Le Morbihannais Thibaut Tabary a pu se rendre dans la prison, où son père est détenu en Serbie, depuis trois mois. Les deux hommes ne s'étaient pas revus depuis cet été. Philippe Tabary, 70 ans, devait être jugé ce mercredi 13 mars pour la détention d’un pistolet d’alarme, mais son procès a été repoussé d'une dizaine de jours.
Sremska Mitrovica, Serbie, à 50 kilomètres de Belgrade. Il est 8 heures du matin, le ciel est couvert ce mardi 12 mars. Thibault Tabary s’approche de la plus grande prison du pays. Grâce à son avocat, il a pu obtenir deux permis de visite de 45 minutes. Thibault est accompagné de Christophe Naudin, président de l’association (IN) Justice qui vient en aide aux Français incarcérés à l'étranger.
Après la fouille, les portes s’ouvrent et les deux hommes accèdent au parloir. "C’est une prison d’une autre époque, décrit Thibault Tabary. Nous nous sommes parlés avec un vieux téléphone à travers un plexiglas". Philippe Tabary arrive. Il semble en bonne santé, mais est profondément ému de voir son fils, dont il n’avait pas de nouvelles depuis plusieurs mois.
Cela a été un moment très émouvant et très important pour lui comme pour moi. Nous l'avons mis au courant qu’il y avait un comité et une association qui le soutenait. Il a vu que j’étais là pour lui.
Thibault Tabaryfils de Philippe Tabary, détenu en Serbie
L’homme âgé de 70 ans, qui tient une péniche-guinguette à Malestroit dans le Morbihan, était parti en septembre dernier, pour un long road trip. Il voyageait en van aménagé à travers l’Europe et l’Asie. Mais, à son retour, au moment de passer la frontière serbo-slovène, il a été interpellé par les autorités. Elles ont découvert un pistolet d’alarme dans le véhicule. Il a été incarcéré dans l’attente de son procès.
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Des conditions de détention difficiles
Six mois après son départ, Philippe retrouve donc pour la première fois son fils, dans une prison serbe.
Thibault se met à parler rapidement pour transmettre le maximum d’informations à son père en un minimum de temps. L’objectif est aussi de persuader Philippe de récuser l’avocat qu’il avait engagé sur les conseils d’un codétenu. Un avocat qui ne demandait pas d’honoraires dans un premier temps et qui était inconnu au barreau de Belgrade.
"Il a vite signé le papier pour engager l’avocat pénaliste que je lui ai trouvé. Ce dernier est confiant sur le fait de sortir mon père de là, précise Thibault. Les conditions de détention ne sont pas faciles. Ils sont six hommes dans une petite cellule". Philippe est le plus âgé et, à cet égard, a le droit à un certain respect. "Cela se passe bien avec ses codétenus. C’est plus difficile avec les gardiens, car il est français".
Avec la guerre en Ukraine en arrière-plan et dans un pays pro-Russe, la géopolitique n’est jamais très loin. Thibault s’est d’ailleurs ensuite rendu à Belgrade pour rencontrer le Consul de France. Le jeune homme a insisté pour que le ministère des Affaires étrangères appuie la demande de remise en liberté de son père.
Assignation à résidence en Serbie
Finalement, le procès qui devait avoir lieu ce mercredi a été reporté au 25 mars en raison de la récusation de l’avocat et du dossier qui n’avait pas encore été transmis à la cour. L’avocat, Maître Yanko Kulijhavi, a pu récupérer le téléphone de Philippe, mais aussi les clefs de son van et ses cartes de crédits.
Une bonne nouvelle pour Thibault qui est confiant quant à l’issue du procès : "On a espoir qu’il puisse être libéré rapidement en étant assigné à résidence sous bracelet électronique. Notre avocat a déjà fait le nécessaire pour qu’il ait son logement". Ses proches espèrent que Philippe ne sera pas condamné à plus de six mois d’emprisonnement. "Avec la détention provisoire, il ne lui resterait que trois mois à faire en résidence en Serbie. Il ne faut présumer de rien, mais on y croit".
Thibault Tabary doit repartir demain pour le Morbihan, afin de gérer le comité et la cagnotte de soutien depuis la Bretagne. Il a refait une demande auprès de la prison pour rendre de nouveau visite à son père avant de quitter la Serbie.