Le temps est gris et pluvieux ce 7 janvier 2025 à La Trinité-sur-Mer. Dans la commune de Jean-Marie Le Pen, l’annonce du décès du fondateur du Front National, mort à 96 ans, attriste certains promeneurs et les membres de son parti. D’autres, au contraire, espèrent qu’une page se tourne, vers une autre façon de faire de la politique, plus apaisée, plus positive.
"C’était un menhir, fier de ses origines bretonnes. Un pays où on est trempé dans la dureté de la vie quotidienne commence, Gilles Pennelle, conseiller régional de Bretagne et député européen du Rassemblement national. "Son père était marin pêcheur. Ces gens qui avaient de longues journées, qui ne gagnaient pas beaucoup d’argent mais qui ont fait la France. Il a eu une enfance très difficile. Il est né dans une maison en terre battue et a lui-même gravi tous les stades de la vie politique pour créer le mouvement auquel je suis fier d’appartenir."
La France perd un grand soldat pic.twitter.com/KzGFDYCIWL
— Gilles Pennelle (@GillesPennelle) January 7, 2025
Gilles Pennelle ne masque pas sa tristesse "Je suis ému parce que ça me rappelle une partie de ma jeunesse. J’ai collé mes premières affiches pour Jean-Marie Le Pen, j’ai assisté à des dizaines de meeting de Jean-Marie Le Pen."
"Visionnaire" pour les uns
"C’est triste parce qu’on a des bons souvenirs, confie aussi Florent de Kersauson, conseiller régional de Bretagne Rassemblement national depuis 2021. C’était un type drôle, intelligent."
Il était peut-être trop malin, trop tôt.
Florent de Kersauson,conseiller régional Rassemblement national de Bretagne
"Ma génération, on ne l’a peut-être pas assez écouté, regrette-t-il, parce que les jours d’aujourd’hui lui donnent raison sur beaucoup de sujets. Il était peut-être trop malin, trop tôt."
Un sentiment que partage le député européen, "il a été un visionnaire. Il y a près de 50 ans, il a annoncé ce qui nous arrive aujourd’hui. On doit lui reconnaître ça. Il a attiré l’attention des Français sur un péril mortel qui est l’immigration de masse. C’est lui, qui, telle la vigie, a dit attention, il y a quelque chose qui arrive qui nous menace gravement."
Modèle pour d’autres
Elouan Racineux, l’assistant parlementaire de Gilles Pennelle, est beaucoup trop jeune pour avoir connu le menhir. Mais engagé au RN, il ne peut que parler d’un "personnage extraordinaire, qui a marqué l’histoire de France."
"Il a mis en garde contre les dangers d’une immigration incontrôlée et il a tenu cette bannière de la souveraineté nationale, pour laquelle moi je me suis engagé. Donc c’est quelqu’un qui a influencé de manière certaine ma vision de la politique."
Admiré et controversé
Dans les rues et sur le port de la Trinité-sur-Mer, tous ont un jour aperçu la silhouette de Jean-Marie Le Pen et connaissent la maison familiale. "Sa mort m’attriste beaucoup témoigne une dame, parce que c’est un homme qui était un tribun qui a eu certes quelques mots maladroits lors de différents discours, mais c’est un homme qui aimait son pays. Il fait partie des grands hommes qui ont compté pour ce pays. J’avais une certaine admiration pour l’homme."
D'autres ne partagent pas." Personnellement, je ne vais pas verser de larmes, ce n’était pas ma personnalité politique préférée. J’espère que ce décès soit le commencement d’une autre vie politique, peut être plus apaisée, pleine d’espoir et de choses un peu plus positives", déclare une passante.
"On n’était pas très d’accord avec ses idées, confient deux jeunes filles, donc ce n’est pas une mauvaise chose."
À gauche, la députée d’Ille-et-Vilaine, Marie Mesmeur s’agace des hommages rendus à cet homme violent, négationniste et raciste.
Aujourd'hui ce n'est pas la mort d'un "personnage controversé" que la presse tente de romancer.
— Marie Mesmeur (@MarieMesmeur) January 7, 2025
C'est la mort d'un homme violent qui torture, d'un misogyne, négationniste et raciste. D'un bourreau.
Pas de pitié. Pas de romantisation.
Pour toujours contre l'extrême droite. https://t.co/iodcOURZHg
"Tout n’a pas été rose dans sa vie politique, admet Gilles Pennelle qui concède qu’il y a eu des moments où "il n’a pas été très sympathique, mais je reconnais un monument de la vie politique. C’était un grand parlementaire."
Et le député se réjouit du score arraché lors des élections européennes en juin. La liste menée par Jordan Bardella est arrivée en tête avec 26% des voix en Bretagne. "Jean-Marie Le Pen a eu l’occasion de voir que ses idées, nos idées, les idées du Rassemblement national ont pu progresser aussi en Bretagne." Et son attaché parlementaire de conclure, "sa disparition ne changera rien au fait que l’on arrivera au pouvoir un jour."
(Avec Gilles Raoult et Hélène Pedech)