La cour d'appel de Rennes a confirmé, ce mardi 27 février 2024, la peine et le maintien en détention prononcés il y a quatre mois à l'égard d'un jeune homme de 27 ans. Ce dernier prenait des rendez-vous sur Doctolib avec des ostéopathes féminines du golfe du Morbihan pour leur montrer son sexe.
Condamné à 12 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Vannes, en octobre 2023, un homme de 27 ans, adepte de l'exhibitionnisme dans les cabinets d'ostéopathie du golfe du Morbihan, a fait appel de ce jugement. Un nouveau procès s'est donc tenu en février dernier devant la cour d'appel de Rennes, laquelle a confirmé la peine et le maintien en détention.
"Totalement nu"
Tout a commencé par la plainte d'une ostéopathe d'Arradon à l'encontre d'un prétendu "Charles Le Dorze" qui avait pris rendez-vous via Doctolib pour "un problème d'adducteurs". Alors qu'elle lui demande de "se mettre en sous-vêtements", le patient se présente à elle "totalement nu". La plaignante lui "demande de remonter son pantalon" et celui-ci s'exécute. Mais, lorsqu'il s'allonge sur sa table de soins, il a "un début d'érection" et finit par "éjaculer".
L'ostéopathe fait diversion et "envoie discrètement un sms à son compagnon" pour qu'il appelle la police. Les enquêteurs effectuent le rapprochement avec des faits similaires survenus dans un autre cabinet d'ostéopathie d'Arradon où, là encore, un patient a pris rendez-vous sous le même faux nom.
Le jeune homme portait ce jour-là "un string bien trop grand qui laissait apparaître ses parties génitales" a rapporté cette ostéopathe lors de son dépôt de plainte à la police. La praticienne lui a demandé "de remonter ses sous-vêtements". Le faux "Charles Le Dorze" a prétexté un appel et quitté les lieux.
Une troisième ostéopathe, cette fois à Sarzeau, a elle aussi été victime de l'exhibitionniste. Là encore, il est arrivé nu à son rendez-vous.
"Des pulsions depuis 2020"
La cour d'appel de Rennes s'est penchée sur d'autres faits "plus inquiétants dans la façon de procéder", selon l'un des magistrats. Alors qu'il était en train de courir dans les rues de Vannes, le prévenu a demandé à une automobiliste qui se garait devant chez elle si elle voulait "un plan" de nature sexuelle. Bien qu'elle ait répondu "non vraiment pas", l'homme, en short, s'est exhibé devant elle, puis s'est rendu dans l'immeuble de la victime, avant d'être interpellé par la brigade anticriminalité. L'enquête va révéler qu'il avait déjà "proposé des plans cul à trois autres femmes en montrant son sexe".
Lors de l'audience devant la cour d'appel de Rennes, le jeune homme n'a pas nié les faits et a déclaré ressentir "des pulsions" depuis 2020 liées, selon lui, "à son manque de relations sexuelles". Le magistrat chargé de résumer l'affaire a fait observer qu'il repérait préalablement les ostéopathes sur Doctolib et ne se désistait pas des rendez-vous pris en ligne. "Quand je prends rendez-vous, a expliqué l'homme de 27 ans, je ne veux pas le faire. Mais une fois sur place, j'ai un flash". "Le déroulement est un peu trash, si je puis dire, avec cette éjaculation sur la table de manipulation" lui a toutefois fait remarquer le magistrat.
Déjà reconnu coupable en 2017 pour "tentative d'agression sexuelle" sur une enseignante dans un parking et pour "exhibition sexuelle" sur une plage, il avait également été condamné en 2019 pour "exhibition sexuelle".
"J'étais dans le déni"
Décrit comme "timide", "réservé" et "introverti" par l'expert psychiatre, cet ancien employé d'une supérette, célibataire et sans enfant, dit "souffrir de solitude". "J'ai été suivi régulièrement pendant un an par un psychiatre, a-t-il précisé. Aujourd'hui, j'ai une certaine honte vis-à-vis de ma mère, je cogite beaucoup par rapport à ce que j'ai fait... Être incarcéré, ça m'a fait un choc : avant, j'étais dans le déni."
"Il s'est cru soigné, à un moment donné" a convenu l'avocate de la défense. Elle a plaidé pour un "amoindrissement" de la peine de prison et pour qu'elle soit purgée lors d'une "détention à domicile" avec un bracelet électronique. "La presse a rapporté sa condamnation, cela a été extrêmement mal vécu par la famille : sa mère avait jusque-là caché ses condamnations" a-t-elle insisté pour solliciter l'indulgence des juges rennais. Mais ces derniers ne l'ont pas finalement pas entendue.