Placement éthique, financement participatif, épargne citoyenne : comment investir son argent de manière responsable ?

Construire une éolienne, poser des panneaux photovoltaïques, louer des terres agricoles, bâtir du logement partagé.... Des actions possibles grâce à l’épargne citoyenne. Comment ça fonctionne et qu’est-ce que ça rapporte ? Exemple dans le pays de Lorient.

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Connaissez-vous la semaine de la finance responsable ? Un événement qui existe depuis une dizaine d’années et qui promeut le développement d’une économie durable. Cette année, elle se déroule du 25 septembre au 05 octobre 2024. Il existe plusieurs moyens de placer ses euros dans des projets à vocation environnementale, solidaire ou sociale.

Acheter des actions dans une société citoyenne

Il en existe beaucoup en Bretagne. Des entreprises créées par des citoyens qui ont un objectif : financer la création d’un parc éolien par exemple, ou contribuer au développement de l’énergie photovoltaïque. C’est la vocation de la SAS (société par actions simplifiées) OnCIMè à Lorient.

L’entreprise est née en 2015. 182 personnes ont pour le moment investi leurs deniers dans ce projet. Pour en faire partie, ils ont acheté au minimum une action évaluée aujourd’hui à 79 euros et se sont engagés pour 4 ans. Chaque personne est sociétaire de l’entreprise et à voix au chapitre dans les prises de décision.

OnCIMè installe des panneaux photovoltaïques sur les toits des magasins ou de bâtiments publics comme des écoles ou des mairies. Le bâtiment produit ainsi de l’électricité verte en autoconsommation et l’entreprise citoyenne touche un loyer qui lui permet de continuer à développer de futures installations. Un cercle vertueux dans une démarche environnementale.

L’épargne citoyenne permet à chacun de reprendre la main, de s’impliquer dans la société concrètement et de comprendre aussi, dans notre cas, comment on peut produire de l’électricité durablement.

Jean-Luc Danet, président de la SAS OnCIMè

Même principe pour la SCI (société civile immobilière) La courte échelle, née à Lanester pendant la crise sanitaire. L’objectif était alors de racheter des terres bio et de les confier à des paysans pour maintenir une activité agricole.

"Nous avons eu près de 300 associés qui nous ont rejoints et qui ont acheté des parts à 100 euros minimum", se rappelle Myrianne Coche, cogérante de La courte échelle. "Nous avions besoin de 112 000 euros pour acquérir les terres et nous avons obtenu 272 000 euros !"

L’aventure s’est donc poursuivie et aujourd’hui la SCI compte 400 adhérents. Elle a créé une ferme apprenante et a permis à plusieurs paysans bio de s’installer en payant un loyer accessible et en limitant la prise de risque financière.

Nous ne sommes pas là pour faire fructifier les actions mais pour rendre des terres bio disponibles pour les exploitants

Myrianne Coche, cogérante de La courte échelle dans le pays de Lorient

Une démarche militante qui, à terme, ne devrait pas rapporter un centime ux souscripteurs mais qui garantie qu’ils ne perdront pas non plus leur mise de départ. Ce type d’épargne citoyenne demande en revanche de l’investissement personnel car le but est que chacun soit acteur de l’entreprise.

 

Le financement participatif

C’est aujourd’hui l’un des moyens de financement les plus populaires. Les plateformes sont légion sur internet. HelloAsso, Ulule, KissKissBankBank ... Mais aussi des sites bretons comme Kengo. Il s’agit d’une forme de mécénat ou la valeur des contreparties peut être dérisoire.

Certaines communes ont eu aussi recours à ce type de financement pour des projets ciblés. Brest, par exemple, a rencontré un succès inattendu avec sa collecte d’épargne solidaire pour construire la seconde ligne de tramway.

A LIRE AUSSI "ça permet aux brestois d'investir dans leur territoire". La collecte de financement citoyen pour la 2e ligne de tram rapporte près d'un million d'euros.

Il existe aussi le réseau des Cigales, une association qui a fêté l’année dernière ses 40 ans, et qui fédère une trentaine de clubs d’investisseurs dans toute la Bretagne. Plusieurs millions d’euros ont déjà été investis dans des entreprises et des initiatives, avec parfois une prise de risque financière.

 

Les placements éthiques

Certaines banques proposent d’acquérir des actions dans des entreprises qui ont un impact social et environnemental. C’est ce qu’on appelle l’ISR, l’investissement socialement responsable. En France, ce type de placement séduit de plus en plus.

La NEF, par exemple, une banque coopérative, s’est même spécialisée dans ce type d’épargne. Née en 1988, elle est la seule banque qui gravite hors des circuits financiers.

Le client dispose d’un livret sur lequel il peut retirer de l’argent à tout moment mais dont une partie permet de financer des entreprises dans le domaine de l’économie sociale et solidaire ou à vocation environnementale.

Gwenn Seiller, est le référent à Lorient de la NEF, son travail est justement de trouver des entreprises éthiques.

Notre raison d’être c’est de redonner du sens à l’épargne des personnes. Nous sommes un outil pour ceux qui veulent participer, sans s’investir personnellement dans les entreprises.

Gwenn Seiller, banquier référent de la NEF pour la Bretagne

Qu’est-ce que ça rapporte ?

Si vous cherchez à faire de substantiels bénéfices, passez votre chemin ! Jean-Luc Danet de OnCIMè confirme : "Si vous achetez une action à 71 euros chez nous, quand vous aurez la possibilité de vous en séparer 4 ans plus tard, elle vous rapportera environ 8 euros". Un bénéfice de 10% en 4 ans, ce n’est pas si mal, mais on parle ici de petits investissements.

Même chose pour la Nef qui rémunère son livret à 0,5 % par an. L’épargne citoyenne profite d’abord au bien commun. "C’est plus d’implication dans la société, martèle Jean-Luc Danet, c’est acquérir des connaissances, cela permet l’éducation populaire et de contribuer au développement durable". Un investissement pour les générations futures en somme... qui n’a pas de prix.

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