Présidentielle 2022. "On ne pourra pas éviter une refonte de l'acte électoral", selon le politologue, Thomas Frinault

La campagne électorale du premier tour touche à sa fin ce vendredi à minuit. Jamais le risque d'une forte abstention n'a été aussi fort pour une élection présidentielle. Est-on à la fin d'un cycle politique et démocratique ? Entretien avec le politologue Thomas Frinault.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Dimanche nos concitoyens ont un rendez-vous important avec la démocratie. Pourtant on sent comme une fatigue. L'abstention pourrait être forte. En mettant de côté la responsabilité de notre classe politique, comment régénérer notre civisme ?  

On peut en effet agir sur la participation électorale. L’hypothèse la plus radicale consisterait à instaurer le vote obligatoire. Au sein de l’Union Européenne, des pays comme l’Autriche, la Belgique ou la Grèce le pratiquent, mais visiblement cela n’est pas à l’agenda en France.

L’hypothèse la plus raisonnable serait de reconnaître le vote blanc comme un suffrage exprimé. Cela a fait l’objet de propositions de lois de la part des parlementaires. Cela a un intérêt mais qu’est ce que l’on en fait politiquement ? On ne voit pas forcément les suites qui s’y attachent.

Mais il y a aussi des solutions sur les conditions d’accomplissement de l’acte électoral. On pourrait par exemple élargir les plages de vote sur plusieurs jours. On aurait ainsi des rendus intermédiaires sur l’abstention qui pourraient remobiliser des électeurs.  

Après il y a des difficultés pratiques : comment mobiliser des locaux et des scrutateurs sur plusieurs jours ? Mais cela à l’avantage de maintenir le cérémonial électoral.

Ou alors il y a l’option de vote électronique. N’ayant plus besoin de se déplacer on abaisse le coût de la participation électorale. La problématique c’ est d’avoir une technologie très fiable et sécurisée.         

 

Il suffit de tendre l’oreille pour comprendre que la campagne électorale n’ a pas passionné les foules. Du coup, on a l’impression que les sondages ont repris toute leur place pour rythmer, voire influencer cette campagne ?  

D’abord, c’est une des caractéristiques de la Ve République, chaque élection présidentielle bat le record des sondages publiés.

Mais n’oublions pas que ces sondages ont d’abord un impact sur le casting électoral lui même. Quand ils testent des candidats très tôt, ils installent et crédibilisent certains, rappelez vous Ségolène Royal en 2007, Emmanuel Macron en 2017 ou bien encore Eric Zemmour en 2022.

Mais ils peuvent aussi avoir l’effet inverse et empêcher de faire campagne. François Hollande, tout président sortant qu’il était, a été dissuadé d’y aller sur la base des enquêtes d’opinion.

Ces sondages peuvent encore décider des indécis dans la dernière ligne droite ?

il y a un phénomène qui s’amplifie depuis des années, c’est l’extrême volatilité des électeurs. Ce qui complique la tâche d’ailleurs des sondages qui ne peuvent plus mesurer précisément.

Et puis, dans la dernière ligne droite, on remarque aussi que l’électeur peut avoir un comportement stratège. Il peut coordonner son vote avec les tendances qui ressortent des sondages.

Les candidats qui ont une dynamique peuvent ainsi bénéficier d’un effet de mode. Ceux qui sont mal placés peuvent aussi tirer profit d’un effet sympathie…
 

Une indécision qui pourrait coûter cher à certains candidats ?

Emmanuel Macron, par exemple, est entré très tard en campagne. Il a fait très peu de meeting. Contrairement à 2017 avec le concept du "Nouveau monde", il n’ a pas ici de totem électoral .

A cela s’ajoute, la polémique sur les cabinets de conseil. Cette séquence ne lui sera peut être pas profitable.      

Dimanche soir, il y aura deux seuls vainqueurs, les deux qualifiés pour le second tour. Pour ceux qui auront particulièrement "contre-performé" – on peut penser au PS ou aux LR. Cette élection présidentielle peut être le coup de grâce, le dernier clou sur un cercueil ?

Je ne le pense pas. Le PS et les LR n’ont pas tous leurs œufs dans le même panier. Ils restent plus que jamais des partis d’élus locaux. On l’a bien vu lors des derniers scrutins. Avec la prime aux sortants, ils se sont très bien maintenus.

Les résultats du premier tour risquent d’être très amers mais ça ne sera pas pour eux la mort du cygne.  

En revanche, Emmanuel Macron et son mouvement jouent beaucoup plus sur ce scrutin.

Une contre performance à la Présidentielle impacterait leur pérennité politique .

On parle désormais pour l’élection présidentielle d’un troisième tour la plupart du temps «  social ». Ce sera encore le cas pour cette élection ?  

Oui d’autant plus que le thème du pouvoir d’achat est monté dans cette campagne. 

Ajouter à cela la poussée inflationniste générée par la guerre en Ukraine et le retour du débat sur les retraites, tous les ingrédients sont réunis pour que cela provoque à l’avenir de fortes mobilisations sociales .  

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information