Procès de l'affaire Troadec : face aux experts, un accusé qui apparaît toujours déconnecté

Le procès d'Hubert Caouissin et de Lydie Troadec se tient à la cour d'assises de Loire-Atlantique. En ce sixième jour, c'était au tour des experts d'être entendus.

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Les experts ont pris la parole ce mardi 29 juin, au procès d'Hubert Caouissin et de Lydie Troadec. Tous deux sont mis en cause dans le quadruple meurtre d'une famille en 2017, composée de Pascal et Brigitte Troadec, âgés de 49 ans, et leurs deux enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 21 ans. 

Hubert Caouissin est poursuivi pour "meurtre précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" et "atteinte à l'intégrité de cadavres" tandis que son ex-compagne Lydie Troadec qui comparaît libre l'est pour "recel de cadavres" et "modification des preuves d'un crime".

Dans quelles conditions un corps peut-il brûler dans une chaudière ? Des traces de sang peuvent-elles attester qu'une personne a été tuée par un objet contondant ? Des débats très techniques ont eu lieu en salle d'audience. 

Le meurtrier présumé et beau-frère de Pascal Troadec, a expliqué durant les premiers jours du procès comment il avait tué en pleine nuit les quatre adultes à coup de pied de biche, avant de transporter les corps qu'il a décapités et en partie brûlés dans la chaudière de sa ferme isolée du Finistère.

"Je fragmentais les corps au fur et à mesure" avant d'en faire brûler une partie, a expliqué l'accusé, vêtu d'une chemise bleue froissée, à la présidente de la cour d'assises, qui l'interrogeait en présence de deux experts incendie. "Par réflexe, ce qui est mouillé, je ne le mets pas" à brûler, a-t-il répondu pour expliquer pourquoi il avait dépecé les corps avant de les mettre au feu.

"Je le fais depuis toujours", "c'est un concept élémentaire" de ne pas brûler ce qui est mouillé, a poursuivi M. Caouissin dans un échange semblant déconnecté de l'horreur de la situation décrite.

J’étais envahi de pensées automatiques…dans un autre monde.

Hubert Caouissin, lorsqu’on lui demande s’il était dans son état normal au moment des faits

Une autopsie rendue difficile par l'absence de corps

"En l'absence de corps, c'est toujours compliqué", résume un expert génétique, qui explique comment a été identifié l'ADN des victimes. Il aura analysé plus de 280 prélèvement sur la scène du crime (qui avait été soigneusement nettoyée), notamment un verre retrouvé dans la cuisine des victimes, qui a permis de confondre Hubert Caouissin. 

"Au vu du morcellement des corps, nous ne pouvions pas envisager une autopsie classique", a lui relevé le médecin légiste interrogé dans l'après-midi. Il a détaillé comment les 379 morceaux de restes humains dispersés par Hubert Caouissin sur sa propriété de 24 hectares ont été analysés.

Un foie, deux utérus ou encore une partie de vessie ont ainsi pu être identifés, mais les quatre crânes n'ont jamais été retrouvés malgré l'exploration de 1 330 mètres carrés de terrain où l'accusé avait indiqué les avoir ensevelis.

Le légiste a relevé que l'éviscération à laquelle l'accusé avait procédé était "extrêmement compliquée et difficile à réaliser", notant que le coeur de Pascal Troadec n'avait pas été retrouvé, ce qui selon lui "traduit forcément un processus volontaire""Je ne sais pas, je ne me rappelle pas avoir fait ça", a indiqué Hubert Caouissin, qui n'a pas non plus apporté d'explication au fait que seuls 326 grammes de fragments d'os ont été retrouvés, ce qui représente "moins de 10% du poids minimal" des squelettes de quatres adultes crématisés, selon l'experte anthropologue.

Du sang a aussi été retrouvé. L' expert en morphoanalyse a dévoilé des photos de l'intérieur de la maison des Troadec. Il y a celui de Pascal et Brigitte Troadec, dans le couloir, la salle de bain, au pied de l'escalier, des traces dans la chambre de Sébastien, sur son portable et jusqu'au plafond. "On retrouve très peu de Charlotte, dit-il, hormis des traces sur la tête de son lit." 

L'expert qui est venu témoigner à la barre vient confirmer la possibilité que les enfants aient été tués alors qu'ils sont dans leur lit. L'expertise en morphoanalyse vient remettre en cause les déclarations de Monsieur Caouissin, je pense sur l'ensemble de ses déclarations, sur le lieu où se trouvent les enfants quand ils sont tués, sur le lieu où Pascal Troadec est frappé. 

Maître Cécile de Oliveira, avocate de la mère et des deux sœurs Troadec

"Le modèle n'est pas complet", a regretté l'expert, mais ce qui a été retrouvé semble confirmer qu'il n'y a pas eu usage d'une arme à feu, mais bien d'un pied de biche ou potentiellement d'une barre à mine.

Hubert Caouissin encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 8 ou le 9 juillet.
   
 

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