Sylvia* vit en Ille-et-Vilaine. Cette jeune chinoise partage la vie d'un Français et regarde grandir leur bébé.
Il est né ici, à l’abri du Coronavirus qui se préparait alors à bouleverser la vie à Wuhan 9 000 kilomètres plus à l’est. Depuis le virus a fait le voyage.
Il y a encore quelques semaines, les Chinois expatriés regardaient avec anxiété mais aussi à distance, l'attaque de leur pays par un virus que les scientifiques appelleraient Covid-19.
Aujourd'hui ils y sont eux-mêmes confrontés là où ils se trouvent. A l'exemple de Sylvia qui vient de fonder une famille avec un Français en périphérie de Rennes. Ses parents qui avaient pris l'avion pour embrasser leur petit-fils avant la crise du coronavirus vivent désormais confinés à des milliers de kilomètres de chez eux.
En Chine, le plus important c’est l’enfant
Très vite les parents de Sylvia ont voulu saluer l’avènement et les grand-parents se sont donc envolés pour la France et se sont installés en Bretagne pour quelques semaines.
Ils souhaitaient profiter de leur petit-fils et aider au quotidien la jeune maman et le jeune papa dans leurs nouvelles tâches, mais le Covid-19 a tout fichu par terre. « Mes parents habitent à 5 minutes à pied de la maison », dit Sylvia, "mais on a renoncé à se voir, pas même cinq minutes ». Un comble après avoir parcouru des milliers de kilomètres.
On s’appelle en video trois fois par jour avec ma mère
Tout imprégnés de leur culture, les grand-parents respectent à la lettre et au-delà, les consignes de confinement. « On s’appelle en video trois fois par jour avec ma mère », précise Sylvia, « parce que pour elle c’est très dur de ne pas voir son petit-fils, mais on préfère ne prendre aucun risque ». Au point même de se faire désormais livrer ses courses à domicile par son gendre.
Visa prolongé pour 3 mois
L’État chinois s’adapte à la situation, et ses ressortissants qui voyageaient à l’étranger au moment de la crise sanitaire peuvent bénéficier d’un prolongement de trois mois de leur visa. C’est automatique.
Cette possibilité a été accueillie avec soulagement tant que l’Europe restait épargnée par la maladie, mais désormais beaucoup de Chinois préfèrent rentrer chez eux.
Sylvia, elle, garde ses parents en Bretagne, « s’ils devaient tomber malades, je préfère les savoir près de moi plutôt qu’à Pékin».
Et en cas de retour il faut respecter une quatorzaine dans un hôtel désigné par l’État et à la charge des ressortissants sur le retour.
Une pensée pour mes amis en Chine
« J’ai plusieurs copines qui vivent à côté de Wuhan, dont une qui avait quitté Pékin pour rentrer y voir ses parents pour la fête du printemps. Pour retourner à Pékin elles seront aussi soumises à la quatorzaine ».
Une difficulté supplémentaire aussi pour certains jeunes salariés. Beaucoup ont perdu leur travail à cause de la fermeture des entreprises et ils n’ont pas touché l’équivalent de nos indemnités Assedic. Aujourd’hui certains voudraient tenter leur chance à Pékin ou Shanghaï, mais déjà privés de revenu, pas évident de payer deux semaines d’hôtel.
Déjà le SRAS en 2003
Sylvia se souvient de l’épidémie de SRAS en 2003, elle faisait alors ses études à Pékin. Un coup dur déjà mais qui a servi d’expérience selon elle.
Même si la communauté internationale a reproché à la Chine de n’avoir pas alerté immmédiatement l’OMS, Sylvia estime que « cette fois la réaction a été plus rapide, surtout si on compare aux Etats-Unis ou à Londres par exemple ».
Et de toute façon, l’heure n'est plus à donner des leçons.
(*) prénom francisé