Cagoules noires, drapeaux de la croix celtique, manifestants d’extrême droite et au milieu An Tour-Tan. Un groupuscule de Vannes (Morbihan) était présent au milieu des jeunes d’ultradroite qui ont manifesté à Paris le 6 mai.
“Ce qui s’est passé dans les rues de Paris pour cette manifestation est évidemment inacceptable” déclare Gérald Darmanin ce mardi 9 mai devant les députés de l’assemblée nationale. Le ministre de l’intérieur poursuit en demandant aux préfets d'interdire toutes les manifestations d'ultradroite après celle qui s'est tenue à Paris samedi. Une manière d'éteindre l'incendie, face aux très fortes réactions en opposition à cette démonstration de force de jeunes nationalistes.
Les images de la manifestation choquent
Sur Twitter, le sénateur socialiste David Assouline a jugé "inadmissible d'avoir laissé 500 néo-nazis et fascistes parader au cœur de Paris". La première ministre Elisabeth Borne s'est également dite "choquée" par cette vision. Près de 500 militants ont défilé habillés en noir, cagoulés ou masqués pour la plupart, entouré d'un service de gros bras aux mains gantées, faisant tout pour ne pas être identifiés. Cet impressionnant cortège avançait avec des drapeaux noirs marqués de la croix celtique, symbole utilisé par l’extrême droite.
La marche qui avançait avec une organisation militaire. La troupe alignée en 4 lignes bien droites est restée silencieuse le long du trajet. En fin de rassemblement le groupe a longuement scandé “Europe jeunesse révolution”, le slogan du GUD (groupe union défense), une organisation étudiante d’extrême droite.
La vidéo de la manifestation publiée par un compte allemand cumule plus de 5 millions de vues.
Rassemblement de groupes d'extrême droite
Les personnes présentes dans la rue au point d’arrivée de la manifestation ont assuré avoir reçu des pressions des hommes de têtes et du service d’ordre de cette manifestation. Leur but était d’empêcher la prise d’images autour de ce rendez-vous. Selon le journaliste présent de l'AFP, "la presse n'était pas la bienvenue !".
Une démonstration de force pour rappeler la mort d’un des leurs en 1994 qui tentait d’échapper à la police. Ce jeune participait à une manifestation “contre l’impérialisme américain”. Depuis des défilés en sa mémoire se reproduisent tous les ans autour du 9 mai.
Ce cortège ultranationaliste, rassemblé sous le nom Comité du 9 mai ou C9M s’est achevé par la pose d’une gerbe de fleurs. Le groupe a revendiqué, par un post sur la messagerie Telegram, que “700 militants nationalistes ont honoré la mémoire de Sébastien Deyzieu”.
Dans la vidéo publiée retraçant de l'intérieur la manifestation du "Collectif du 9 mai" de nombreux logos de groupes d’extrême-droite sont visibles. Le GUD, Jeunesse Rebelle, Clermont non conforme, Novelum Carcasonne et le groupuscule breton An Tour-Tan. Leur logo est visible à la 57e seconde de la vidéo.
An Tour-Tan, le groupuscule vannetais
"Des adhérents d’An Tour-Tan étaient présents à ce rassemblement" nous confirme Marc, porte-parole de l'association qui se présente comme "culturelle et politique". Cette association vannetaise créée fin 2022, est à mi-chemin entre les idées autonomiste et la droite populiste. "Nous sommes pour le refus de l'immigration, le conservatisme face à une évolution des mœurs et une autonomie de la Bretagne".
Le nom de ce groupe signifie veut dire “Le Phare” en breton. Rien à voir avec la société de Quimper qui a porté le cyber fest noz des années 2000 à 2019. Société de production qui s'est arrêtée à la suite de la condamnation pour agression sexuelle de son propriétaire, Nicolas Gonidec.
Nous sommes pour le refus de l'immigration, le conservatisme face à une évolution des mœurs et une autonomie de la Bretagne.
Marc, porte-parole de An Tour-Tan
Sur les réseaux sociaux, les comptes d’An Tour-Tan se félicitent de l’abandon du projet de Callac, portant sur l’intégration de familles d’exilés pour revitaliser la commune. Sur ses publications le groupe vante l’association du parti d’Eric Zemmour, Reconquête!, à d’autres organisations nationalistes bretonnes, angevines et normandes pour "se réapproprier l'espace public".
"Nous voulons avoir un impact culturel et politique par d'autres voix que les élections" exprime Marc, le porte-parole d'An Tour-Tan. Celui qui prend la parole au nom de la cinquantaine d'adhérents explique cette stratégie d'un lobbying de terrain pour que leurs idées infusent dans les différents partis politiques.
Proche de l'extrême droite flamande
Ce groupe implanté à Vannes se retrouve dans un local certains jeudis afin de proposer des cours de breton ou d'échanger sur leurs thèses. Ce 30 mars, une cinquantaine de membres se sont déplacés pour écouter une conférence issue des idées de Yann Fouéré, condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation nationale pour faits de collaboration durant la période de l'occupation.
Selon une association de vigilance antifasciste, les membres d’An Tour-TAn sont des "individus issus de branches d'extrême-droite" dont l'activité principale est "le collage d'affiches, les cours de breton, et des conférences-formation".
Selon le porte-parole d’An Tour-Tan son collectif est proche des idées du Vlaams Belong. Un parti politique belge classé à l'extrême droite et prônant le nationalisme flamand, dont le slogan est "Nos gens d'abord".
“Nous sommes contre l’Union Européenne, mais pour l’union des Européens” résume le responsable de la page Instagram de AntourtanBzh dont les objectifs affichés de l’organisation sont : “la Bretagne à 5 départements”, “la priorité bretonne pour les logements sociaux et les emplois”, “la fin de l’immigration” associée pour eux à “la criminalité”, “l’émergence d’un bloc européen” comprenant la Russie, et "la généralisation de la langue bretonne".
Contre le projet de Saint-Brevin-les-Pins
Pour le porte-parole d’An Tour-Tan, le projet de Saint-Brévin-les-Pins comme celui de Callac "sont à refuser". "Les villes bretonnes doivent être habités par des Bretons" commente Marc.
Selon La Horde, collectif anti-fascite issu du réseau No Pasaran, le groupe An Tour-Tan se place proche des militants du parti d'Eric Zemmour du Morbihan, dont il partagerait le local à Vannes. Pour le collectif, certains membres de ce nouveau groupe identitaire breton "pourraient devenir violents à l'avenir".
Ce 10 mai, le maire de Saint-Brevin-les-Pins annonce sa démission et la fin du projet d'accueil de demandeurs d'asile à la suite de l'incendie criminel de sa maison.
Selon Franceinfo, depuis plusieurs mois, le maire était visé par des menaces, notamment sur les réseaux sociaux, en raison du déménagement d'un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada), déjà installé dans la commune, près d'une école primaire. Des riverains, soutenus par le parti d'Eric Zemmour, Reconquête!, dénoncaient cette "promiscuité" entre les deux établissements.