Ce mardi 22 juin, le procès Troadec s’ouvre à Nantes. Hubert Caouissin, 50 ans, est jugé pour le quadruple homicide de sa belle-famille. Il la soupçonnait d’avoir volé un trésor. Le procès durera jusqu’au 9 juillet, le meurtrier présumé encourt la réclusion criminelle à perpétuité
C’était dans la nuit du 16 au 17 février 2017, à Orvault dans la banlieue nantaise. Un couple, Pascal et Brigitte et leurs deux enfants Sébastien, 21 ans et Charlotte, 18 ans, disparaissent.
Quelques jours plus tard, l’une des sœurs de Brigitte donne l’alerte. Elle est inquiète d’être sans nouvelle d'eux. Avant le drame, Brigitte, fonctionnaire des impôts et son mari Pascal, ouvrier qualifié, avaient avec leurs deux enfants, une vie paisible et organisée.
Au domicile, les enquêteurs découvrent du sang, mais aucune trace de la famille. La piste privilégiée : Lydie Troadec, la sœur de Pascal et Hubert Caoussin son compagnon. Depuis des années, les deux couples sont en conflit.
Les corps de la famille démembrés et brûlés
Le 6 mars 2017, trois semaines après la disparition, Hubert Caouissin est arrêté avec sa compagne, dans leur domicile de Pont-de-Buis-lès-Quimerc'h, dans le Finistère. Lors d’une première garde à vue, l’homme nie toute implication, avant d’être confondu par son ADN retrouvée sur un verre dans la cuisine des victimes.
Le mis en cause avoue finalement les faits : oui, c’est lui qui a tué toute la famille Troadec. Il se serait rendu à Orvault espionner la famille mais aurait été surpris par Pascal Troadec, qu’il aurait tué avec un pied-de-biche avant d’éliminer sa femme et ses enfants.
Il assure avoir démembré les corps, en avoir brûlé une partie et dispersé le reste sur son terrain dans le Finistère. Aux alentours de la ferme d’Hubert Caouissin, les enquêteurs ont indiqué avoir retrouvé parmi les ronces et les fougères "379 morceaux de chair humaine" dispersés, d’après le meurtrier présumé, dans l’espoir "que les animaux sauvages les feraient disparaître".
Au moment des faits, Hubert Caouissin a 46 ans. C’est un ingénieur très discret, ancien ouvrier d’État de l’arsenal de Brest, sans antécédent judiciaire. Alors pourquoi être passé à l’acte ? C’est ce que va tenter de déterminer la Cour d’Assises de Loire-Atlantique lors de ce procès tant attendu.
Une rivalité familiale sur fond de lingots d'or
Pour le moment, Hubert Caouissin met en avant une question de guerre d’héritage. Pascal, le frère de sa femme Lydie Troadec, aurait volé des lingots d’or chez leurs parents et n’aurait jamais voulu les partager.
Mais personne n’en a jamais vu la couleur. Les enquêteurs n’ont trouvé ni compte à l’étranger, ni dépenses extravagantes qui auraient pu prouver que Brigitte et Pascal Troadec se seraient enrichis.
"Je crois que ce trésor n’a pas existé", fait valoir Maître Cécile De Oliveira, l’avocate des sœurs de Brigitte Troadec, estimant qu’Hubert Caouissin "est en train lui-même de renoncer à ce trésor".
De leur côté, les experts psychiatres ont décrit au sujet d'Hubert Caoussin un "délire de type paranoïaque" avec un homme "ayant basculé dans la conviction absolue d'une spoliation familiale et d'un danger de mort".
Des zones d'ombre persistent dans cette affaire
Lors des auditions, Hubert Caouissin a toujours livré un récit précis et détaillé. En revanche, des zones d’ombres restent à éclaircir. Les enquêteurs n’ont jamais mis la main sur l’arme et les quatre crânes des victimes restent introuvables.
Durant le procès, le suspect devra expliquer pourquoi un ordinateur retrouvé chez lui contenait une quarantaine d'images de la rue et de la maison des Troadec ; ou encore ce qui a pu le conduire à changer les plaques de sa voiture en février 2017.
Concernant Lydie Troadec, la compagne du meurtrier présumé, elle a toujours nié sa participation aux faits. Elle est poursuivie pour "recel de cadavres" et "modification des preuves d’un crime". Elle encourt trois ans de prison.
Enfin, l’enquête n’a pas démontré qu’Hubert Caouissin avait tué les quatre membres de la famille avec préméditation, mais cela ne change pas la peine encourue. Il est poursuivi pour "meurtres suivis de crimes". Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.