La fronde des étudiants contre la loi modifiant l'accès à l'université, ne faiblit pas. Au total, près de 15 campus sont perturbés à travers le pays, mais pas l'Université de Rennes II, d'habitude si prompte à se mobiliser.
L'Université de Rennes II a déjà été bloquée plusieurs jours en janvier, en février et en mars, peut-être un peu tôt par rapport aux autres établissements. C'est ce qu'explique Thomas Frinault, politologue et professeur à Rennes II. "Rennes II s'est déjà mobilisée et se retrouve à contre-temps par rapport aux autres universités aujourd'hui".
Lucie Musset, la présidente de l'Unef à Rennes II reconnaît que la mobilisation est difficile à Rennes II, mais elle se poursuit, dit-elle. "Nous occupons toujours l'amphi B7, [un amphi laissé à disposition des grévistes, par la direction de Rennes II], nous distribuons des tracts, nous montons des piquets de grève..."
Et les étudiants n'ont pas dit leurs derniers mots. Lors de la dernière assemblée générale, ils ont décidé de bloquer à nouveau, l'université. "Nous étions 150, explique Lucie Musset et nous avons voté le blocage lundi et mardi 9 et 10 avril". Une nouvelle assemblée générale sera organisée mardi midi pour voter la poursuite du blocage ou non. Les étudiants mobilisés réclament le report des examens.
Des étudiants démobilisés
Des étudiants rennais interrogés expliquent la faible mobilisation par la nette baisse du nombre de militants Unef, et le découragement de jeunes échaudés par l'échec des mobilisations contre la loi Travail et les ordonnances. "Certains sont encore dans des procédures judiciaires et ne sont pas jugés ou sont sous contrôle judiciaire, d'autres ont vécu la répression physique de la police et ont beaucoup de mal à retourner en manifestation", a expliqué une étudiante.
Pourquoi les étudiants se mobilisent?
La mobilisation des étudiants ne date pas d'hier. Elle a commencé au mois de novembre 2017. A l'époque, seize organisations de jeunesse appellent à manifester contre le "Plan étudiant" présenté par le gouvernement. Les syndicats y voient une "sélection déguisée". Selon la loi ORE (Orientation et Réussite des Étudiants), les lycéens qui voudront entrer en licence devront en effet remplir certains critères. Par exemple, pour accéder à la filière Histoire, ils devront avoir un bon niveau dans une langue étrangère. Des critères locaux pourront aussi être décidés par les universités elles-mêmes.
Les syndicats contestent également la réforme du baccalauréat. Parmi les annonces majeures, la mise en place du contrôle continu, à partir de 2021, à hauteur de 40% de la note finale.
Les examens auront lieu
Ce jeudi matin, sur France Inter, Edouard Philippe a assuré que les examens dans les universités bloquées auraient "évidemment" lieu, malgré les "violences" de ces derniers jours sur certains campus. Il a par ailleurs noté "une très forte main mise de l'extrême gauche sur ces mouvements", disant avoir entendu "Olivier Besancenot assumer le fait qu'il était un révolutionnaire et d'une certaine façon encourager vivement les étudiants à suivre son exemple personnel et les conseils qu'il pouvait prodiguer".