VIDÉO. Comment sauver l'huître plate en Bretagne ?

L’huître plate est une espèce menacée d’extinction. Victime de la surpêche, de maladies et de nombreux prédateurs, ce mollusque marin moins connu que l’huître creuse est aujourd’hui protégé grâce à une collaboration plus étroite entre ostréiculteurs et scientifiques.

Hélène Cochet, biologiste en culture marine, a installé son laboratoire à Locoal-Mendon, une commune située dans le golfe du Morbihan. Depuis une vingtaine d'années, elle œuvre pour la protection de l’huître plate en Bretagne. Pour mettre en place son plan de sauvegarde, Hélène Cochet a choisi l’un des berceaux de ce fruit de mer : la baie de Quiberon. C’est la première zone d’approvisionnement en naissain d’huître plate en France.

L'huître plate inscrite sur la liste des espèces menacées

« L’ostrea edulis », de son nom latin, est assez méconnue du grand public. En effet, depuis les années soixante, la production de cette seule huître native d’Europe a nettement chuté au profit de l’huître creuse d’origine japonaise. Victime de la surpêche jusqu’au 19ᵉ siècle, elle a ensuite dû faire face à des maladies et à différents types de prédateurs tels que les étoiles de mer ou les bigorneaux perceurs au cours du 20ᵉ siècle. Depuis le début des années 2000, cette huître est inscrite sur la liste des espèces menacées de la Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique Nord-Est (Ospar). 

Sur 100 huîtres mises à l'eau, 5 sont récupérées

Durant le mois de juin, les ostréiculteurs mettent à l’eau des collecteurs pour capter les larves d’huîtres plates. Les relevés d’Hélène Cochet sont très importants pour cette étape car ils permettent de déterminer précisément, grâce à des relevés de température notamment, la période la plus propice au captage des larves qui cherchent un support en mer. La fenêtre est très réduite et ne dure que quelques jours. Les collecteurs sont ensuite remontés à la surface et les naissains sont récoltés.

Puis, chaque ostréiculteur les relâche dans son exploitation pour les laisser grandir pendant au moins 2 ans avant de les repêcher. Malheureusement, c’est lors de cette période qu’une grande partie de la récolte vient à disparaître. En effet, les huîtres en liberté dans l’océan font face à plusieurs menaces. Le prédateur le plus important pour l’huître plate est la dorade, un poisson qui les apprécie particulièrement.

Depuis quelques années, les ostréiculteurs ont donc mis en place des filets anti-dorades pour tenter de freiner le phénomène et assurer la protection de l’espèce. Malgré ce stratagème, la rentabilité reste assez faible, car sur 100 huîtres mises à l’eau, seulement cinq sont récupérées.

Ce coquillage a aussi été victime de plusieurs maladies parasitaires qui ont pour certaines, décimé une grande partie de sa population dans les années 80. Ces épisodes ont conduit une grande partie des ostréiculteurs à se convertir totalement aux huîtres creuses.

C'est l'histoire qui nous est racontée dans le documentaire Littoral La sage-femme de l'huître plate :

Une réserve collective pour assurer la pérennité de l'espèce

Pour aider à la sauvegarde de l’espèce, les ostréiculteurs se sont mis d’accord en 2015 pour créer le « banc du milieu » aussi appelé « banc des 1 % ». Cette initiative a permis de mettre en place un champ collectif dans lequel tous les ostréiculteurs viennent déposer 1 % de leur récolte de l’année. L’objectif est d’assurer la pérennité de l’espèce grâce à l’interdiction de la récolte d’huître dans ce périmètre.

Trois questions à Chloé Ledoux, réalisatrice du film :

Pourquoi avoir eu envie de réaliser un film autour de l’huître plate en Bretagne ?

Tout est parti d’une rencontre avec Hélène. On a vu la passion qu’elle avait pour l’huître et surtout le lien qu’elle est parvenue à établir avec les ostréiculteurs. Il y a un enjeu important à ce que les Bretons, mais aussi les personnes de passages dans la région puisse se familiariser avec ce coquillage.

Les restaurateurs ont aussi un rôle à jouer en valorisant l’huitre plate. Elle est d’ailleurs considérée par beaucoup d’entre eux comme plus noble. Elle possède un goût plus prononcé ce qui la rend intéressante à travailler en gastronomie.

C’est un effort collectif qui est nécessaire pour que l’espèce ne disparaisse pas et avec ce film, on a voulu, nous aussi, participer à sa sauvegarde.  

 

Vous avez été surpris par les liens désormais établis entre les ostréiculteurs et une scientifique comme Hélène ?

Non pas réellement. Les ostréiculteurs ont compris depuis longtemps qu’ils devaient travailler en collaboration avec l’Ifremer et les scientifiques. Dans le film, on se rend compte à quel point les relevés d’Hélène par exemple sont essentiels pour la réussite des captages.

 

Peut-on dire qu’aujourd’hui l’huître plate est sauvée ?

Tout cela reste très fragile et l’huître plate est loin d’être sauvée. De nouveaux prédateurs tels que les poulpes font leur apparition dans le golfe du Morbihan, ce qui inquiètent encore plus les ostréiculteurs. Le travail main dans la main avec les scientifiques reste essentiel pour ne pas perdre définitivement l’huître plate en Bretagne.

 

Retrouvez La sage-femme de l'huître plate et les autres documentaires Littoral sur la plateforme France.tv 

 

Propos recueillis et article rédigé par Julien Schott

 

 

 

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