Législatives 2024 en Bretagne. Des scores en hausse mais aucun élu pour le Rassemblement National, douche froide pour le parti de Jordan Bardella

Au soir du premier tour des législatives, le Rassemblement National était arrivé en tête dans cinq circonscriptions bretonnes et s’était qualifié pour le second tour dans 26 circonscriptions. Des scores historiques. Mais ce 7 juillet 2024, aucun des candidats RN n’a été élu. Entre colère et amertume, ils dénoncent des alliances contre-nature et annoncent qu’ils feront mieux la prochaine fois.

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22h, ce 7 juillet 2024, soir du deuxième tour des élections législatives, Noël Lude se penche sur le téléphone portable de son suppléant. 45,25% … "C’est un très bon score !, se réjouit-il,… avant d’ajouter aussitôt, mais on n’a aucun élu !"

Le candidat du Rassemblement national a perdu son duel face à la députée sortante Muriel Lepvraud (LFI) dans la 4e circonscription des Côtes-d'Armor. Mais il veut relativiser. "On partait de très très loin, il y a deux ans, on avait fait à peine 7 000 voix. Au premier tour cette fois, on a rassemblé 19 600 électeurs, 23 000 au second. Malgré le Front républicain, on a progressé."

Le Front républicain, cause de tous les maux

"On s’est retrouvé face à un parti unique qui allait de Poutou à Edouard Philippe" dénonce Quentin Lefebvre. Jeune militant du Rassemblement National, il dénonce les alliances qui se sont constituées dans l’entre-deux-tours.

Ce qui s’est passé entre les deux tours, ce front anti RN pour garder des places, c’est de la tambouille électorale, un Front Macron/Mélenchon

Noël Lude,

candidat Rassemblement National dans la circonscription de Guingamp

"Le jeu du barrage a encore fait son travail ce soir" constate Antoine Olivieiro, sorti par Nicole Le Peih (Renaissance) dans la 3e circonscription du Morbihan.

"Le désistement m’a été tragiquement défavorable, souligne aussi Jacques François (42,4%). La conseillère régionale de la majorité Anne Patault s’était retirée au profit de la députée Nouveau Front Populaire sortante, Mathilde Hignet dans la 4e de l'Ille-et-Vilaine. "Ce qui s’est passé entre les deux tours, ce front anti RN pour garder des places, c’est de la tambouille électorale, un front Macron/Mélenchon," assène-t-il.

LIRE : Législatives 2024. "Terre de résistance", "territoire modéré"... Est-ce le vrai visage politique de la Bretagne ? (francetvinfo.fr)

En Bretagne, le Rassemblement National était en tête dans cinq circonscriptions à l'issue du 1er tour et présent dans les 26 où un second tour se jouait.

"Nous avons obtenu 544 601 voix en Bretagne mais nous n’avons pas un député ", questionne Gilles Pennelle, directeur général du Rassemblement National. En nombre de voix, le Rassemblement National est arrivé en tête dans les Côtes-d'Armor et dans les 7 ciconscription en jeu au second tour en Ille-et-Vilaine.

"Tout cela, c'est à cause d’alliances contre-nature, de candidats macronistes qui appellent à voter LFI et vice et versa", dénonce-t-il en évoquant "le mariage de la carpe et du lapin".  

A LIRE : CARTE. Découvrez la vague bleue du Rassemblement National en Bretagne, ville par ville

Des électeurs qui risquent de se sentir lésés

"Le 9 juin, le soir des Européennes, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale pour redonner la parole au peuple, note Antoine Olivieiro, et puis cette semaine, il se prête au jeu des pires alliances pour contrer la parole du peuple."

Entre les deux tours, Noël Lude est passé de 34,3 % à 45,25% des suffrages. "Les électeurs sont déçus, ils avaient fondé beaucoup d’espoirs, il y a des gens qui vont être frustrés et cela va laisser des traces. Ils ont l’impression que leurs votes n’ont servi à rien, ça peut devenir dangereux. J’espère qu’on ne va pas vers une forme de chaos. Je ne sais pas très bien où on va et je me demande comment monsieur Macron va se débrouiller de tout ça."

"L’espérance, c'est le désespoir surmonté", Tristan Lefebvre cite Bernanos. "On va aller voir nos électeurs, leur dire qu’il faut continuer, ne pas baisser les bras", explique le jeune militant.

La question de la proportionnelle

La différence entre le nombre de voix pour le RN et le nombre de députés élus repose la question de la proportionnelle. "Nous sommes pour son rétablissement, indique Gilles Pennelle, si cela avait été le cas, nous aurions aujourd’hui la majorité absolue à l’Assemblée nationale."

"Une dose de proportionnelle serait sans doute nécessaire pour que l’on ne vive pas des situations comme ça ", affirme aussi Noël Lude.  

Mais Tristan Lefebvre se montre plus prudent. "La proportionnelle, dit-il, c’est un vrai sujet. Ce ne serait pas sérieux de vouloir changer le mode de scrutin maintenant alors que nous sommes dans une telle situation de crise."

Eux ou le chaos ?

À chaque détour de phrase, la promesse du chaos revient dans la bouche des candidats et des électeurs du RN. Sans eux, point de salut, préviennent-ils.

Noël Lude a adhéré au RN en 2017. "Avant, j’avais toujours voté à gauche, confie-t-il. Mais quand j’ai vu arriver la présidentielle… La France, elle ne se mène pas comme une entreprise, c’est pourtant ce qu’il a fait et on va vers la catastrophe. On disait de lui qu’il était le Mozart de l’économie et on en est à 1 000 milliards de dettes supplémentaires."

Le candidat battu s’inquiète pour les mois à venir :" l’immigration, c'est un risque majeur" affirme-t-il. "Dans son programme, LFI annonce qu’elle veut accueillir tout le monde. Ils veulent créer un statut de réfugié climatique et régulariser toutes les personnes qui sont sur le territoire… on n’a pas été capables d’assimiler toutes les personnes qui sont arrivées, si on en accueille encore plus, je ne sais pas comment on va faire."

Les électeurs avaient envoyé deux députés Rassemblement national à l’Assemblée nationale en 2017, 89 en 2022, presque deux fois plus cette fois-ci : 149 députés.  

"Monsieur Macron devra s’expliquer, c’est lui qui a fait monter le Front populaire aussi haut, conclut Antoine Oliviero. Il s’interroge, "on est dans un pays qui avait envie de sécurité, de moins d’immigration, de plus de pouvoir d’achat et on se retrouve avec un président qui va devoir gouverner avec une gauche forte." Il prévient, "on n’abandonne pas le combat, on va revenir !"

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