La Bretagne, sans surprise, a choisi de voter en masse pour Emmanuel Macron avec 75,36% soit près de 10 points de plus qu'au niveau national. Résultats et analyse de notre politologue.
Ce dimanche 7 mai, les Français ont choisi Emmanuel Macron comme 8ème Président de la Vème République.La Bretagne se distingue lors de ce second tour comme elle l'a fait au premier en votant plus que la moyenne nationale : 79,68% soit environ cinq points de plus.
Comme au premier tour, les Bretons ont plébiscité le candidat d'En Marche! avec 75,36%, soit 10 points de plus qu'au niveau national.
Le nouveau chef de l'Etat réalise le grand chelem dans la région en s'imposant sans aucune difficulté et de loin devant son adversaire Marine Le Pen dans les quatre départements Bretons.
L'analyse de Thomas Frinault, politologue
Une spécificité bretonne ?Pour Thomas Frinault, politologue et Maître de conférences à Rennes 2, "il n'y a pas de grande surprise dans ce deuxième tour en Bretagne. Même si les Bretons ont voté 10 points de plus pour Emmanuel Macron qu'au niveau national et 10 points de moins pour Marine Le Pen, on retrouve le même rebond dans l'entre-deux-tours en Bretagne que dans l'Hexagone". "La Bretagne s'est pour autant positionnée fortement comme macroniste".
Quel enseignement sur le vote frontiste ?
"En Bretagne, le Front National a vraiment du mal à s'imposer dans les villes. Cela se confirme dans toutes les grandes agglomérations de la région et c'est encore plus flagrant dans la capitale bretonne Rennes, où Marine Le Pen ne recueille que 11,6% des suffrages. Dans les campagnes, il continue de faire des scores bien supérieurs qu'en ville. Si on compare les résultats du Front national par rapport à l'élection de 2002, le FN augmente de 60% environ son score en terme de suffrages exprimés et de 61% par rapport au 1er tour d'il y a 15 jours."
"Pour autant les reports de voix dont le parti frontiste a bénéficié semble être identique en Bretagne que dans le reste de la France".
Et l'abstention en hausse ?
"La forte inquiétude que l'on avait sur le taux d'abstention avant le premier tour s'est révélée exagérée puisque les Français et les Bretons particulièrement s'étaient bien déplacés jusqu'aux bureaux de vote. Avec la présence d'une candidate frontistes et les appels à voter 'Ni l'un, Ni l'autre', ou à ne pas se positionner, on aurait pu croire que la participation de ce second tour serait plus faible alors qu'elle n'est en baisse que de 4 points en Bretagne".
La forte progression des votes blancs et nuls ?
"On avait pu remarquer que le taux de bulletins nuls et blancs en 2012 avaient été similaire au second tour en 2012 (Sarkozy/Hollande) que lors du second tour de la présidentielle de 2002, malgré la présence d'un candidat frontiste (Jean-Marie Le Pen). Là, en 2017, ce taux tourne autour des 11% blancs et nuls cumulés, correspondant à ceux qui ne souhaitaient pas choisir entre les deux candidats. 11% c'est deux fois plus qu'en 2012. Avec toutes les tergiversations de l'entre-deux-tours, venant de la droite ou de la gauche, on se rend compte qu'il y a une érosion du front républicain ... à droite comme à gauche".
Un jackpot de Macron au premier tour
En Bretagne, le scrutin du premier tour avait été marqué par une forte participation (83,49%) et par un véritable jackpot réalisé par Emmanuel Macron. La surprise était venue de Jean-Luc Mélenchon qui avait pris la deuxième place du podium.
Ce 23 avril, Marine Le Pen n'avait recueilli que 15,33% des suffrages des Bretons.