L'hirondelle ne fait plus le printemps en Bretagne tout comme les moineaux domestiques. Ces deux espèces d'oiseaux nicheurs sont en déclin dans la région. Plusieurs initiatives sont donc lancées pour tenter d'enrayer ce déclin, comme la construction d'un hôtel à Moineaux à Vannes, dans le Morbihan. Une première en France.
Un hôtel à moineaux, c'est le nom de l'imposante et curieuse construction en bois, érigée dans le square du Morbihan à Vannes. Ce qui ressemble à une jolie cabane, avec de petits logements pour les volatiles, pourra accueillir une centaine de couples, et beaucoup, beaucoup de petits... Un habitat collectif tout confort et à loyer plus que modéré.
"En hirondelles rustiques, on a mis une dizaine de nids artificiels. Après, elles pourront faire des nids naturels, explique Corentin Morvan, chargé d’étude à la Ligue pour la protection des oiseaux. On va rajouter de petits clous pour qu'elles viennent aussi construire naturellement. Et après en moineaux domestiques, on peut avoir jusqu'à 90 couples. Donc ça fait une sacrée population !"
Cet hôtel à moineau, une première en France
L'hôtel à moineaux est une première en France et le fruit d'une collaboration entre la LPO, Ligue de protection des oiseaux et Morbihan Habitat. C'est le bailleur social qui a d'ailleurs financé l'ouvrage, suite à la démolition d'immeubles à proximité. Une mesure compensatoire.
Car aujourd'hui, en cas de ravalement ou de démolition, la règlementation est précise. La destruction d'un nid d'espèces protégées doit donner lieu à la construction de deux nouveaux nids artificiels, précise Erwan Bargain, en charge du pôle travaux à Morbihan Habitat.
La destruction est sinon interdite et passible de 3 ans d’emprisonnement et jusqu'à 150 000 euros d’amende.
Espèces en déclin et protégées
L'hirondelle rustique et l'hirondelle des fenêtres sont en forte diminution depuis plusieurs années, on a compté une baisse d'au moins 30% en dix ans.
Corentin Morvan, chargé d'études pour la Ligue de Protection des Oiseaux
Une disparition, liée aux pesticides, qui attaquent les insectes, principale nourriture de ces oiseaux, mais remarque encore Corentin Morvan, au nettoyage des façades des maisons et des immeubles, "vouloir faire trop propre, ça fait des fientes et là, les gens ont tendance à détruire les nids ou les empêcher de nicher" ou encore aux surfaces aujourd'hui trop lisses des habitations et qui ne permettent pas aux oiseaux de s'accrocher.
L’hirondelle est d'ailleurs aujourd’hui classée vulnérable sur la liste rouge des espèces nicheuses.
Le comptage des oiseaux
Afin d'évaluer et de chiffrer plus précisément la baisse des effectifs des oiseaux, des comptages sont organisés de début mai à fin juin, par les associations, comme la LPO, ligue de protection des oiseaux, par Bretagne Vivante ou encore le Groupe ornithologique des Côtes-d'Armor. "On ne compte pas les hirondelles, c'est trop compliqué en vol, précise Marc Foquereau, stagiaire à la LPO, mais les nids occupés, qui sont très importants pour nous. Ça veut dire qu'il y aura des petits, c'est ce qui nous importe le plus et de voir aussi s'ils sont vieux ou récents. Car si ce sont de vieux nids, les hirondelles pourront faire deux portées, ce qui est très intéressant."
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Des associations qui lancent d'ailleurs un appel aux bénévoles pour assurer ces comptages dans le maximum de communes possibles.
(Avec Yoann Etienne)