"On est parfois proche de la famine", pluie, frelons asiatiques : la population d'abeilles diminue, il y aura moins de miel d'été

Les apiculteurs sont inquiets. Hiver doux, printemps pluvieux et frelons asiatiques ont affaibli les abeilles. La récolte de miel qui bat son plein mi-août sera moins bonne du fait de la forte mortalité des essaims. On vous explique pourquoi.

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Les apiculteurs surveillent la météo avec inquiétude au jour le jour. Car l'ennemi des abeilles en ce moment, c'est la pluie. "Elle freine les abeilles pour sortir de la ruche mais surtout, l'eau lessive les fleurs, ce qui limite les rentrées de pollen et de nectar. Les ouvrières en ramènent moins donc la reine réduit la ponte pour garder l'équilibre dans sa ruche" explique Philippe Charpentier, président du syndicat des apiculteurs d'Ille-et-Vilaine.

Une population déséquilibrée

Moins d'abeilles cela signifie aussi plus d'effort à fournir car la ruche doit aussi maintenir une température constante pour préserver le couvain. En moyenne 30 degrés l'hiver et 35 degrés l'été. Ce qui consomme beaucoup d'énergie car c'est en se contractant l'abdomen, par effet mécanique, que les abeilles réchauffent l'intérieur de la ruche.

Famine dans les ruchers

Le printemps n'a pas été favorable. Non seulement les températures sont restées basses de jour comme de nuit, mais la pluie et le vent ont aussi impacté les colonies dans leurs activités et leurs résistances. Cet hiver, il y a déjà eu une mortalité entre 10 et 30 %. L'hiver trop doux a incité les abeilles à sortir plus tôt et à attaquer les réserves de nourriture. Résultat, la production de miel de printemps est d'un tiers moins importante que la moyenne. Qu'en sera-t-il du miel d'été ? 

C'est grave, car à cause de la pluie, la miellée, le moment où il y a un maximum de fleurs pour nourrir les abeilles, est décallée. On ne sait pas si on aura du miel d'été.

Philippe Charpentier

Président Syndicat des apiculteurs 35

La récolte se fait fin juillet/début août, quand le miel est mûr. Aujourd'hui c'est l’incertitude. Et  même l'inquiétude car certaines ruches n'ont plus de réserves pour se nourrir. "Dans certaines ruches, les abeilles tiennent à peine sur les cadres, elles sont trop affaiblies", détaille Philippe Charpentier.

On est parfois proche de la famine. On a dû nourrir les essaims en déposant des sirops et du glucose pour alimenter les ruches.

Philippe Charpentier

Président syndicat des apiculteurs 35

Pour faire face, les abeilles se divisent et multiplient les essaims, qui parfois ne survivent pas. Ces départs amoindrissent la colonie d'origine. Celle-ci doit trouver une nouvelle reine pour relancer le cycle et ça prend du temps pour rétablir l'organisation de la ruche.

Les frelons asiatiques arrivent

Ennemi juré des abeilles, redoutable prédateur, le frelon asiatique fait son apparition en cette mi-juillet. Lui aussi, victime de la météo, est en retard de croissance. Mais la profession sait qu'il va faire des ravages. Mot d'ordre général : il faut les piéger pour qu'il n'exterminent pas les ruches.

Plusieurs méthodes existent mais pour Philippe Charpentier, la plus simple est la plus efficace. C'est un récipient suspendu en hauteur et rempli d'un mélange de vinaigre, sirop de grenadine et bière. Il est sélectif et ne laisse passer que les frelons. "Il faut en poser plusieurs autour des ruches et surtout renouveler le mélange tous les dix jours" précise l'apiculteur. Il faut aussi avoir l'œil et repérer les nids en activité pour les détruire. S'il arrive en masse au mois d'Aôut, ça va être redoutable. En 2023, à cause des dégâts qu'il provoque,on a chiffré à 12 millions d'euros les pertes pour les professionnels. Tant et si bien qu'un projet de loi ( aujourd'hui en suspens du fait du changement en cours à l'Assemblée Nationale), visait à indemniser pour la première fois les apiculteurs victimes des frelons asiatiques.

La biodiversité en question

"Je ne sais pas si avec la même météo qu'aujourd'hui, on aurait eu les mêmes craintes que cet été il y a 100 ans? " s'interroge-t-il. Les fleurs dans les haies qui ont aujourd'hui disparu, provenant des ronces, mais aussi de la floraison des tilleuls et des châtaigniers permettaient de nourrir les abeilles et de faire une transition entre l'hiver et l'été. Aujourd'hui, la biodiversité diminue, il y a des grands champs de maïs et de blé qui réduisent les sites de nourritures proche des essaims. Les abeilles ne trouvent plus une nourriture constante tout au long de l'année . C'est un vrai déséquilibre.

"Tant qu'on n'a pas fait la récolte d'été, il y a une inquiétude. De toute façon ce sera une année faible. J'ai des doutes pour savoir si le mauvais début de saison est rattrapable, si les fleurs peuvent encore fournir". En Bretagne, 3 000 apiculteurs professionnels sont recensés, beaucoup dans le Finistère. Sans oublier de nombreux amateurs. La France produit en moyenne 20 000 tonnes de miel par an. Mais la filière sait déjà que la production va chuter cette année. Seul le sud de la France;, plus ensoleillé, pourrait s'en sortir.

Le 25 août prochain, c'est l'extraction du miel en public aux Jardins de Brocéliandeà Bréal-sous-Monfort à partir de 14h (et jusqu'à 18h). Cette manifestation permet également d'échanger avec les membres du syndicat et de recevoir des informations sur les stages en apiculture.

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