du 24 décembre 1999, "la veille de la marée noire à Belle-Île, alors qu'on était en pleine tempête." "C'était impossible d'aller sur Quiberon ou Port-Maria. J'ai décidé de faire deux rotations vers Port-Haliguen, pour ramener les gens chez eux. Mais j'ai aussi embarqué d'autres passagers plus singuliers, des pompiers de la sécurité civile qui allaient intervenir sur la marée noire."

"On a dû prendre le temps pour le dernier tour vers le Palais. On a mis 1 h 30 pour rentrer avec des creux d'au moins 8 mètres sur la Teignouse." 

 

Les liaisons maritimes, c'était notre cordon ombilical


Ronan Juhel se rappelle aussi de l'esprit, à bord. "C'était un esprit maritime, on travaillait ensemble, on était tous des gens de Belle-Île. On avait une fierté de faire cette liaison, d'assurer ce service public, c'était notre cordon ombilical." Il ajoute : "Les gens avaient confiance en nous. On passait, par tous les temps."

Après cette période, Ronan Juhel est reparti au large, avant de prendre sa retraite il y a 5 ans. 

"Qu'il continue à naviguer c'est pas mal" observe-t-il à propos de la nouvelle aventure de l'Acadie vers les Comores. "Ici, il n'aurait pas pu continuer, avec la réglementation qui a changé." 

Il y a plein d'étapes de la vie qui sont marquées par ces trajets

Mathias

Mathias Le Bayon s'installe sur le ponton de l'Acadie, une toute dernière fois. L'émotion est là. "Cela fait quelque chose qu'il s'en aille. Je le connais depuis toujours. Je l'ai utilisé tant qu'il a été en service. On habitait Belle-Île avec mes parents. Quand j'étais à l'internat, je rentrais le week-end avec, je repartais. C'est une grosse partie de ma vie. Pour les insulaires, c'est super important ces bateaux là, c'est le lien avec le continent."

C'est dans le bateau que j'ai rencontré ma femme il y a plus de 30 ans ! On s'est rencontrés en faisant les allers-retours au lycée. 

Mathias

Il ajoute : "C'est un marqueur fort ce genre de bateau, un mouvement journalier. Les gens à bord aussi c'était des figures connues, reconnues, avec lesquels on avait des liens, comme le capitaine une personnalité importante sur l'île ou les gars de la compagnie, toujours aux soins, qui nous engueulaient parfois quand on était petits, si on mettait les pieds sur les sièges."

"C'était un trait d'union. Pour des classes d'âges, ça créé une cohésion sur des choses que l'on va vivre en même temps. On avançait au même rythme", souligne Mathias.

Le nouvel équipage de L'Acadie est presque au complet. Le ferry filera vers les Comores la première quinzaine de janvier. 

 

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