Dans la nuit du 16 au 17 octobre, une voiture immatriculée dans l’Aisne a été incendiée à Ploërdut dans le Morbihan. Les lettres FLB ont été peintes à la bombe sur la façade de la maison occupée par son propriétaire, un homme de 75 ans. Son fils, très choqué, a rédigé une lettre ouverte au FLB.
"Dans la nuit du 16 au 17 octobre 2023 à 2 heures du matin, vous, militants du FLB, avez incendié la voiture de mon père, 75 ans, manquant de mettre le feu à la maison dans laquelle il dormait", commence Vincent Parfait.
Son père a été réveillé par l’intervention des pompiers au milieu de la nuit. "Il est très choqué, l’incendie aurait pu se propager à la maison. La haie a commencé à prendre feu et la toiture a noirci" , décrit Vincent Parfait.
"La voiture était immatriculée dans l’Aisne. Est-ce pour cela qu’on l’a complètement détruite ? interroge le fils de la victime. Je ne comprends pas."
Les résidences secondaires prises pour cible
Ces derniers mois, les attaques contre des résidences secondaires se sont multipliées dans la région. Et le sigle FLB qui avait disparu des murs bretons depuis l’attentat contre le McDonald's de Quévert le 19 avril 2000, a fait sa réapparition.
En juin 2021, la vitrine d’une agence immobilière de Pont-Aven est brisée à coups de batte de baseball. Le sigle FLB est inscrit à la peinture.
Quelques mois plus tard, en novembre, un courriel adressé à nos confrères du Télégramme revendique une quinzaine d’attentats contre des résidences secondaires entre avril 2017 et aout 2021 et dénonce les "profiteurs de l'industrie touristique".
Dans la nuit du 17 au 18 mai 2022, à Caurel, dans les Côtes d’Armor, une résidence secondaire est incendiée. Sur un arbre, les enquêteurs découvrent gravé : "Parisiens dehors, FLB."
Le 12 janvier 2023, à Landunvez, sur la côte nord du Finistère une maison est détruite par les flammes. Un tag FLB est retrouvé sur le mur.
Et en mai 2023, à Concarneau, c’est la voiture d’une enseignante immatriculée dans la région parisienne qui est incendiée. Là encore, les trois lettres FLB ont été dessinées sur la route.
"La question de l'immobilier dans la région se fait chaque jour plus pressante, constatait alors Erwan Chartier, auteur de "Le dossier FLB, Plongée chez les clandestins bretons" Il y a des secteurs, notamment sur le littoral, où il n'est plus possible pour les jeunes actifs de se loger à cause des prix qui s'envolent pour des maisons de vacances. Il y a un réel problème, il se peut que des gens souhaitent capitaliser sur cette colère pour fonder une nouvelle organisation clandestine".
Plusieurs organisations manifestent régulièrement leur colère contre la "Airbnbsation" de la Bretagne. En 2020, le collectif Dispac'h a lancé une campagne de collages pour dénoncer la spéculation immobilière liée au développement des résidences secondaires. Ces derniers mois, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes cotières.
Journée le 8 juillet 11h pour des logements proches de nos lieux de vie et moins chers, pour la limitation des airbnb et des résidences secondaires, l'accueil des exilé.e.s, le plafonnement des loyers et + de logements sociaux sans moisissures. @DAL44_Nantes @DroitVille @TTendue https://t.co/4LXAFk4RTQ
— TUT ! (@LorientTUT) June 29, 2023
"Nous sommes bretons !"
"Mon père a travaillé toute sa vie pour s’acheter cette bicoque. On l’a entièrement rénovée de nos mains. Nous ne sommes pas des parisiens qui se paient des résidences secondaires en bord de plage, les pieds dans l’eau, plaide Vincent Parfait. On ne comprend pas quel mal on a fait ?"
Nous ne sommes pas des parisiens qui se paient des résidences secondaires en bord de plage, les pieds dans l’eau
Vincent Parfait
Vincent Parfait a donc rédigé une lettre ouverte aux auteurs de l’incendie. "Je souhaite vous dire messieurs les apprentis terroristes, que vos actes ne m’inspirent que de la pitié, pour vous, vos valeurs et vos actions. J’ai pitié de vous pour votre amateurisme car sachez, ironie de l’histoire, que nous sommes bretons. "
Agacé, il poursuit : "4 000 ans d’histoire des civilisations et nous en sommes toujours là, à débattre de la pureté du sang. Tout comme vous probablement, je suis un bâtard, j’en ai conscience, nos racines à moi et ma famille sont multiples et je suis fier de pouvoir célébrer le multiculturalisme. L’ouverture d’esprit est une arme et ni vous ni personne ne peut lutter contre.'
Le propriétaire de la voiture incendiée a porté plainte. Une enquête a été ouverte.