Lors de ce second tour de la présidentielle, le score de Marine Le Pen en Bretagne est près de 10 points de moins qu'au niveau national. Pour autant le Front national gagne des électeurs et s'implante durablement dans les campagnes et zones péri-urbaines.
Ce dimanche 7 mai, Marine Le Pen n'a pas fait le poids en Bretagne face au candidat d'En Marche!.
Au premier tour, la candidate frontiste était déjà en "sous-performance" dans la région avec 15,33%, soit 6 points de moins qu'au niveau national. Pour ce second tour, le parti de Marine Le Pen est à 24,6% soit à 9,3 points de moins qu'en France.
Déception des militants frontistes
Dimanche soir, au QG du FN à Chantepie en Ille-et-Vilaine, la déception était réelle au moment de l'annonce du résultat final même si la quarantaine de sympathisants avait eu vent des estimations en fin d'après-midi et ne se faisaient plus d'illusions.
Images : T. Bouilly
Daniel, militant FN à Dinard, réagit à l'annonce des résultats au QG du FN à Chantepie
/ Reportage : M. Thiébaut - T. Bouilly
Un gain d'électeurs
Dimanche soir, le Front national n'a jamais autant de Bretons ayant voté pour un de ses candidats. Ils ont été 425 462 à déposer un bulletin Marine Le Pen dans les urnes, principalement en campagne et dans les villages péri-urbains, n'arrivant pas à recueillir l'adhésion dans les grandes villes bretonnes. Quatre communes du centre-nord Morbihan ont été jusqu'à placer Marine Le Pen en tête du second tour, du jamais vu en Bretagne pour une élection présidentielle : Radenac, Cruguel, Billio et Croixanvec.
Ces 425 462 électeurs représente une progression de 118 820 de plus qu'au premier tour. C'est également 228 750 de plus qu'en 2002 où Jean-Marie Le Pen n'avait reçu que 196 712 votes pour 11,44% face à Jacques Chirac. Une progression qui ne peut que satisfaire le patron du Front national en Bretagne, Gilles Pennelle, surtout face à la victoire d'Emmanuel Macron qu'il qualifie de "plus grande escroquerie de l'histoire".
Gilles Pennelle se réjouit de la progression du Front national en Bretagne à l'issue de la soirée du second tour de l'élection présidentielle
/ Reportage : M. Thiébaut - T. Bouilly
Sur les "Alliance des patriotes et la transformation profonde du parti", annoncée par Marine Le Pen dans son discours dimanche soir, les militants s'y attendaient. "C'est normal" expliquent certains, "nous n'avons pas de crainte d'une dilution de l'identité du parti". Dans les rangs frontistes, on se prépare déjà pour les élections législatives, se présentant comme étant LE parti politique d'opposition. Justine Dieulafait, candidate dans la 3e circonscription d'Ille-et-Vilaine, et responsable du FN Jeunesse dans le département précise que même si sur Rennes "ce n'est pas facile, sur cette terre historiquement socialiste, il faut quand même se présenter pour les finances du parti".
Le point de vue du politologue
Pour Thomas Frinault, politologue et Maître de conférences à Rennes 2, "En Bretagne, le Front National a vraiment du mal à s'imposer dans les villes. Cela se confirme dans toutes les grandes agglomérations de la région et c'est encore plus flagrant dans la capitale bretonne Rennes, où Marine Le Pen ne recueille que 11,6% des suffrages. Dans les campagnes, il continue de faire des scores bien supérieurs qu'en ville. Si on compare les résultats du Front national par rapport à l'élection de 2002, le FN augmente de 60% environ son score en terme de suffrages exprimés et de 61% par rapport au 1er tour d'il y a 15 jours.""Pour autant les reports de voix dont le parti frontiste a bénéficié semble être identique en Bretagne que dans le reste de la France".