Remise en liberté de l'ex-militant italien Vincenzo Vecchi : jugement cassé par la Cour de Cassation

L'ex-militant italien Vincenzo Vecchi, arrêté au mois d'août dernier en Bretagne, où il vit depuis huit ans, a été remis en liberté le 15 novembre dernier. Mais il va de nouveau devoir comparaître devant la justice. La Cour de Cassation ayant cassé le jugement de la Cour d'Appel de Rennes.


La Cour de cassation de Paris a cassé ce mercredi 18 décembre le jugement de remise en liberté de Vincenzo Vecchi. L'ex-militant italien devra à nouveau comparaître devant la justice dans les jours qui viennent, mais non plus à Rennes, son dossier a été renvoyé devant la cour d'appel d'Angers. Pour son comité de soutien, qui redoute qu'il doive retourner en prison pour les fêtes, "c'est un retour à la case départ, tout ce qu'on a fait depuis le 8 août est à refaire."
   

Sous le coup de deux mandats d'arrêt européens


L'ex-activiste altermondialiste s'était installé du côté de Rochefort en Terre dans le Morbihan il y a huit ans. Très bien intégré, il travaillait comme peintre en bâtiment, mais il y vivait dans la clandestinité, car sous le coup de deux mandats d'arrêt européens. Vincenzo Vecchi avait été condamné, en 2007 puis en 2012, à 12 ans puis 4 ans de prison pour "dévastation et saccages" lors de manifestations anti-G8 à Gênes, en 2001, et à Milan en 2006. Il faisait partie des "dix de Gênes", dix militants condamnés souvent à des peines très lourdes, pour les affrontements du G8. Membre de la sphère "anarcho-autonome milanaise", recherché depuis juillet 2012. D'ailleurs la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné l'Italie à trois reprises pour les actions policières menées en marge du sommet de Gênes.
 

Interpellé dans le Morbihan au mois d'août dernier 


L'homme de 46 ans avait finalement été localisé et arrêté le 8 août dernier avant d'être incarcéré à la prison de Vezin-le-Coquet, à côté de Rennes. Un comité de soutien s'est rapidement constitué autour du ressortissant italien, pour empêcher son extradition, demandée par l'Italie. Un comité très actif, de près de 130 personnes, emmené notamment par l'écrivain Eric Vuillard, prix Goncourt 2017.
  

Libéré le 15 novembre pour irrégularité de la procédure


Le 15 novembre dernier, Vincenzo Vecchi a été libéré suite au jugement de la cour d’appel de Rennes "sur la base de l’irrégularité de la procédure d’exécution des mandats d’arrêt européens". La cour a déclaré sans objet le mandat d’arrêt européen de Milan, car le militant avait déjà purgé sa peine en Italie pour ces faits et concernant l'affaire de Gênes, la procédure a été jugée irrégulière, car le procureur général français n'a pas avisé la justice italienne de l'avocat italien choisi par Vecchi en cas de remise aux autorités italiennes. Trois jours après, le ministère public s’est pourvu en cassation.
 
 "Cette décision est une étape et seulement une étape", a déclaré maître Catherine Glon, avocate de Vincenzo Vecchi, ajoutant : la "Cour de cassation n'a pas eu à examiner tous nos arguments de fond et nous sommes profondément convaincus de la solidité de ceux-ci".
 

Un comité de soutien déterminé "à ne rien lâcher"


La Cour de Cassation n'a donc pas retenu le principe le principe de "la double défense" nécessaire en cas des mandat d'arrêt européen et qui implique qu'un avocat français soit en contact avec un avocat italien afin d'assurer pleinement la défense du prévenu. Selon le comité de soutien de Vincenzo Vecchi, qui s'est mis en relation avec des avocats transalpins, la procédure de mandat d'arrêt européen dans cette affaire "comporte des zones de flou ne permettant pas un rapport équitable entre la défense et l'avocat général."  Pour ce comité, la décision de la Cour de Cassation, "n'entame en rien les différents arguments déjà présentés à la Cour d'Appel de Rennes par les avocats de Vincenzo Vecchi, qui ont mis en évidence la totale déloyauté de l’Italie dans ce dossier." "Nous restons plus que jamais déterminés et convaincus de la justesse de cette cause et de son caractère emblématique pour les libertés publiques."
  


Le reportage de Kevin Gaignoux, Vincent Bars et Sylvie Huc

Interviews : Eric Vuillard, écrivain, membre du comité de soutien de Vincenzo Vecchi - Maître Maxime Tessier, avocat de Vincenzo Vecchi
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