Un ancien militaire de 44 ans avait criblé de dix-huit balles les ouvertures de la maison de ses voisins à Monterblanc (Morbihan). La cour d'assises d'appel de la Loire-Atlantique a confirmé la peine prononcée il y a un an à Vannes. Dix-huit ans de réclusion criminelle.
"Mon affaire a fait le tour [du centre pénitentiaire, ndlr] de Ploemeur... Tout le monde le dit, que ce soit les surveillants ou les détenus : j'ai pris trop cher", avait-il justifié au premier des quatre jours de son procès en appel à Nantes.
Ce fils d'un ancien gendarme de Ploërmel (Morbihan), avait eu un premier esclandre, fin août 2020, avec ces voisins qu'il n'avait jamais croisés jusqu'alors. Il s'était plaint alors du "bruit du moteur" que faisait le camion du mari, chauffeur routier, quand celui-ci le faisait tourner devant sa maison tôt le lundi matin avant de prendre la route pour la semaine. Le fils de la famille l'avait alors éconduit en lui disant qu'il avait "le temps de dormir le matin" puisqu'il était "chômeur"...
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Cet ancien grenadier-voltigeur au 3e Régiment d'infanterie et de marine (RIMA) de Vannes, ancien chasseur âgé de 44 ans, était alors revenu cinq jours plus tard, le 4 septembre 2020, à l'heure de la sortie des écoles. Il avait "arrosé avec de la chevrotine pour les sangliers" la façade de la famille, selon le parquet. Sa voisine, assistante maternelle de métier, s'y trouvait alors, avec deux enfants qu'elle gardait.
Il était convaincu que ces voisins "passaient leurs journées à lui chier dessus"
Lors de ce nouveau procès, il est apparu que Jimmy Guého avait des "traits de personnalité paranoïaque". Il était convaincu par exemple que ses voisins "passaient leurs journées à lui chier dessus". Les psychiatres n'ont pas pu vraiment se pencher sur son cas, car pendant l'enquête, il a refusé d'être extrait de sa cellule. Cet allocataire du Revenu de solidarité active (RSA) - qui avait rejoint l'armée "pour voir du pays" et "pour l'aventure" mais qui l'a quittée "sans préavis" à cause des "ordres abusifs" de ses chefs - avait renoncé à trouver du travail après la perte de son dernier emploi de chauffeur routier "à cause de la crise de 2008". Il passait donc ses journées "sur internet et les jeux vidéo"... mais "ne jouait pas à Call of Duty", avait-il tenu à préciser au premier jour de son procès, en référence au jeu vidéo de guerre où le joueur incarne un soldat armé.
Une famille dysfonctionnelle
Sa mère Monique, elle-même ancienne assistante maternelle, âgée de 67 ans a dit cette semaine aux jurés que personne n'aimait son fils à part elle : "On est les deux rejetés de la famille". Sa fille Sandra - qui a décrit le "climat incestueux" qui régnait sa famille - a en effet coupé les ponts avec cette mère, qui aurait dit avoir "donné de la mort-aux-rats" à son mari. Leur père s'est d'ailleurs présenté à la cour pour témoigner. Cet homme qui "évite de contredire" sa femme n'a pas été interrogé sur cet épisode. "J'ai la faculté d'oublier et d'évacuer... Cela tient à mon passé professionnel", avait simplement dit l'ancien gendarme pour expliquer pourquoi il n'avait jamais interrogé son fils sur son crime.
18 ans comme en première instance
Devant la cour d'assises d'appel de la Loire-Atlantique, l'avocat du fils a plaidé l'acquittement pour la "tentative d'assassinat" de Jimmy Guého de ses propres voisins puisqu'il n'y a "pas eu de projet de tuerie".
Tirer dix-huit fois et ne toucher personne, ce n'est pas un miracle et cela n'a rien à voir avec la chance : il voulait simplement leur faire la peur de leur vie
Aurélien Ferrand, avocat de la défense
Il a suggéré une peine de "douze ans" de prison, alors que son client en a déjà purgé cinq à l'heure actuelle.
Jimmy Guého a finalement été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle, comme en première instance. La présidente a justifié la décision par "l'extrême gravité" de sa "tentative d'assassinat", mais aussi par son "retentissement extrême sur les parties civiles et sur la commune".
(Avec Press Pepper)