La Ligue des droits de l'Homme dénonce la destruction d'une oeuvre artistique à Bignan

Dans une lettre ouverte, publiée ce mardi 29 septembre, la Ligue des droits de l’Homme, via l’Observatoire de la liberté de création dénonce la destruction d’une œuvre début septembre dans le cadre de l’Art dans les Chapelles. 

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La "chapelle de ronces", c’est ainsi que l’artiste Erik Samakh avait baptisé son œuvre exposée dans la chapelle de la Sainte-Trinité à Bignan dans le cadre de la manifestation culturelle l’Art de la Chapelles. Composée de ronces à même le sol et surmontées de lampes horticoles roses, cette création a très vite suscité critiques et indignations sur les réseaux sociaux.
 

Les ronces de la colère


Une '' 'œuvre d'art' financée par le département du Morbihan et la Région Bretagne, donc par vos impôts", publiait sur sa page Facebook Gilles Pennelle, président du groupe Rassemblement National au conseil régional de Bretagne. Il entraînait derrière lui une vague de commentaires qualifiant l'oeuvre d’ "art dégénéré", de "scandaleux", certains allant jusqu’à poser la question : "C’est bien beau de dénoncer sur FB encore, faut-il réagir à un moment donné, non?"

Mais que ces écrits puissent se traduire en actes... Eric Suchere, directeur artistique de l’Art dans les Chapelle, ne l’imaginait pas un instant. "J’avais eu vent de discutions sur Facebook… Tout le monde admet la critique et la contestation, mais pas la destruction", objecte-t-il.

Et c’est pourtant bien ce qui s’est passé. Dans la nuit du 6 au 7 septembre, les ronces ont été arrachées, jetées à l’extérieur du bâtiment, "qui n’est plus consacré", tient à rappeler le directeur artistique. Le système d’arrosage à lui aussi été saccagé. En lieu et place de l’installation, deux grandes croix formées avec les bastaings qui protégeaient le bas des murs, étaient couchées l’une dans la nef, l’autre dans le chœur. 
 

Revendiqué par communiqué publié sur Breizh-info, cet acte de vandalisme serait signé par un groupe de fidèles catholiques. De son côté, Erick Samakh estime que ces auteurs se sont trompés de cible. "Les ronces productrices de biodiversité me permettent de créer une forêt nourricière, source d'alimentation et d'inspiration. Elles sont véritablement les portes de l'EDEN."
 

"L'oeuvre n'avait rien de blasphématoire"


Deux plaintes ont été déposées, l’une par l’artiste, l’autre par les organisateurs de l’Art dans les Chapelles. La gendarmerie de Josselin est chargée de l’enquête. Mais l’affaire inquiète bien au-delà de la région. Dans une lettre ouverte envoyée aux médias ce mardi 29 septembre, l’Observatoire de la liberté de création demande lui aussi " à ce que le parquet ouvre une enquête pour vandalisme et destruction de biens appartenant à autrui. "

Émanation de la Ligue des droits de l’Homme, ses membres s’inquiètent : "Dans une société démocratique, l’art est vital, non parce qu’il divertit ou console, mais parce qu’il permet de déplacer le regard et de questionner le rapport que chacun entretient avec le monde qui l’entoure. Il est urgent de protéger les œuvres, les artistes et les programmateurs dans un pays qui doit porter haut la liberté de création, d’expression et de diffusion de l’art comme de la pensée."

Le directeur artistique, Eric Suchere, va même plus loin : "Quand un petit groupe décide qui a le droit de parler, de faire des œuvres ou de ne pas les faire, quand elles essayent de nous faire peur, ça s’appelle du terrorisme."
 
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