Kercado 3, c’est le nom donné par les magistrats au procès qui a débuté ce 6 octobre à Vannes. C’est en effet le troisième grand procès lié au trafic de drogue dans ce quartier de la ville. Un procès marqué par l'absence de Roberto Blanchedent, chef de file de la bande.
Ce mardi matin, le procès a commencé par un petit instant de flottement. Seuls douze prévenus (dont quatre sont déjà en détention) étaient présents au tribunal correctionnel de Vannes. Ils auraient dû être treize, mais Roberto Blanchedent, 32 ans, natif de Lorient mais considéré comme le baron vannetais de la drogue, est absent. Et pour cause, il a été arrêté en Espagne le 11 septembre et n’a pas encore pu être extradé.
Une demande de renvoi rejeté
Face à cette situation, l’avocat de la défense a demandé le renvoi du procès. Il a également argué du fait que l’affaire Kercado 2 est toujours en cours d’instruction à Lorient, et sera donc jugé après Kercado 3. Une anomalie, selon lui. L’ensemble des avocats des principaux suspects ont indiqué être favorables également au renvoi, un peu agacés d’avoir appris par voie de presse l’arrestation de Roberto Blanchedent.
Après un délibéré d'une heure, la présidente du tribunal a rejeté cette demande de renvoi, considérant que "la responsabilité de Blanchedent n’enlevait en rien celle des autres prévenus, clairement établie."
Roberto Blanchedent comparaîtra seul à son retour en France.
À #Vannes, 12 personnes, 3 femmes et 9 hommes comparaissent jusqu à vendredi devant le tribunal correctionnel, tous impliqués dans des affaires de trafic de stupéfiants dans le quartier de Kercado #justice #drogue #Morbihan pic.twitter.com/mrYcVt29Vt
— Isa Rettig (@isa_rettig) October 6, 2020
Un réseau sous surveillance
L’audience a bien sûr commencé avec le récit des faits. Un important travail de surveillance a été réalisé par la police, entre juillet 2017 et janvier 2019, à l’aide de caméras, écoutes téléphoniques et sonorisation d’appartement pour identifier les différents membres du réseau et démanteler le trafic.
On comprend à la lecture des faits sur le trafic était bien rodé avec des planqués, des lieuxs où se coupaient le cannabis, un réseau de guetteurs mineurs…
Ricardo Blanchedent, une drôle d'attitude
Sur le banc des accusés, Ricardo Blanchedent, le frère de Roberto, n’arrête pas de tousser, de râler, d’émettre des petits cris et protester chaque fois que son rôle est évoqué. L'homme n'a pas d'avocat. Il s’est déjà fait reprendre par la Présidente mais ça ne semble pas le toucher. L’homme concerné n’est pas très grand, un peu rabelé, barbu derrière le masque, lunettes de soleil sur la tête. Il passe son temps à bailler. Sa voix est rauque.
Des peines encourues de 10 à 20 ans de prison
Parmi les autres prévenus, on trouve trois femmes qui semblent avoir eu des rôles secondaires dans le trafic. Parmi les neuf hommes, plusieurs ont déjà été condamnés. Les plus jeunes ont 21 ans.
Le procès, hors-normes, doit durer quatre jours. Les prévenus encourent de 10 à 20 ans de prison.
Un coup de filet en janvier 2019
Le 15 janvier 2019, pour la troisième fois en moins de cinq ans, le RAID et la direction interrégionale de la police judiciaire procèdent à une opération de vaste envergure contre une bande de trafiquants de drogue dans le quartier de Kercado, à Vannes. La prise des policiers est impressionnante : 110 000 euros, 235 kilos de résine de cannabis, 600 grammes de cocaïne, un kilo de MDMA et deux armes de poing.
Ce réseau alimentait de 500 à 600 clients par jour, pour un chiffre d'affaires annuel estimé à 10 millions d'euros.