Violences intrafamiliales, les mots de Maria pour lutter contre ce cauchemar

En 2021, dans le Morbihan, 2 300 victimes de violences intrafamiliales ont été recensées. C’est 15% de plus qu’en 2020. Il y a quelques années, Maria a vécu l’enfer. Elle est venue parler aux professionnels de la justice, de l’éducation, de la santé, aux associations pour leur rappeler qu’il est important de ne pas laisser les femmes sans espoir.

"J’ai vécu un conte de fées à l’envers, commence Maria. Dans les histoires, la princesse trouve un crapaud par terre, elle l’embrasse et il se transforme en prince charmant. Moi, j’ai trouvé un prince et quand je l’ai embrassé..."

Dans la salle, les travailleurs sociaux, des gendarmes, des magistrats l’écoutent parler des quelques mois de sa vie où elle a vécu un cauchemar sous l’emprise de son conjoint. "Quoi que je fasse, ce n’est jamais bien." "Je ne le reconnais pas, je ne comprends pas, je voudrais sortir de ce truc mais ce n’est pas possible. Mon cœur bat bizarrement, j’ai peur ", décrit-elle. 

L'emprise 

"L’emprise, on ne s’en rend pas compte, mais c’est comme mettre le pied dans un engrenage. Cela commence par des petites choses anodines, des petites remarques et puis les petites phrases deviennent des grandes phrases et des grandes souffrances."

"On n’est plus celle qu’il décrivait au début, et on ne sait pas ce qui s’est passé. On se perd à chercher, c’est comme un labyrinthe, on cherche une sortie, mais on ne la trouve pas. C’est une descente aux enfers. On peut s’en sortir, insiste Maria, mais il faut de l’aide."

62 places d'hébergement dans le Morbihan

"Depuis le Grenelle des Violences faites aux femmes, les choses bougent, explique Maëlle Stéphant, déléguée départementale aux droits des femmes dans le Morbihan. 62 places d’hébergement dédiées ont été créées dans le département. On a multiplié les postes de travailleurs sociaux et un centre de suivi et de prise en charge des auteurs a ouvert pour éviter la récidive."

Toute la journée, les professionnels du Morbihan impliqués dans la détection, la prise en charge et l’accompagnement des victimes de violences intrafamiliales se sont retrouvées au Palais des congrès à Vannes.

"Pour les victimes, il est important que les professionnels se rencontrent, se connaissent pour savoir qui appeler en cas de besoin urgent", analyse Marie-Hélène Ledain, responsable de l’unité protection des familles dans le Morbihan. "Dans chacune des 36 brigades de Gendarmerie du Morbihan, il y a désormais, un référent violences intra familiales" détaille-t-elle. "Mais quand une famille se présente dans une brigade, il faut répondre à ses besoins, celui de justice d’abord mais aussi ses besoins sociaux et de santé."

En 2020, 21 000 victimes de violences intra familiales, 23 000 en 2021. 102 féminicides ont été commis.