Une soixantaine de personnes se sont mobilisées à l'appel d'associations environnementales à Lorient, ville, dont le Ministre de la Mer, Fabrice Loher, est le maire, ce lundi 11 novembre. Les associations dénoncent l'accaparement de quotas de pêche par le "navire-usine" géant, l'Annelies Ilena, exploité par la Compagnie des Pêches de Saint-Malo. Fabrice Loher a confirmé qu'i y aurait "échanges" de quotas de pêche avec la Pologne.
"Stop aux destructeurs de l'océan, désarmons la pêche industrielle" peut-on lire sur leurs banderoles : ils sont une soixantaine de militants de la cause environnementale, présents devant l’hôtel de ville de Lorient ce 11 novembre 2024.
Une manifestation à l'appel du collectif "Extinction Rébellion", contre l'exploitation du navire usine l'Annelies Ilena, par la compagnie des pêches de Saint-Malo. Les associations environnementales craignent que l'essentiel des quotas de pêches français du merlan bleu soient attribués à ce géant des mers. Ils ont tenté de rentrer dans l'Hôtel de ville. Une délégation a pu être reçue à la mairie par le ministre Fabrice Loher.
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Un bateau polonais, propriété d'un armateur néerlandais
Le navire usine, Annelies Ilena, qui bat pavillon polonais, propriété d'une multinationale néerlandaise, est de retour du Panama et de l'Atlantique sud. Il est actuellement à quai dans le port des Pays-Bas d'Ijmuiden, près d'Amsterdam, là où il débarque son chargement. Trop grand, quoi qu'il en soit, pour pouvoir rentrer dans le port de Saint-Malo.
Il faut dire que le plus gros chalutier d'Europe, baptisé parfois "navire de l'enfer", capable de pêcher 400 tonnes de poissons par jour, fait figure d'"ogre des mers", avec ses 145 mètres de long, soit plus de 13 fois la taille moyenne d'un chalutier français.
Ce navire, qui doit être exploité par la Compagnie des Pêches de Saint-Malo, en remplacement du Joseph Roty II, en fin de vie, a été réaménagé pour pêcher le merlan bleu et le transformer en pâte de surimi. Un investissement de quelque 15 millions d'euros. Mais l'exploitation est bloquée en raison de cette problématique de quotas.
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Crainte de l'accaparement des quotas français pour la pêche du merlan bleu
Les manifestants redoutent que les quotas français, attribués au Joseph Roty II, ne lui soient transférés. Car la Pologne, pavillon du bateau, ne dispose pas de quotas de pêche de merlan bleu. Fabrice Loher, ministre de la Mer, qui a reçu les militants ce lundi, leur a réaffirmé que "cette question du transfert des quotas du Joseph Roty II à l'Annelies Ilena n'était pas à l'ordre du jour. Il n'y a pas de décision de prise. C'est une question complexe, en termes de contreparties potentielles, a ajouté le ministre, ce sont des quotas de pêche qui appartiennent à la France et qui doivent rester la propriété de la France, c'est la clef de lecture qui sera la mienne dans cette affaire."
La question du transfert des quotas n'est pas à l'ordre du jour. Ce sont des quotas de pêche qui appartiennent à la France et qui doivent rester la propriété de la France.
Fabrice Loherministre de la Mer
Le ministre a rappelé cependant que les échanges de quotas étaient une pratique courante et habituelle, entre les différentes organisations de producteurs, dans le cadre de la politique commune des pêches, mais qui implique l'autorisation de l'État, pour des échanges avec d'autres nations.
Du "transfert" à "l'échange" de quotas de pêche
Il s'agirait en l'occurrence d'échanger avec la Pologne des quotas de cabillaud contre du merlan bleu. Des espèces pêchées en mer du Nord, au large de l'Islande.
"Nous regardons toujours, pour les décisions que nous prenons, l'impact environnemental, mais aussi économique et social, a encore fait remarquer Fabrice Loher. Nous nous adressons à une entreprise, la Compagnie des Pêches de Saint-Malo, qui fait vivre 350 salariés sur cette activité de pêche et de transformation (...) et donc sur cette question des échanges, je serai amené dans quelques jours à les autoriser. Mais il ne s'agit pas de transfert" a répété le ministre.
Nous regardons toujours, pour les décisions que nous prenons, l'impact environnemental, mais aussi économique et social. (...) La Compagnie des Pêches de Saint-Malo fait vivre 350 salariés sur cette activité de pêche et de transformation.
Fabrice Loherministre de la Mer
Contactée, la Compagnie des Pêches de Saint-Malo n'a pas tenu à s'exprimer sur sa situation.
Les manifestants des associations Extinction Rébellion, mais encore Bloom ou Seastemik, sont sortis déçus de leur entrevue avec le ministre, car s'ils ont bien noté qu'il n'y aurait pas de transfert de quotas, ils restent dubitatifs sur la notion d'échange. Surtout, ils n'ont pas senti une volonté du gouvernement de défendre une pêche raisonnée. Ils regrettent "l'existence même de navire tel que l'Annelies Ilena, symbole d'une pêche industrielle destructrice des océans, alors que les stocks de poissons sont en train de s'effondrer".