La Première ministre conservatrice polonaise a déclaré samedi que son pays tentera de "sauver de la censure" la statue de Jean Paul II installée dans le Morbihan. Elle propose de la ramener en Pologne.
Le Conseil d'Etat français a enjoint mercredi 25 octobre à Ploërmel de retirer la croix surplombant la statue de Jean Paul II installée sur une place de la commune, au nom du respect de la loi de séparation des Églises et de l'État. La plus haute juridiction administrative française, en confirmant une décision de première instance, laisse six mois à la ville de Ploërmel pour procéder à ce retrait. La statue en elle-même n'est pas remise en cause.Contre le "diktat du politiquement correct"
"Le gouvernement polonais tentera de sauver de la censure le monument de notre compatriote (Jean-Paul II, ndlr), et nous proposerons de le transférer en Pologne, en cas d'accord des autorités françaises et de la communauté locale", a déclaré Mme Szydlo à l'agence PAP."Notre grand compatriote, un grand Européen, est un symbole de l'Europe chrétienne unie. Le diktat du politiquement correct, de la laïcisation de l'Etat, laisse la place libre à des valeurs qui nous sont étrangères culturellement et qui mènent à terroriser la vie quotidienne des Européens", a encore déclaré la Première ministre polonaise.
Depuis la décision du Conseil d'État, de très nombreux internautes dont des anonymes et des sympathisants des milieux conservateurs et FN critiquent cette décision sur Twitter avec le hastag #MontreTaCroix.
Un "feuilleton judiciaire" de plus de 10 ans
La statue, don de l'artiste russe Zourab Tsereteli, avait été installée sur une place de Ploërmel sous une arche surmontée d'une croix, après une délibération de la commune du 28 octobre 2006.La Fédération de la libre pensée et deux habitants de la commune avaient saisi le tribunal administratif de Rennes après le refus implicite du maire de retirer le monument, d'une hauteur de 7,5 mètres. Le 30 avril 2015, le tribunal avait enjoint au maire de Ploërmel de faire retirer le monument de son emplacement. Une décision annulée le 15 décembre 2015 par la cour administrative d'appel de Nantes qui invoquait une erreur de droit.
Le Conseil d'État a en partie donné raison au tribunal administratif en estimant que la croix était contraire à la loi de 1905, qui interdit "d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public".
Contrairement au tribunal, il estime en revanche "que l'arche ne saurait, par elle-même, être regardée comme un signe ou emblème religieux" au sens de la loi. Le Conseil d'État ne se prononce pas sur le retrait de la statue en elle-même, la délibération la concernant étant devenue définitive.