Le mouvement Reconquête ! revendique aujourd’hui en Bretagne 5500 adhérents. Mais Eric Zemmour, n’a obtenu que 5 parrainages du côté des élus bretons. La crise internationale et la difficulté à organiser des meetings pourraient changer la donne pour la suite de la campagne électorale. Entretien avec Philippe Milliau le coordinateur régional de Reconquête !
Emmanuel Macron a officialisé sa candidature avec une lettre aux Français publiée dans la presse quotidienne régionale. Vous êtes également le président de TV Libertés . Comme l’homme de communication juge cette entrée en campagne ?
Il est évident qu’Emmanuel Macron allait être candidat. Il était tout de même battu sur les questions économiques, identitaires et sécuritaires. Il pouvait s’en sortir grâce à la fin de la crise sanitaire. Et puis arrive ce conflit en Europe de l’Est. C’est probablement cette horreur de la guerre qui va le sauver.
Pour vous, l’élection présidentielle est jouée ?
Non je ne pense pas. D’abord j’espère que la guerre entre la Russie et l’ Ukraine va s’arrêter rapidement. Pour cela il faut stopper l’avancée russe et engager des pourparlers de paix .
Et puis il n’est pas dit que l’aspect émotionnel de cette guerre dure jusqu’à la fin de la campagne .
En tous cas nous, nous allons la poursuivre autour de nos 5 I : Identité, Instruction, Industrie, Impôts et Indépendance.
Un million d’Ukrainiens ont déjà quitté leur pays. Partout en Europe la solidarité s’organise. Eric Zemmour souhaite que les réfugiés soient surtout pris en charge par la Pologne. En Bretagne, plusieurs maires se sont déjà engagés à les accueillir. Soutenez-vous leur démarche ?
Les accueillir ne me pose aucun problème de principe. Pour la petite anecdote, il y a 50 ans, au plus fort des bombardements américains, j’ai accueilli chez moi des « Boat people » .
Il faut épouser les souhaits des gens. Leur rêve est bien sûr de revenir chez eux le plus rapidement possible.
Je tiens à souligner que les ukrainiens sont de vrais réfugiés de guerre. Ce sont des femmes, des enfants, des vieillards. Contrairement au conflit en Syrie, où les flux de réfugiés étaient essentiellement composés d’hommes et pas forcément syriens.
Eric Zemmour est en deuxième position dans les intentions de vote des agriculteurs, derrière Emmanuel Macron. Votre candidat s’est déplacé ce vendredi au Salon de l’agriculture. Avec en toile de fond notamment la fin des négociations commerciales entre industrie agro-alimentaire et grande distribution. Désormais la loi Egalim 2 doit sécuriser le revenu des agriculteurs, qui était auparavant souvent la variable d’ajustement. Que proposez vous de mieux ?
La loi qui vise à équilibrer le jeu du marché entre des producteurs dispersés et des grandes surfaces ou de grands acheteur, eux, regroupés, va évidemment dans le bon sens. Mais c’est insuffisant !
Car le prix de marché est international et donc très fluctuant. Tellement fluctuant qu’il ne peut garantir des revenus du travail aux agriculteurs. Pourquoi ? Parce qu’aux frontières, nous sommes incapables de faire valoir ce que nous imposons à nos agriculteurs notamment en matière de normes environnementales.
Nous importons des produits sous qualifiés que nous n’accepterions pas de produire nous même. C’est scandaleux !
Pour faire face à la désertification des campagnes, Eric Zemmour propose également une prime de naissance de 10 000 euros pour tout bébé français né dans une zone rurale. Sur le plan juridique, ce n’est pas gagné. Dans les années 80, Jacques Chirac, maire de Paris, avait envisagé une mesure similaire pour tout bébé né parisien. Elle avait été retoqué par le Conseil d’ Etat.
Nous verrons bien. Les murs juridiques sont faits pour être contournés ou abattus.
Il y a en tous cas chez nous une volonté politique de rééquilibrer les flux financiers invraisemblables qui ont été basculés vers les banlieues. Nous devons les rediriger vers nos zones rurales qui sont aujourd’hui déshéritées.
Eric Zemmour souhaite aussi revenir sur l’accueil des médecins étrangers. Ils occupent aujourd’hui 30 % des postes laissés vacants par les médecins français. Ils participent au bon fonctionnement des hôpitaux, à la lutte contre les déserts médicaux, non ?
D’abord il faut supprimer définitivement le numerus clausus. C’était un grand rêve de technocrate, c’était : s’il y a moins de médecins, il y aura moins de médecins. C’est oublier que la population, elle, veut être soignée.
Et puis il faut salarier des médecins. Nous proposerons le salariat à un millier de médecins à leur sortie de l’internat. En contrepartie, ils devront s’installer dans les déserts médicaux….
Reconquête ! revendique 5 500 adhérents en Bretagne. Eric Zemmour n’ a obtenu que 5 parrainages d’élus bretons pour cette présidentielle. Les prochaines élections législatives seront déterminantes pour votre mouvement. Vous aurez des candidats dans toutes les circonscriptions ?
Oui ! On y travaille. Et nous miserons beaucoup sur la jeunesse.
Vous serez candidat dans le Finistère où vous résidez ?
Non. J’ai 74 ans. Mais je resterai aux manettes pour conduire la campagne
Vous avez un long parcours politique derrière vous. D’abord au RPR, au FN comme conseiller régional d’Ile-de-France, puis au sein du mouvement « bloc identitaire ». Pourquoi avoir rejoint finalement Eric Zemmour ?
J’ai pu m’entretenir deux heures avec lui, les yeux dans les yeux. J’ai été totalement séduit par son humilité.