La yole "Droit de cité" n'est pas unique en son genre, mais son histoire est singulière. Cette réplique du canot amiral de la frégate française "La Résolue" fut mise à l'eau pour la première fois en 1999. Plusieurs associations en auront la propriété, dont celle du célèbre Père Jaouen. Aujourd'hui, c'est son petit neveu qui est à la manœuvre. Il fait vivre l'embarcation avec des amis et tous naviguent en costumes, selon les usages du Premier Empire.
Au milieu de la flotille des yoles de mer, l'équipage de Kenan Jaouen ne manque pas de panache. A bord du "Droit de Cité", il perpétue l'histoire avec un grand H et un peu de l'histoire de sa propre famille.
L'embarcation est la réplique du canot amiral de la Résolue, un navire à voile et avirons de 12 mètres utilisé pour le transport rapide des états-majors de la marine au 18ème siècle. Elle fut capturée en Irlande, à Bantry, en 1796 par les Anglais lors de la désastreuse intervention de la flotte française en faveur des insurgés irlandais. C 'est ce pan d'histoire que le jeune marin breton fait revivre avec une poignée d'amis.
A bord, tous sont en costumes d'époque. Kenan arbore un uniforme de lieutenant de vaisseau : bicorne en feutrine avec cocarde tricolore et sabre droit au côté. Rien n'est laissé au hasard.
Je suis passionné d'histoire maritime et d'histoire en général. Quand on manœuvre, je n'emploie que des termes spécifiques au 18ème siècle. Nous disons border les avirons plutôt qu'armer. Pour culer, on dit acculer. Pour retrouver ces expressions, on a cherché dans les archives
Kenan JaouenYole "Droit de Cité"
Passionnés de l'époque napoléonienne
Tous les membres de l'équipage ont le même virus : Napoléon ! Simple matelot, matelot de la garde, aucun détail ne leur échappe.
Guillaume Le Tallec fait lui aussi de la reconstitution historique amicale. Pour lui, un uniforme fait main, drap de laine pour le pantalon marine, gilet aux couleurs aurore et framboisine avec des boutons fondus à la main. "La reconstitution Premier Empire en mer, c'est très rare. Souvent c'est à terre, car les marins de l'époque combattaient également à pied" précise t-il.
Si près de 80 yoles sont recensées dans le monde, le "Droit de Cité" est la seule qui appartienne à un propriétaire privé : une longue histoire cahotique.
Construite pour le défi des jeunes marins, elle a apartenu à plusieurs associations avant de devenir propriété de la mairie de Saint-Brieuc qui l'a ensuite confiée à l'association des Amis des Jeudi-Dimanche (association du Père Jaouen).
Faute de temps et de moyens pour l'entretenir, le bateau s'abîmait. Kena Jaouen récupère donc la yole. Après un an et demi de chantier et un tiers du bateau remis en état, elle est à nouveau sur pied et reprise en main.
Cette yole , c'est comme un grand voilier en miniature. Il faut gérer l'équilibre des voiles avec les trois mâts pendant les manœuvres
Kenan JaouenYole "Droit de Cité"
Kenan Jaouen reprend donc à sa façon le flambeau familial. Il est en effet le petit neveu du père Michel Jaouen, né dans le Finistère à Ouessant et qui consacra sa vie à la réinsertion des jeunes en échec scolaire et aux toxicomanes via la navigation en mer.
Pas de mission sociale pour le jeune Jaouen mais la volonté de tracer un nouveau parcours pour le "Droit de Cité". C'est désormais chose faite. Avec ses amis, il fera l'an prochain la traversée de la Manche à bord de la yole, soit vingt à trente-six heures de navigation : un beau défi à l'horizon !