Le collectif "Jamais sans consentement" veut sensibiliser au viol conjugal. Ses militants ont posé des affiches, au message explicite, dans les rues de Vannes.
"Je ne voulais pas. J'ai dit non. Il a continué", "No oui, no way", "Quand je ne voulais pas, il attendait que je dorme pour me prendre".
Des photos aux messages glaçants, inscrits sur un corps féminin que l'on devine ont été placardées dans les rues de Vannes, par un groupe de militant du collecitf "Jamais sans consentement". Leur message est clair et veut alerter sur le viol conjugal.
Les affiches reprennent les codes des publicités pour la Saint Valentin, celles qui vantent de la lingerie. C'est aussi un moment où les femmes peuvent être forcées à un rapport sexuel, considéré comme un dû ce jour-là.
Il me dit qu'il a des besoins et que je dois le faire
Cette action repose sur un questionnaire, réalisée par Axelle Coulon, étudiante en psychologie et qui s'interroge sur le sexe dans le couple, dans le cadre de sa licence. Où sont les limites ? Que met-on derrière le mot consentement ? Celui-ci est-il toujours respecté ? Elle a déjà recueilli près de 450 participations.
"Je me suis rendue compte que c'était extrêmement controversé. Tout le monde pensait savoir ce que c'était mais au final on se retrouve avec des réponses 'oui mais non c'est pas trop un viol'", raconte Axelle. "Sur la population interrogée, entre 31 et 50 ans, on est presque à une personne sur deux qui perçoit une situation de viol conjugal." "Suite à ça, on s'est dit qu'il fallait faire quelque chose." Les affiches reprennent des réponses au questionnaire et permettent de sensibiliser les gens, dans leur environnement.
Axelle Coulon explique que le phénomène touche les femmes mais aussi les hommes, quelques soient les couples, hétérosexuels ou homosexuels.
Le viol conjugal, un tabou qui dérange
La loi a longtemps ignoré le viol entre époux, qui se heurtait à la notion du devoir conjugal. Dans le Code pénal napoléonien, il était stipulé qu'une femme ne pouvait pas refuser de relation sexuelle à son mari. Le manquement au devoir conjugual pouvait mener au divorce. Il est désormais puni. Depuis 2006, il est devenu un facteur aggravant, susceptible d’augmenter la peine encourue par le violeur.
Dans un article de Libération, trois femmes ont accepté de raconter leur quotidien, avec le même homme. Elles soulignent la difficulté de s'exprimer sur des faits qui se déroulent à huis-clos et de mettre ce mot "viol" sur une situation de couple. "Mon corps ne m’appartenait plus. Lui disait d’ailleurs que j’étais sa femme, sa chienne, sa pute, son amante", raconte Nadège.
Selon le Collectif Féministe Contre le Viol, "Presque toutes les femmes victimes de viol conjugal sont victimes de violences sexuelles. Sur notre ligne téléphonique d'écoute, un tiers des victimes de viol adultes sont des victimes de viol conjugal," explique Emmanuelle Piet, sa présidente.