"On s'est laissé faire par la ratatouille des Sea Shepherd et compagnie", à Lorient, une nouvelle coalition pour défendre la pêche bretonne

Depuis plusieurs semaines, un comité de survie de la pêche est en train de s’organiser pour défendre la filière face aux prises de position des ONG environnementales. Mais tous les pêcheurs ne sont pas dans le même bateau.

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"Les pêcheurs sont traumatisés. On veut tuer la profession". Alain Le Sann, l’un des fondateurs de la Coalition pour l’avenir de la pêche, ne mâche pas ses mots. Il faut dire que la filière ne se remet pas de la fermeture du golfe de Gascogne, pendant un mois, du 22 janvier au 20 février 2024, afin de limiter les captures accidentelles de petits cétacés.

Une fermeture qui a été violente pour les professionnels. Les pêcheurs ont eu le sentiment d’être pris en otage et de ne pas être audibles face à la puissance médiatique des ONG.

À LIRE : Le golfe de Gascogne fermé pendant 1 mois. "Il n'y a rien de pire pour un pêcheur que de rester à quai"

Ils craignent aussi que ces interdictions se multiplient alors que, le 26 mars dernier, une cinquantaine d’associations et des dizaines de personnalités publiques lançaient une grande Coalition pour la protection de l’océan, à l'initiative de l'association Bloom. 

Des pêcheurs pas tous sur la même ligne

Une guerre médiatique pour laquelle les acteurs de la filière veulent cette fois être préparés. "On veut créer une contre-coalition en redonnant la parole aux pêcheurs, on veut essayer de se battre à armes égales" poursuit le Lorientais Nicolas Coguen, patron du Drakkar et initiateur de ce nouveau collectif. 

La Coalition pour l'avenir de la pêche s’appuie notamment sur le syndicat FO des travailleurs de la mer créé il y a quelques semaines. Ils ont ainsi pu recruter une avocate parisienne pour être représentés directement au Conseil d'État et tenter de contrer une nouvelle fermeture du golfe de Gascogne.

"Si on ferme l'année prochaine pendant 4 mois comme les ONG le demandent, ce sera la faillite pour moi et beaucoup de pêcheurs" déplore Nicolas Coguen, qui n'a pas eu le droit aux aides cette année et qui a perdu 20.000 euros de chiffre d’affaires. 

On s'est laissé faire par la "ratatouille" des Sea Shepherd, Bloom et compagnie, c'est fini ! On veut rétablir la vérité sur le marin

Nicolas Coguen

Coalition pour l'avenir de la pêche

Alors que le Comité national des pêches et son président Olivier Le Nézet sont contestés par certains professionnels de la mer, la Coalition juge que cet organe est utile mais qu'il n'est pas suffisamment efficace.

Pour Nicolas Coguen, il est temps que les pêcheurs reprennent directement les choses en main, sans intermédiaire. "Les ONG veulent nous exterminer, toute communication est impossible avec elles et nous refusons toute politisation du débat" affirme-t-il.

Ce n’est pas l’avis de l’Union française des pêcheurs artisans (UFPA), créée début mars, et de son vice-président David Le Quintrec. L’UFPA prône le dialogue et la concertation. "Le seul sujet de la Coalition pour l'avenir de la pêche c’est de partir en guerre contre les ONG, argue David Le Quintrec. Cela ne mènera jamais à rien. Nous voulons choisir une autre voie que la confrontation".

À LIRE : "Au lieu de se laisser mourir, on agit": l'Union française des pêcheurs artisans veut défendre les intérêts de la filière

Des craintes pour l'avenir de la pêche

David Le Quintrec indique avoir multiplié les rendez-vous, notamment avec les acteurs politiques nationaux, dont le Premier ministre Gabriel Attal avec qui il a déjeuné lors de sa venue en Bretagne le 9 mai dernier. "Nous voulons aussi défendre le métier de la pêche artisanale directement au niveau européen" renchérit-il.

Au centre des préoccupations de toute la filière pêche : une nouvelle fermeture du golfe de Gascogne en 2025, la question de l’interdiction de la pêche au chalut dans les aires marines protégées ou encore la volonté d’étendre les fermetures de zone, comme le demandent les ONG.

"C’est insensé d’interdire totalement des zones de pêche, martèle Alain Le Sann. Les professionnels ont toujours été responsables et ont toujours fait preuve de souplesse. En fonction des années, des zones et de l’état de la ressource, ils ont su jusqu’ici adapter leurs techniques".

Même analyse du côté de David Le Quintrec : "Le pêcheur n'est pas le criminel que l'on veut faire croire. Nous sommes les premiers écologistes sur l'eau".

La Coalition pour l’avenir de la pêche a également pour objectif de faire entendre sa voix jusqu’à la Conférence des Nations-Unies sur l’Océan qui se tiendra à Nice en juin 2025.

L’association sera présentée officiellement le 5 juin prochain, à Lorient, lors d’un évènement organisé à l’occasion de la journée mondiale de l’océan.

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